A l'OM, tout se doit d'aller vite. Au niveau des résultats, la pression des supporters marseillais est certainement la plus forte en France. Or, la méthode Bielsa a besoin de temps, comme le montre ce mauvais début de saison. Cinq buts pris en deux matchs seulement, une défense à la rue, des espaces à foison pour les adversaires et donc un manque de résultat à l'arrivée. Là où le chantier est le plus important pour les Marseillais, encore plus depuis les départs de Souleymane Diawara et de Lucas Mendes, Vincent Labrune n'a pas recruté. En attaque en revanche, les renforts sont nombreux, et les milieux créateurs vont finir par s'empiler (Berrada, Thauvin, Alessandrini, Payet et Ayew).

Une défense qui prend l'eau

Le problème de l'Olympique de Marseille est donc essentiellement défensif. Là où des défenseurs de métiers devraient être privilégiés dans le système à trois défenseurs centraux de Marcelo Bielsa, c'est du bricolage dans cette zone qui est priorisé. Ainsi Jérémy Morel (arrière gauche), Jacques-Alexys Romao (milieu défensif) et même parfois Brice Dja Djé Djé (arrière droit), se doivent de compenser le manque de renforts. On a vu pendant les matchs amicaux l'ancien lorientais Mario Lemina (milieu créateur) tenir ce rôle. Du bricolage qui, en première division, se fait vite remarquer. Ces joueurs, peu habitués à tenir ce rôle, sont souvent pris de vitesse, ratent leurs alignements, et laissent des boulevards aux attaquants adverses. Et Nicolas N'koulou, que l'on devrait voir en patron de la défense, est lui aussi complètement dépassé par les attaquants. Du côté de Marseille, on se retrouve donc avec une défense beaucoup trop faible pour faire bonne figure en Ligue 1, et où les recrues tardent à venir.

(crédit : Libération)

Une organisation à la peine

Marcelo Bielsa, traqué par tous les médias, s'est obstiné dans son système à trois défenseurs, mais a-t-il vraiment tous les joueurs nécessaires pour réaliser "son" système ? Dans tous les clubs où il est parvenu à l'appliquer, les joueurs, très endurants et parfois increvables, pouvaient presser pendant une heure et demie sans relâche pour étouffer l'adversaire et donc masquer l'infériorité numérique derrière. Côté marseillais, Gianelli Imbula, seul milieu défensif central, n'est pas increvable et une fois passé, la défense marseillaise se retrouve en infériorité numérique (cf : le deuxième but montpelliérain), et il devient alors très difficile de défendre. Ce système, extrêmement exigeant physiquement, montre une supériorité numérique offensive avec un quatuor très actif, mais une énorme déficience au milieu de terrain, dans l'axe du terrain, et défensivement. Là où le pressing devrait être très intense pour masquer ces erreurs, le pressing de l'OM est inexistant, ou, au mieux, trop lent, trop esseulé. L'organisation de ce système est donc loin d'être pour l'instant rodée, et celui-ci est pour l'instant trop compliqué à réaliser pour les joueurs olympiens. Mais Bielsa change-t-il son système ? En réalité, oui, mais pas forcément pour l'améliorer. Passés à quatre derrière pour changer de défense, Bielsa a laissé Romao en défenseur droit, et Morel....en défense centrale. Drôle de choix quand on connait les qualités des deux joueurs, et ces postes qui les brident complètement. Il faudra que Bielsa comprenne que ce ne sont pas aux joueurs de s'adapter au système et de s'inventer des qualités, mais à son système de s'adapter aux qualités de son effectif, qui n'en manque pas. C'est d'abord ça, le rôle d'un entraîneur.

(crédit : L'Equipe)

Au final, que faut-il à l'OM ?

Clairement, à Marseille, il manque un ou deux défenseurs centraux, pour pouvoir combler les énormes lacunes des Olympiens dans ce secteur de jeu. Mais il faudra aussi que Marcelo Bielsa, dont on connait chaque activité de la part des médias, se motive plus à changer de système ou à s'adapter à ses joueurs, qu'à placer des joueurs à des postes complètement incompatibles avec leurs capacités. Il faudra aussi placer des joueurs aux côtés d'Imbula, le pauvre, bourré de talent mais trop esseulé au milieu de terrain sur les séquences défensives, où on l'envoie systématiquement au casse-pipe. A rajouter à cela un peu de travail et d'automatismes, et l'Olympique de Marseille pourra jouer au niveau que tout le monde attendait cette saison. En tout cas, sans combler les erreurs défensives et les lacunes dans ce secteur, l'équipe de la cité phocéenne ne pourra pas viser très haut, c'est certain.