Nous étions revenu à deux reprises, ici et là, sur les bonnes prestations réalisées par l’équipe de Stéphane Moulin en début de saison, et notamment sur ses progrès dans le jeu de position. Mais cela ne se traduisait pas au classement : le SCO patinait, concédant de (trop) nombreux nuls par manque de réalisme dans les deux surfaces, avant de s’effondrer littéralement (défaite 0-3 à Troyes, par exemple). A force de perdre, le SCO se mit à balbutier son football, Moulin tâtonna (passage en 442 en losange), des joueurs perdirent confiance (Santamaria, Crivelli). Fort heureusement depuis, Angers a su redresser la barre.

Une solidité défensive retrouvée

Le retour de Butelle a enchanté nombre de supporters : gardien lors de la montée en L1 et auteur d'une demi-saison incroyable en 2015/2016, il avait laissé de beaux souvenirs sur les bords de Maine, souvenirs que ses remplaçants n’ont pas été à même de faire oublier. Son retour est important : en plus d’être un bon gardien, à l’aise sur sa ligne comme dans les sorties aériennes (hormis l’accident stéphanois), c’est aussi un vrai patron ; il suffit, pour s'en convaincre, de voir comment il invective ses partenaires.

Mais ce retour n’est pas l’unique raison des bons résultats du SCO : c’est toute l’équipe qui s’est remise à l’endroit, défendant à 10, autour de deux lignes de 4 qui empêchent la progression de l’adversaire (voir vidéo ci-dessous).

L’importance des phases de transition

Défensivement rassuré, le SCO se montre également plus tranchant en phase offensive. Bien entendu, le SCO n’avait pas totalement délaissé les transitions rapides au profit du seul jeu de position. Force est toutefois de constater que le SCO laisse dorénavant davantage la possession à ses adversaires. Un chiffre l’illustre : quand le SCO affichait 50 % de possession lors de la première partie de saison (moyenne sur les 19 matchs de la phase aller), ce chiffre est tombé à 43 % depuis le début de l’année 2018 (9 matchs. Source : Squawka.com). Les hommes de Moulin laissent plus qu'auparavant la possession à leurs adversaires, afin de mieux prendre ces derniers à revers lors des phases de transitions offensives. Ainsi dès la récupération les Angevins se projettent-ils rapidement et en nombre dans le camp adverse afin de profiter des déséquilibres dans la structure défensive (voir la vidéo ci-dessous).

On avancera une hypothèse : le SCO est revenu à un jeu aux ambitions plus modestes (ce qui n'a rien d'infamant, Angers restant un petit club à l'échelle de la Ligue 1), mais correspondant mieux aux caractéristiques des joueurs composant l'effectif. Enzo Crivelli était, quoi qu’on pense par ailleurs de son « investissement », peu adapté à ce type de jeu rapide et qui plus est largement introuvable sur le terrain. Mieux, Karlito Toko Ekambi flambe cette année en termes statistiques (14 buts déjà, autant que Balotelli), et affiche surtout une progression ahurissante. De simple ailier de percussion, certes talentueux, mais au jeu stéréotypé (à l’image d’autres ailiers de débordement, cf. cet article des Cahiers du football), il se révèle cette saison être un attaquant complet, sur lequel le SCO s’appuie pour mener ses transitions offensives.

Karlito, from toujours la même séquence feinte-frappe enroulée to jeu en profondeur, jeu en remise, jeu de tête, participation au jeu, présence dans la surface, stats de buteur, 20 patates en PL real quick, bordel <3< p=""> — Curtix (@Curtix) 5 mars 2018

Il n’est pas toutefois pas seul : Tait confirme cette saison et s’affirme résolument comme un titulaire décisif (but contre Guingamp, après de nombreux poteaux), Capelle semble plus à l’aise dans les transitions rapides que dans la construction et Reine-Adélaïde s'intègre parfaitement à ce dispositif.

Des phases de possession toujours là, et abouties

Angers n’a pas pour autant abandonné toute idée de possession. Le SCO est ainsi capable de tenir le ballon pendant de longues séquences, afin de déséquilibrer ses adversaires. Certaines impliquent d’ailleurs les 11 joueurs de l’équipe (!), gardien compris donc, démontrant - s’il le fallait - que le SCO dispose d’un effectif de qualité, tout à fait digne d’une Ligue 1 dont le niveau s’est pourtant élevé depuis la saison 2015/2016 .

Il serait vain de prétendre expliquer les bons résultats récents du SCO par les seuls aspects « tactiques », tant nombre de facteurs peuvent entrer en compte dans la préparation et le déroulé des matchs. Toutefois, il nous semble d’une part que l’inflexion est là et d’autre part qu’elle n’est pas sans lien avec les bons résultats récents de l’équipe. Cela ne garantit rien : le classement du SCO reste fragile, et l'équipe va enchainer une série de trois matchs en une semaine, dont un déplacement au Parc des Princes...