Tout paraît si facile pour eux. Pourtant annoncés, les All Blacks ont su répondre présent sur le terrain. Avec ce titre, la Nouvelle-Zélande devient non seulement la première équipe à conserver sa couronne mondiale mais également la seule nation triple championne du Monde (1987, 2011, 2015). Et pour parfaire le tableau, c'est le premier sacre hors de leur sol pour les Néo-Zélandais.
La magie noire
Côté terrain, une première mi-temps étincelante de domination pour les coéquipiers de Richie McCaw. Tout est trop bien fait, trop vite exécuté pour des Australiens dépassés. Aucun temps mort, des séquences incroyables de beauté, des enchaînements spectaculaires. Une leçon de rugby donnée par des joueurs à leur meilleur niveau. Ces quarante premières minutes parfaites se concluent par un essai de Nehe Milner-Skudder (39e, 16-3). Les Wallabies s'en sortent plus que bien en rentrant aux vestiaires menés seulement de 13 points tant ils ont eu du mal à exister, en témoignent la domination territoriale (75-25) et la possession (78% - 21%) à l'avantage des Néo-Zélandais. Après la pause, un essai de Nonu (42e, 21-3) semble sceller le sort de ce match.
Carter, homme du match
Mais le carton jaune de Ben Smith pour un placage cathédrale sur Drew Mitchell (52e) remet l'Australie dans le match. Deux essais coup sur coup (53e, 64e) permettent aux Wallabies de revenir à 4 points de la Nouvelle-Zélande (21-17). À cette finale déjà splendide, ne manquait plus que le suspens. Et si les Blacks déjouaient ? Cette finale qu'ils semblaient pourtant maîtriser pourrait-elle finalement leur échapper ? Mais c'était sans compter sur Dan Carter, qui jouait là son dernier match en sélection. Sèchement critiqué avant la compétition, le demi d'ouverture a repris les choses en main, montrant à quel point il était un joueur différent, d'un calme, d'une facilité et d'un sens tactique écœurant pour ses adversaires. Un drop sans élan 40m face aux poteaux (70e, 24-17) et une pénalité longue distance (75e, 27-17), et les Noirs étaient de nouveau à l'abri. Pour de bon, cette fois-ci.
Du jeu, du jeu et encore du jeu
Si le dernier essai de Barrett, transformé par Carter (79e, 34-17) semble anecdotique, il est le symbole de cette volonté d'attaquer, de marquer des essais, prendre du plaisir tout simplement. L'histoire retiendra aussi cette dernière transformation de Carter passée du pied droit qui réalise « un rêve » et fait taire ses partenaires qui « pensaient que ça n'allait jamais arriver ». Mais on se souviendra surtout que Néo-Zélandais, Australiens, Argentins et beaucoup d'autres, ont eu durant toute cette Coupe du Monde ce désir de faire vivre le ballon et multiplier les phases de jeu. Pour notre plus grand bonheur. Alors oui, on a envie de dire et même de le crier, merci à tous ses joueurs, entraîneurs, qui durant six semaines nous auront régalé. Et pourvu que cet esprit perdure.