À son départ de la Jonelière (pour 1,5 millions d’euros), à seulement 20 ans et une saison pleine au haut niveau, bon nombre de nantais se sentaient trahis par l’ailier gauche ; à cause de son jeu trop prévisible et de sa nonchalance, ils lui prédisaient également un court séjour sur la Canebière, comme cela était arrivé à Florian Raspentino (passé du FCN à l’OM en 2012, pour seulement six mois anonymes sous le maillot phocéen) et de nombreux autres joueurs (Mamadou Samassa, Foued Kadir, Saber Khalifa…) venus se casser les dents en Provence après avoir flambé de manière éphémère dans leurs anciens clubs.
A vrai dire, l’exigeant peuple marseillais, qui s’était habitué à des arrivées clinquantes par le passé (Lucho Gonzalez, Dimitri Payet, Marcelo Bielsa, par exemple), avait très peu apprécié le mercato de son club et ne voyait pas non plus l’arrivée du natif de Versailles d’un très bon œil. Dans l’ensemble des entrants dans l’effectif, la signature de Nkoudou faisait quasiment figure d'anecdote, à coté des pourtant peu éclipsants Karim Rekik, Bouna Sarr et Rolando, et des revenants Lassana Diarra et Abou Diaby.
Pire, Marcelo Bielsa, qui l’avait fait venir du coté de la Méditerranée, quitta le navire après une seule journée, créant à son poulain un avenir incertain. "GK" mettra trois mois à inscrire son premier but pour l’OM : une action individuelle, à la Beaujoire face à son ancien club, pour offrir la victoire au club de Vincent Labrune (1-0). Un déclic qui ne fera pas grimper sa cote à Nantes mais qui contribuera à le faire devenir l’une des coqueluches du Vélodrome et un titulaire dans le onze marseillais, sous la hulette du remplaçant de Bielsa. Car huit buts et trois passes décisives (toutes compétitions confondues) plus tard, l’international espoirs est devenu un des joueurs sur lesquels Michel compte, et en qui les aficionados marseillais ont confiance.
Meilleur buteur de son équipe en C3 (4 buts, plus 2 passes décisives, en 5 matches) pour sa première participation à une coupe d’Europe, et troisième plus grand scoreur en Ligue 1 (derrière Basthuayi et Alessandrini) avec 4 réalisations, Nkoudou réalise déjà la meilleure saison de son début de carrière, lui qui compte 3 buts et une passe décisive en 2 saisons et 40 matches avec le FC Nantes. Il est ainsi certainement la recrue la plus satisfaisante de l’été marseillais, avec le patron du milieu de terrain Diarra, et l’un des rares joueurs à surnager dans cette saison morose du vainqueur de la C1.
Avec ses performances, le numéro 14 a gagné la confiance de son entraîneur qui le titularise dès qu’il est disponible depuis fin octobre, dans toutes les compétitions (il n’a manqué que 3 matches depuis, en raison d’une lésion aux ischios-jambiers) : en 16 rencontres où son nom a été inscrit sur la feuille de match, il a été titulaire 15 fois. A l’aise sur le terrain et en dehors dans son nouvel environnement (il noue notamment une relation privilégiée avec Batshuayi), le joueur, passé brièvement par le PSG en jeunes, a exporté dans le couloir gauche olympien ses qualités que sont la vitesse, les coups de reins et la percussion, en prenant "du coffre" et de l’expérience afin de diversifier son jeu.
Face à Lyon, ce soir (21 heures, 22e journée), Nkoudou devrait être une fois de plus titulaire et pourrait continuer sur sa lancée : sur les trois derniers matches, il a inscrit deux buts (face à Toulouse en coupe de la ligue, puis Caen) avant de provoquer le but contre son camp de Ramy Bensebaini lors de la réception de Montpellier en coupe de France (2-0), mercredi.