1985 : la prise de pouvoir de Daniel Costantini
C'est à cette date que le handball en France va commencer à voir le jour. Daniel Costantini prend les rênes de l'Equipe de France, alors 19e mondiale. Il change totalement la façon de faire, observe nos voisins allemands qui viennent de révolutionner le handball et sont un exemple de professionalisme, les joueurs sont plus sous le maillot bleu qu'avec leur club. Costantini met en place un système pour mettre la France dans les meilleures équipes du monde grâce à la FFHB. Il emmène les Bleus au Mondial C organisé en France et pour une meilleure progression, les joueurs participent à 50 matchs par an sans compter les matchs de championnat. La charge de travail est énorme, les joueurs s'épuisent en Equipe de France mais cela va bientôt payer...
Prague 1990 : la France s'envole pour Barcelone
Cette date est une date méconnue mais essentielle pour le handball français. Dans l'anonymat total des médias français, l'Equipe de France de handball dispute la 9e place du Mondial A, qualificative pour les Jeux de Barcelone face aux islandais. Le match est joué à une heure très inhabituelle : 9 heures du matin. Les Bleus n'ont pas la tête à jouer un match, il fait froid dans la capitale tchèque mais ils s'arrachent et battent les nordiques 29-23. La France décroche sa première sélection pour des Jeux Olympiques, un certain Jackson Richardson sera élu meilleur joueur du Mondial alors qu'il participe à sa première grande compétition. Il n'avait que 21 ans, on connaît la suite...
Barcelone 1992 : le début de la gloire
La préparation a été extrêmement éprouvante, Daniel Costantini a voulu pousser ses joueurs à bout pour être prêt pour l'Olympiade espagnole et aussi pour ne pas être ridicule. Quoi de mieux que de commencer par la crème de la crème ? La France affronte l'Espagne en ouverture du tournoi. Les français ont faim comme Laurent Munier racontant une anecdote où il a fait glisser son pouce le long de sa gorge en croisant la star espagnole Juan Alemany à la cafétéria du village olympique. L'effet "Barjots" émergeait déjà. La France était plus forte avec un Philippe Médard impériale dans sa cage, elle bat l'Espagne 18-16. Les JO continuent et la France accède aux quarts de finale où elle sort l'Egypte avant d'échouer face à la grande Suède d'un rien (22-25). La médaille de bronze est à portée de bras et c'est l'Islande (encore) qui se dresse face aux français. Costantini fait un choix fort en mettant des cadres en tribune pour ce match, le gardien Philippe Médard et Thierry Perreux. Cheveux teints en blond, les Bleus terrassent l'Islande et enlève le bronze pour ses premiers JO. La France découvre une équipe de disjonctées mais bourrée de talent, c'est la naissance des Bronzés.
Islande 1995 : l'improbable titre
Oui, les Bronzés sont devenus Barjots et surtout champions du monde après une tumultueuse aventure en Islande. Le groupe est très divisé, nous avons les joueurs de l'OM-Vitrolles d'un côté et les autres à l'opposé. La France n'est pas du tout dans la compétition, elle perd deux fois 22-23 face aux allemands et aux roumains, gagne de justesse face à l'Algérie et le Danemark. Ils sont plus vus au Café Reykjavik à boire des bières toute la nuit que tranquillement à leur hôtel. Le groupe ne vit pas bien, sportivement cela ne va pas du tout et l'implosion est proche. Le sursaut apparaît avant le huitième de finale lorsque Denis Lathoud, joueur clé de l'équipe, prend la parole et fait comprendre à tous ses coéquipiers que rentrer en France ce soir serait inacceptable (il utilisera des mots plus vulgaires qui ne seront pas cités ici). Pendant ce temps, Costantini met Perreux et Gardent en tribune, les jeunes Guéric Kervadec et Grégory Anquetil entrent dans le groupe, coup de poker du coach marseillais qui sera payant. Les deux marquent but sur but, Anquetil sera très précieux en demi-finale et finale. La France écarte ses voisins suisses et allemands et accéde à sa seconde finale mondiale après sa défaite deux ans auparavant face aux russes. Ils ne changent pas leurs habitudes et retournent boire des bières au Café Reykjavik la veille de la finale accompagnés par les croates... qu'ils affronteront le lendemain sur le parquet ! Cette finale les Barjots l'ont dominée, la Croatie plie et s'incline 23-19. La France soulève pour la première fois un trophée et c'est le plus prestigieux...
France 2001 : la der' de Daniel Costantini
Les Barjots sont revenus bredouilles des Jeux d'Atlanta en 1996, pareil pour Sydney 2000. Daniel Costantini n'est plus aimé de ses joueurs, il pose donc sa démission au Directeur Technique National Philippe Bana. Le DTN historique du handball français refuse la lettre de Costantini, le marseillais doit remobiliser ses troupes avant le Mondial 2001, organisé sur le sol français. Depuis 1995, l'équipe a changé, presque tous les Barjots ont disparu, arrive une nouvelle génération avec notamment Omeyer, Gille, Cazal ou Fernandez. 26 décembre 2000, Daniel Costantini sort une phrase qui deviendra historique : "Vous m'avez tué et je suis mort à Sydney, je suis donc un mort-vivant revenu parmi vous, pour vous aider à gagner.". La France réalise 12 matchs de préparation en moins d'un mois, ce qui serait impensable aujourd'hui avant une compétition internationale mais leur phase de poules n'est pas des plus compliquées : Koweït, Algérie, Brésil et Yougoslavie. Les Bleus s'en sortent avec un 4/4, l'Argentine et le Portugal sont facilement éliminés ensuite et arrive ce quart de finale face à l'Allemagne dans le stade olympique d'Albertville. Les allemands passent devant à 20 secondes de la fin et à sept secondes du terme, Jackson Richardson prend la balle et réalise un tir à la hanche absolument monstrueux. Le gardien ne bouge pas, le ballon collant tape le poteau et rentre, le réunionnais arrache la prolongation, la salle explose. 28-25 sera le score final, la France est en demi-finale de son Mondial. L'Egypte tombera et la France est de nouveau en finale des championnats du monde, ce sera face à la Suède au Palais des Sports de Bercy. Le match est très serré et le scénario du quart de finale se répète, seul le héros change. La Suède passe devant, Greg Anquetil prend la balle sur l'engagement, dribble son vis à vis et s'en va tirer sur son aile. La balle rentre, la prolongation est arrachée une nouvelle fois. La France est devant, la Suède a la balle pour rester en vie avec un jet de 7 mètres mais le tireur envoie le ballon sur la barre. La Suède ne reviendra pas, 28-25 sera aussi le score final, la France est sacrée pour la seconde fois championne du monde. Les Costauds naissent ce jour-là. Daniel Costantini tire sa révérence après 16 ans à la tête des Bleus et termine donc sur un titre. L'albigeois Claude Onesta, passé par Toulouse, est nommé à la tête de l'Equipe de France.
Suisse 2006 : le premier titre d'Onesta
Les débuts de Claude Onesta ne sont pas très bien passés. Médaille de bronze en 2003 et 2005, il manque de se faire virer après une défaite face à la Grèce en tour préliminaire du Mondial 2005. Le bronze est quasiment un miracle. La France n'a jamais remportée quelque chose au niveau européen alors qu'arrive la compétition organisé en Suisse. La France perd un match face à l'Espagne au tour préliminaire, elle doit faire un sans-faute au tour principal pour espérer une demi-finale. Slovénie, Pologne et Ukraine sont écartés facilement et la Croatie se dresse en barrages devant la première finale européenne des français. La Croatie s'incline 29-23, la France affrontera la seule équipe qui l'a battue dans cet Euro : l'Espagne. L'équipe française est jeune mais déjà très talentueuse : Thierry Omeyer dans le but, Daniel Narcisse et Jérôme Fernandez les artilleurs, l'incroyable Luc Abalo et le phénoménal Nikola Karabatic, qui a donné la Ligue des Champions 2003 à Montpellier à seulement 18 ans. 22-20 est le score après 40 minutes de jeu, Karabatic survole la finale et la France accélère encore, Onesta est serein et fait rentrer Yohann Ploquin à la place de Thierry Omeyer. Nikola Karabatic termine à 11/14, victoire 31-23 face aux espagnols la France remporte un premier titre européen avec cette belle nouvelle génération. Après le nouvel échec olympique français à Athènes et le bronze des deux derniers mondiaux, Claude Onesta obtient son premier titre.
Pékin 2008 : Les Experts est bien leur nom
Mondial 2007, la France obtient une nouvelle fois la médaille de bronze en battant la Tunisie. L'élimination en demi-finale à Cologne par l'Allemagne passe mal pour les Bleus tant le duo arbitral a avantagé les allemands, à domicile. Bref, cette Equipe de France a soif et s'avance revancharde pour les Jeux Olympiques de Pékin. Cela n'a jamais collé entre le handball français et les JO mais peu de changements par rapport à l'Euro 2006, Cédric Paty, Cédric Burdet et Daouda Karaboué intègrent le groupe France. Sans-faute français en poules, une égalité face à la Pologne est à signaler. Dans l'autre groupe, l'Allemagne championne du monde est sortie notamment par la Corée du Sud et la Russie. La Russie, justement, fera un beau match face à la France mais perdra finalement 27-24. C'est encore la Croatie que les Experts affronteront en demi-finale. Ce match fut extrêmement serré jusque dans les 4 dernières minutes où la France ferma sa cage, Narcisse s'envola même dans le ciel pékinois grâce à ce kung-fu initié par Guigou sur un corner. 25-23 la France va disputer sa première finale olympique et ce sera face à l'Islande, qui a balayé l'Espagne. Cette finale est la dernière épreuve de ces Jeux, la dernière médaille d'or offerte. La France se balada face à l'Islande, Claude Onesta a fait tourner, tout le monde a pu toucher la balle, les Experts remportent le premier titre olympique de l'histoire du handball français. Onesta rentre dans le cercle fermé des entraineurs champions d'Europe, champion olympique et il y a un Mondial cinq mois plus tard en terre croate...
Zagreb 2009 : le match d'une vie
La France est grande favorite de cette compétition mais la Croatie est l'organisateur du Mondial et veut faire mieux qu'à Pékin. Les Experts font un 5/5 en tour préliminaire, écrasant même l'Australie (qui a gagné sa place car la Nouvelle-Calédonie n'est pas reconnue par l'IHF comme un pays) sur le score de 42-11. Un premier Croatie-France a eu lieu en tour principal et ce sont les croates qui l'ont emporté (22-19). La France termine deuxième du tour principal et accède à la demi-finale. 27-22 pour les Bleus face au Danemark à Split, 29-23 pour la Croatie face à la Pologne à Zagreb, tout le monde l'a rêvé et elle aura lieue cette finale entre les deux meilleures équipes du monde actuellement. Qui plus est dans l'enfer de Zagreb où la France aura 15 500 adversaires pour glaner le titre. Cette finale a laissé place à plusieurs grands duels : Abalo-Cupic, Omeyer-Alilovic, Narcisse-Duvnjak et surtout Karabatic-Balic qui s'étaient affronter dans la presse avant la finale. Karabatic c'est le serbe devenu français né à Nis et Balic c'est le croate virtuose appelé "Mozart du handball". Le match est très chaud mais il y a peu de sanctions, la pression est immense sur les arbitres danois, le banc croate peut s'exprimer comme il le souhaite. La Croatie mène 12-11 à la pause. Le rythme ne baisse pas mais la France met le grillage, 34% d'arrêts pour Omeyer, une défense de fer avec seulement deux exclusions temporaires. La fin de match est irrespirable, le public siffle chaque action française, il y aura même un front contre front entre Balic et Karabatic. Les Bleus mènent 22-19 quand Jérôme Fernandez entre en pivot poussant son vis à vis au sol et il offre le +4 à la France à la 58e minute. Les croates ont vu et sont fous de rage, ils se jettent sur l'arbitre qui garde sa décision, Igor Vori s'énerve et fait semblant de lancer le ballon sur le danois, c'est un carton rouge direct. La France aura fait craquer la Croatie, des projectiles sont maintenant lancés sur Omeyer, le match est arrêté. Les Experts l'emporteront 24-19 à Zagreb, Claude Onesta est le premier français a gagné Mondial-Euro-JO et il l'a fait en 3 ans. Le match d'une vie a mis la France sur le toit du monde.
Suède 2011 : la prolongation nous va si bien...
La France domine le handball mondial depuis Pékin, la bande à Onesta se dirige vers la Suède pour empocher un quatrième titre mondial. Quetre titres ce serait comme l'URSS et la Roumanie sauf que ces pays ont remporté tous leurs titres avant l'arrivée du handball moderne, ce qui prouve la force de la France, qui a remporté tous ces titres dans l'ère moderne. Le tour préliminaire est une formalité, Tunisie, BahreÏn, Egypte et Allemagne sont écartés, l'Espagne accroche la France (28-28) dans un match où les Experts se sont effondrés totalement en fin de match. Aucune surprise au tour principal, l'Islande, troisième, termine à 5 points du duo France-Espagne. La demi-finale se jouera contre l'hôte de la compétition, la Suède à la Malmö Arena. Les suédois font un très bon match mais sont sortis 29-26 par les français. Il ne reste plus qu'un match pour décrocher le quatrième titre mondial et ce sera face au Danemark et de nouveau à Malmö. Malmö seulement séparé par un pont de la capitale danoise, autant dire que la finale dans cette ville est un avantage pour l'équipe du Danemark. Sauf que les Experts ont l'expérience de ces finales tendues, les danois particpent, pour la plupart, à une première finale mondiale. La réussite est côté danoise, Thierry Omeyer redevient humain le temps de la finale, Mikkel Hansen marque sur chaque tentative, sa puissance aide beaucoup cela va trop vite pour Omeyer. Claude Onesta hésite à le sortir mais il pense qu'il va faire l'arrêt décisif, celui qui va donner le titre à la France. Mais voilà, à 3 secondes du terme Bo Spellerberg glisse son tir à rebond sous la jambe de l'alsacien. 31-31, la France et le Danemark partent en prolongation. Les français ont une tête d'enterrement dans les vestiaires, Onesta doit remobiliser ses troupes avant les dix minutes de prolongation, Omeyer n'a pas fait d'arrêt depuis 20 minutes mais le coach le laisse sur le terrain, convaincu qu'il va faire la différence. Bingo, l'alsacien sort un tir à bout portant de Boesen puis un tir de Hansen, qui regrettera de ne pas avoir viser la lucarne. Omeyer devient le héros avec seulement deux arrêts, la France l'emporte 37-35 au bout du suspens, le Danemark n'a pas réussi à stopper le règne français. Les Bleus ont maintenant quatre étoiles sur leur maillot...
Danemark 2014 : humiliation à domicile
La France a été plus partageuse entre 2011 et 2014, l'Euro 2012 c'est une très mauvaise 11e place, les JO de Londres c'est l'or pour la France qui garde son titre puis le Mondial 2013 où la France est sortie en quarts de finale. Les jeunes arrivent en Equipe de France, cet Euro voit l'émergence de Luka Karabatic et de Valentin Porte, qui entrent parfaitement dans le groupe. Porte envoie même Jérôme Fernandez sur le banc pendant la compétition. Le tour préliminaire est passé sans encombres, c'est un 3/3. Au tour principal, Biélorussie et Croatie sont battus, les Bleus perdent un dernier match sans coséquence face à la Suède, ils sont premiers et affrontent l'Espagne en demi-finale. Espagne et Croatie joueront le bronze, la France et le Danemark sont de nouveau en finale mais cette fois-ci la finale se jouera de l'autre côté du pont, à Herning. Ce fut une balade. Le mot n'est pas trop fort, 23-16 à la pause pour la France, Valentin Porte conclut sur un kung-fu au buzzer. 10 buts d'écart à la 45e minute, Onesta fait entrer les remplaçants, Kevynn Nyokas marque deux buts absolument fous, le 40e et le 41e. Les Experts s'imposent 41-32 sur le parquet danois et empochent le troisième titre de champion d'Europe de leur histoire.
Le Mondial 2015 sera une nouvelle victoire française face au Qatar de Bertrand Roiné à Doha. L'Euro 2016 a été une triste élimination par la Norvège où la France n'a pas existé et ces Jeux Olympiques de Rio où la France perdra une finale pour la première fois depuis 23 ans, un 10/12 lors de finales c'est quand même bien. Claude Onesta s'est écarté des bancs de touche pour être le manager de l'Equipe de France, le duo très expérimenté Didier Dinart et Guillaume Gille sont maintenant les sélectionneurs. Depuis 1985, la France n'a connu que 3 sélectionneurs : Costantini pendant 16 ans, Onesta pendant 15 ans et Gille/Dinart depuis cette année. La France avance vers son Mondial en tant que favori aux côtés des allemands et des danois, 16 ans après le France-Suède de Bercy, les Bleus veulent refaire le même coup dans l'Accorhôtels Arena pour la finale mais avant ils devront, on l'espère, aller au Grand Stade de Lille pour battre le record du monde de spectateurs pour un match de handball. Nikola Karabatic se remet d'une entorse à la cheville, les français sont actuellement à Capbreton pour le premier stage de préparation, ils affronteront par deux fois la Slovénie du montpelliérain Miha Zvizej en préparation avant le match d'ouverture du Mondial le 11 janvier face au Brésil...