Hier soir, il n'y a jamais eu de doute. Certes, les Bleus avaient d'entrée contenu les offensives adverses, certes, Parra n'a pas su passer une pénalité qui aurait pu leur permettre de revenir à une seule longueur des Blacks, et ce au bout de vingt minutes. Mais soyons réalistes, cette équipe est une machine à spectacle et à efficacité, l'une des meilleures générations de l'histoire de son pays, et de l'histoire même de ce sport. Et jamais elle n'a méritée les critiques qui lui sont tombées dessus au sortir d'une phase de poules jugée "moyenne". Il est vrai que trois bonus offensif en quatre rencontres, ainsi que le meilleur total d'essais de la compétition, ne sont que de bien maigres butins. Alors, par pitié, ne soyons pas ridicules, ne cherchons pas à dénigrer une équipe aussi proche de la perfection, et tentons simplement d'apprécier la beauté de leur jeu.
Battu dès le début
En première période, les Blacks mettent la pression sur chaque ballon, les Bleus sont déjà battus dans les rucks, mais pas en défense. Du moins durant dix minutes. Brodie Retallick, meilleur joueur de la planète l'an passé, parvient à contrer un coup de pied de Michalak, qui, par la même occasion, trouve le moyen de se blesser, et file dans l'en - but, répondant ainsi à une pénalité de Scott Spedding, elle - même précédée de trois premiers points de Dan Carter. Ce dernier transforme par ailleurs l'essai de son colossal deuxième ligne (2 mètres 05, 120 kg). Quelques instants plus tard, Morgan Parra inscrit lui aussi trois points, et permet aux Bleus de rester au contact pendant dix minutes. Ce laps de temps écoulé, place au show. Milner - Skudder termine dans l'en - but, tout comme l'incroyable Julian Savea, une future légende à n'en pas douter. Que dire de Dan Carter ? Il transforme les deux essais. La réplique des Tricolores ne se fait presque pas attendre, puisque Louis Picamoles parvient à sauter par - dessus un adversaire, résister au plaquage commun de deux autres, pour inscrire le seul essai français de la rencontre. Morgan Parra transforme, sans se douter qu'il vient, cinq minutes avant la mi - temps, d'inscrire les derniers points de son équipe. Mais avant de rentrer aux vestiaires, un dernier petit bijou de Julian Savea, encore lui, qui ne sera cette fois pas transformé. Un score intermédiaire de 29 à 13, ça pique un peu, quatre essais à un, ça pique encore plus. Mais, au vu de la seconde période, la première avait des airs de victoire pour les Bleus.
Humiliation
Car les quarante minutes qui vont suivre tiendront du cauchemar pour les Français. Carton jaune stupide pour Picamoles, et puis, plus rien. Trou noir, c'est le cas de le dire. "Blackboulés", comme l'aura répété une vingtaine de fois ce bon vieux Christian Jeanpierre. Nuls, tout simplement. Dix minutes correctes en seconde période, puis une demi - heure de néant total, de vide, de rien. Les Bleus encaisseront un monumental 33 à 0, c'est dire. Tout d'abord, Jérôme Kaino, physiquement bien fourni (1 mètre 95, 115 kg), qui franchira comme dans du beurre. Dix minutes plus tard, le troisième de Julian Savea, comme à l'entraînement. Cette défense française était d'une faiblesse telle que même le staff adverse aurait su la franchir. Aux suivants ! Kieran Read, meilleur joueur de la planète il y a deux ans, plutôt bien bâti aussi (1 mètre 95, 115 kg), après un engouffrement de Charlie Faumuina, qui, avec ses 125 kg de vitesse pure, aura tranquillement pris de vitesse nos arrières. Sans blague, une préparation physique hors - norme, d'après Saint - André ? C'est vrai que personne ne pouvait imaginer un tel résultat, mais peut - être voulait - il parler de la Nouvelle - Zélande ! Pour finir, deu essais de Kerr - Barlow, tranquillement entré en jeu à un quart d'heure de la fin. Sur les cinq essais de cette deuxième mi - temps, Dan Carter, en patron, en aura transformé quatre.
Voilà, 62 à 13, du jamais - vu dans une rencontre à élimination directe de Coupe du Monde. Au revoir Saint - André, place à Guy Novès sur le banc, et merci à Michalak, Papé, Mas et Szarzewski, voire Dusautoir, qui vont sans doute dire adieu à la sélection. Dommage que ça se termine comme ça.