Impossible de passer à côté du feuilleton Abdul Majeed Waris cet été. En effet, si une affaire a fait beaucoup de bruit cet été, c'est bien celle du Ghanéen. Au coeur d'un imbroglio impliquant à la fois le Stade Rennais et le FC Lorient, on se demandait s'il avait les moyens de confirmer ces attentes. Transfert record du club morbihanais, nul doute que la tâche sera difficile, afin de trouver un successeur à son compatriote Ghanéen parti pour Aston Villa : Jordan Ayew.
Des débuts prometteurs
Malgré une non-qualification lors du match à Gerland, et une légère inquiétude des supporters lorientais quant à l'issue de ce qui était devenu une véritable "Affaire Waris", ses débuts contre Bastia ont été prometteurs. Bien que stérile, il a remué sur le front de l'attaque, multipliant courses latérales et verticales, mais également brillant techniquement par des phases de retournement avec le ballon qui serviront aux Merlus cette saison. Deux grosses occasions vendangées par le Ghanéen pouvaient le frustrer, d'autant plus que quelques heures après la rencontre, une indisponibilité de quatre semaines lui était diagnostiquée. En cause ? Une fracture de la main.
C'est donc devant son téléviseur que l'international Ghanéen a pu admirer les déconvenues lorientaises. Conjoncturelle tout d'abord avec l'expulsion très précoce de Benjamin Lecomte puis structurelle, avec une défense centrale d'une faiblesse effrayante à Reims. De quoi presque lui faire regretter son choix par moment, comme enfoncer des portes ouvertes. Avec un retour prévu après la trêve internationale, il a brillé contre Angers, aussi remuant que percutant, mais surtout efficace !
Dans un match "déjà capital" selon le président Fery, il a fait partie de ceux qui ont répondu présent. Avec son compère Yann Jouffre, il a montré une grande habilité à utiliser la profondeur, grâce aux passes du numéro 8 breton. Epuisant tout d'abord la défense angevine par le biais de courses à répétition, il a ensuite trouvé les filets d'un Butelle surpris par une belle frappe au premier poteau. Un but presque caractéristique du jeu à la Lorientaise, probablement version alpha de ce que nous pourrons admirer cette saison.
Les deux premiers matchs du jeune joueur de 23 ans sont donc très prometteurs pour un joueur dans le même profil que Kevin Gameiro. Un possible retour au source pour le FC Lorient, avec un joueur très rapide de profondeur qui, dans le 4-4-2 caractéristique des Merlus, est une véritable aubaine.
Les buts en deuxième mi-temps, la "spéciale" maison
Majeed Waris avait déjà fait un passage remarqué en Ligue 1. Ayant déjà un demi-exercice dans les jambes avec Valenciennes (pour neuf réalisations), il a un style caractéristique. En effet, sur ses dix buts de Ligue 1, tous ont été mis en deuxième mi-temps, et neuf d'entre eux ont été mis à la maison. De quoi parler de diesel pour celui dont le patronyme ressemble drôlement à une voiture japonaise ? Pas vraiment, mais une sorte de travail de longue haleine, oui.
En effet, "Magic" Waris comme il est surnommé est un démolisseur progressif de défenses. Grâce à des courses répétées, il épuise les défenseurs centraux adverses, plus à même de faire les efforts par la suite pour aller le chercher. Très endurant et rapide, il exploite donc les espaces qui augmentent de manière exponentielle avec le temps qui passe. C'est donc ce qui est arrivé contre les angevins. Peu en vue en première mi-temps, il a surtout épuisé les défenseurs avec des courses latérales et des décrochages qui ne cessaient pas. Et sur une passe magnifique de Jouffre à la 73ème minute, il a débloqué son compteur avec les Merlus, profitant évidemment des espaces qu'il s'est indirectement créés.
Que peut-il apporter au jeu de Lorient ?
Mis sous pression par la somme plutôt énorme pour le FC Lorient (5 millions d'euros + 20% du prix à la revente versés à Trabzonspor, transfert record en sud-Bretagne), Majeed Waris devra avoir un rendement suffisant et rentable. En quelque sorte, le remplaçant numérique de Jordan Ayew doit scorer au moins autant que son compatriote pour le remplacer, mais on attend plus. L'ancien joueur de Trabzons', qui n'a pas ajouté "bonne saison en Première ligue turque" comme ligne dans son CV, se doit de retrouver le niveau qui avait fait de lui un excellent joueur de Ligue 1, sauvant un tant soit peu Valenciennes d'une déconvenue offensive totale.
Le 4-4-2 lorientais semble convenir idéalement à ce joueur, pas spécialement grand et athlétique, mais très remuant. Associé à un Benjamin Moukandjo plus physique et complet, il apportera sa science de la profondeur, véritable clé du jeu des Merlus, et profil trop absent depuis le départ de Kevin Gameiro ou plus récemment de Vincent Aboubakar. Si le jeu tourne bien, et que son corps tient, il aurait toutes les cartes en main pour réussir à aider le FC Lorient dans sa quête d'une saison plus sûre que l'année passée. Espérons pour lui qu'il aura le même destin que ses précédesseurs attaquants du FCL, partis pour des meilleurs championnats ou des meilleurs clubs. Espérons également qu'il ne partira pas après une seule saison comme les dernières pépites tangos, et qu'il puisse rester un peu plus dans un championnat comme la Ligue 1, qui a besoin de bons attaquants comme lui.