Bobet vient de réaliser un beau triplé, place maintenant à une décennie française. L'assistance est autorisée, les équipes nationales sont en places, les coureurs isolés non acceptés, Jacques Goddet à la manoeuvre.
1957 : Anquetil pour une première
12 formations de 10 coureurs sont au départ de Nantes. Aucune d'entres-elles n'arrivera au complet à Paris. Le Tour de France fait une brève incursion en Belgique et en Espagne. Jacques Anquetil s'impose malgrés le nombre d'étape remporté assez bas (3). Il se sera surtout imposé faute d'adversaires sérieux, l'équipe de France ayant largement dominé ce Tour et étant acquis à sa cause.
A noter un deuil dans ce Tour, la dispartition du journaliste Alex Virot et de son chauffeur lors de la 16ème étape.
1958 : Charly Gaul récompensé
Longtemps il avait bien figuré. Longtemps il a attaqué. Longtemps, il a remporté des étapes de prestige. Longtemps, il n'a pas été récompensé. Alors ce Tour 1958 fut la consécration pour ce Luxembourgeois toujours d'attaque et très bon grimpeur. En remportant l'étape Briançon-Aix Les Bains sous une pluie glaciale, il pris le maillot jaune et mis un point d'honneur à calmer les ardeurs de ses adversaires (Anquetil ayant abandonné). Ce qui lui assura la victoire qu'il confirma la veille de l'arrivée avec la victoire lors du contre la montre et la prise du maillot jaune.
Chute impressionnante d'André Darrigade (vainqueur de 5 étapes) lors de la dernière étape, au Parc des Princes. Il percute le jardinier qui succombera de ses blessures à l'hôpital.
1959 : Oui, Bahamontes l'a fait
Dernier Tour de France pour deux anciens vainqueurs en la personne de Louison Bobet et de Jean Robic. Et le premier d'Henry Anglade qui aurait pû remporter ce Tour si les favoris français n'avaient pas tout fait pour le faire déjouer. Avec donc une équipe de France défaillante et une fringale de Charly Gaul dans l'étape d'Aurillac, Bahamontes, encore meilleur grimpeur s'impose et récompense le travail accompli ces dernières années. C'est la première victoire espagnole sur le Tour, le 6ème pays différent récompensé (avec la France, la Belgique, la Suisse, l'Italie et le Luxembourg).
1960 : Le Tour prend l'accent italien
Lors de ce 47ème Tour de France. Gastone Nencini arrive 1er, Graziano Battistini 2ème, Imerio Massignan est désigné meilleur grimpeur... Que rêver de mieux ? En prenant le maillot jaune lors de la 10ème étape (il l'avait déjà porté 2 jours auparavant) et en ne le lâchant plus, Gastone Nencini s'est débarassé d'une concurrence bien maigre.
Lors de la 14ème étape, le Français Roger Rivière, ne veux pas laisser partir le maillot Jaune qui est alors Nencini. Il se lance à sa poursuite dans la descente du col du Perjuret. Mais il est victime d'une chute qui aurait pu lui coûter la vie. Rivière voit là disparaître son Tour de France, et brise une carrière qui s'annonçait belle.
1961 : Le retour d'Anquetil
Pour la 5ème année consécutive, André Darigade remporte la première étape. Ceci est presque anecdotique. Ce qui est plus important, c'est l'ultra-domination imposée par Jacques Anquetil. Prenant dés le premier jour le maillot jaune (en remportant la deuxième demi-étape de la journée), Anquetil fut bien décidé à ne pas faire de cadeaux à ses adversaires. Ne remportant au final que les deux contre-la-montre, Anquetil remporta sa seconde Grande Boucle devant une opposition homogène : 5 coureurs sont à moins de 20 minutes de lui.
Guido Carlesi prend la deuxième place lors de la dernière étape à Charly Gaul pour deux malheureses petites secondes. Comme l'année précédente, Imerio Massignan remporte le Grand Prix de la Montagne et André Darrigade remporte lui le maillot vert.
1962 : Retour aux équipes de marques
Le Tour étant maintenant relancé, les organaisateurs décident d'économiser de l'argent et de permettre le retour aux équipes de marques. Le succès est immédiat. Premier Tour de France pour Raymond Poulidor, qu'il termine comme un début d'habitude à la 3ème place. Ce dernier débute le Tour avec une main plâtrée. Encore une fois Jacques Anquetil s'appuie sur des chronos canons pour prendre l'avantage. Mais cette année-ci, il devra attendre la 20ème étape (sur 22) pour s'imposer avec seulement 5 minutes d'avances sur son dauphin. Encore une fois, Bahamontes remporte le Grand Prix de la Montagne.
1963 : Et de 4 !
L'ovation pour Anquetil, les huées pour Poulidor. Contraste saissisant entre un coureur qui remporte sa 4ème Grande Boucle et un autre qui termine à une décevante 8ème place. Encore une fois, Anquetil aura remporté les deux chronos individuels. Comme l'année précédente, il n'aura pas gagné de beaucoup. De 3 minutes 35 secondes exactement. Comme les années précédentes, Bahamontes remporte le Grand Prix de la Montagne. C'est maintenant un rituel. Mais cette victoire d'Anquetil, la quatrième et la troisième d'affilée impressionne. Et pas que les français.
1964 : L'erreur qui coûte cher !
Nous sommes lors de la 9ème étape à Monaco. Poulidor arrive en tête sur le Vélodrome et s'apprête à remporter l'étape. Mais il ignore qu'il lui manque un tour de piste à faire. Il s'arrête juste après la ligne. Le temps qu'il se rende compte de son erreur, il est dépassé par un Jacques Anquetil opportuniste. Ce dernier remporte l'étape et la minute de bonification. Moment de légende qui reste dans les annales du Tour. Mais moment tragique pour Raymond Poulidor qui terminera le Tour à 55 secondes de Jacques Anquetil. Dûr moment pour Poupou qui avec cette mésaventure commencera sa folle histoire d'amour avec le public français.
Poulidor : "Si on retrace ce Tour 1964 avec les secondes que j'ai perdu sur chute, crevaison ou autres, évidemment à l'arrivée l'addition serait en ma faveur."
Anquetil est lui perturbé par un mage qui lui a prédit qu'il mourrait avant la sortie des Pyrénées. Pour oublier cette prédiction, il va manger la veille de l'étape à un méchoui. Le lendemain, il ne lui arrivera rien. Moment historique, Anquetil et Poulidor, qui viennent de se quitter sur le plus petit écart jamais enregistré sur le Tour font le tour d'honneur main dans la main.
Nous avions interviewés Raymond Poulidor en décembre dernier. A la question de sa course en cette année-là, il nous avait répondu que pour lui, 1964 était "le duel Anquetil-Poulidor qui avait divisé la France en deux et on en parle toujours 50 ans après. Si on retrace ce Tour 1964 avec les secondes que j'ai perdu sur chute, crevaison ou autres, évidemment à l'arrivée l'addition serait en ma faveur".
1965 : Felice Gimondi !
La troisième étape Roubaix-Rouen remportée et bonjour le maillot Jaune. Et bonjour la victoire finale. En effet, Felice Gimondi n'a plus jamais lâché ce maillot Jaune et s'est acquis la victoire lors de cette 52ème Grande Boucle. Comme à son habitude, Raymond Poulidor termine sur le podium avec une 2nde place et encore une fois, il est trés proche du premier, à 2 minutes 40 secondes cette fois-ci. Le Tour raconté dans son intégralité avec la vidéo ci-dessous :
1966 : Le début des contrôles anti-dopage
A la fin de la 8ème étape, la Justice Française décide de procédent à un contrôle antidopage inopinné. Le premier du genre, qui en appellera bien d'autres. Au final, 6 coureurs sont déclarés positifs. A la fin de ce Tour mouvementé, c'est Lucien Aimar qui s'impose. Ce dernier ne s'était jamais signalé auparavant. Jacques Anquetil fait un adieu au Tour de France à l'issue de la 19ème étape. Il aura remporté au total cinq Tours.
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