Des leaders pas vernis
Thibaut Pinot : leader annoncé de l'équipe FDJ.fr sur ce tour du centenaire, le jeune grimpeur n'a pas su gérer la pression qu'il l'entourait. Après une 10ème place l'an dernier et une victoire d'étape à Porrentruy, il était attendu au tournant. Peut-être trop, voulant lui construire une équipe autour de lui, Marc Madiot a semble-t-il commis une erreur. A 23 ans, on a pu voir que le coureur de Mélisey était encore un peu trop tendre pour être l'unique leader, d'une manière générale, la formation au trèfle a raté sa grande boucle. Le mental de Pinot a cédé au soir de l'étape d'Ax 3 Domaines, après une descente cauchemardesque du Port de Pailhères, seul et confronté à lui-même, le Francomtois a perdu ses nerfs, il déboursera à l'arrivée plus de 6 minutes au vainqueur, Christopher Froome. Le lendemain, malgré une tentative d'échappée, le jeune Français perd pied, il terminera dans le Gruppetto à plus de 25 minutes. Dans la presse il racontera alors qu'il aurait regardé les réseaux sociaux après la première étape dans les Pyrénnées et les critiques à son égard, une erreur de jeunesse. Malgré qu'il soit loin au général, Thibaut Pinot souhaite une victoire d'étape dans les Alpes, malheureusement pour lui, une angine blanche vient compromettre ses projets, au 2ème jour de repos il quitte les routes du Tour de France.
Pierre Rolland : stratégie, voici le mot qui est revenu le plus souvent pour qualifier le Tour de France du coureur d'Europcar, on n'a jamais vraiment compris ce qu'il visait vraiment? Une place au général? Le maillot à pois? Les deux? Au final, il a tout perdu. Pour la première fois depuis 2 ans, on vu la formation Vendéenne totalement hors du coup, avec parfois une stratégie en course assez surprenante, à l'image du coureur Français. Néanmoins il n'est pas passé très loin de la victoire d'étape lors de l'étape qui reliait Bourg d'Oisans au Grand-Bornand, le leader d'Europcar a eu sur sa route le Portugais Rui Faria Da Costa à 17 kilomètres de l'arrivée et dans le dernier col de la journée. Après deux tours magnifiques, l'Orléanais a raté sa grande boucle. Peut-être qu'il le fallait? On le saura l'an prochain, ce qui est sûr, c'est qu'il ne reproduira plus les mêmes erreurs que cette année.
Jean-Christophe Péraud : le leader de la formation AG2R la Mondiale se souviendra sans doute de ce mercredi 17 juillet 2013, alors qu'il se trouvait dans le top 10, le vice-champion Olympique de VTT à Pékin chuta à la reconnaissance du chrono entre Embrun et Chorges, bilan : fracture déplacée de la clavicule, malgré cette blessure, Jicé Péraud souhaita disputer le chrono. Alors qu'il réalisa un parcours épatant pour un garçon blessé, le Français chuta de nouveau à 2 kilomètres de l'arrivée sur sa clavicule, il est alors contraint à l'abandon. Une image marquante de ce 100ème Tour de France. Mais il avait montré qu'on pouvait faire de grande chose même avec une blessure. Quand on regarde le classement final, on regrettera forcément l'abandon du coureur de la formation Chambérienne, il y avait la place pour un top 8. Mais à l'image de Thibaut Pinot et Pierre Rolland, les leaders Français n'ont pas eu de chance sur ce tour du centenaire.
Les guerriers
Christophe Riblon : l'unique vainqueur d'une d'étape dans le peloton Français et quelle étape, celle entre Gap et l'Alpe d'Huez, 2 ans après Pierre Rolland c'est un autre tricolore qui s'impose sur la montagne des "Hollandais". Un scénario que l'ancien pistard, déjà vainqueur à Ax 3 Domaines il y a 3 ans n'aurait imaginer. Dans une échappée au long court, le coureur d'AG2R La Mondiale, aura tout connu. Une sortie de piste, un échec après l'attaque de Van Garderen qu'il ne pouvait pas suivre et le retour fantastique sur l'Américain. Au lendemain de l'abandon de son leader Jean-Christophe Péraud, Christophe Riblon a offert le plus beau des symboles à son équipe. Honoré du titre de super-combatif du Tour de France 2013, le Tramblaysien termine 37ème de cette édition.
Cyril Gautier : des kilomètres devant, pour finalement rien avoir. C'était le destin du petit puncheur-grimpeur de la formation Europcar, le Breton aura tenté, en vain. Il lui manquait sans doute un brin de réussite pour décrocher le sésame. Coéquipier irréprochable pour son leader Pierre Rolland, le Guingampais termine 32ème, tôt ou tard ses offensives payeront, mais à l'image de son équipe, il finit la 100ème édition sans bouquet.
L'équipe Sojasun : invité pour la 3ème année consécutive, l'équipe Bretonne a tout donné pour décrocher une victoire sur le Tour de France. Ce n'est pas passé loin lors de l'étape qui se dirigea vers Lyon ou Julien Simon se fit reprendre sous la flamme rouge après une attaque à 15 kilomètres de l'arrivée. Quelques places dans les 10 et surtout beaucoup d'apprentissage. Cette équipe a montré cette année qu'elle méritait son invitation, on soulignera l'énorme exploit de Jonathan Hivert, seul à l'arrière du peloton pendant les 40 derniers kilomètres sur l'étape du Mont Ventoux, le puncheur terminera à 50 minutes de Chris Froome à bout de force et dans les délais. On a découvert dans cette équipe, une jeune cyclo-crossman de de 25 ans, Alexis Vuillermoz, baroudeur-grimpeur et souvent à l'avant, il termine 46ème. A coup sur on le reverra dans les années à venir.
La révélation
Romain Bardet : On ne l'attendait pas à un tel niveau, le jeune coureur d'AG2R la Mondiale en a surpris plus d'un, lui qui devait servir d'équipier à son leader Jean-Christophe Péraud s'est retrouvé à sa place lors de l'abandon de ce dernier. Son talent était reconnu dans les classiques Ardennaises, son terrain de chasse préféré. Mais le puncheur Auvergnat a démontré des réelles qualités de grimpeur et d'endurance sur 3 semaines. Il confirme sa belle saison pour sa seconde année chez les professionnels. 13ème de Liège-Bastogne Liège, 4ème de la Route du Sud, après sa 12ème place sur le Tour de Pologne et sa 29ème place sur le Tour de Lombardie l'an dernier. 15ème de ce centième Tour de France, il a montré son potentiel, à lui maintenant de confirmer dans le futur. Garçon posé et intelligent, il pourra aller très loin si on le laisse tranquille, ayant des qualités indéniables en côte et en montagne, la saison 2014 devra être celle de l'épanouissement et de la confirmation.
AG2R, la seule formation au niveau
Concernant les équipes Françaises dans son ensemble, c'est un peu la soupe à la grimace, hormis la formation AG2R la Mondiale, les autres n'ont pas été à leur niveau attendu. L'équipe de Vincent Lavenu, termine à la 2ème place par équipe, avec deux coureurs dans les 25 premiers du classement général (Bardet 15ème, Gadret 22ème), on pourrait se dire qu'avec Jean-Christophe Péraud, ils auraient été sans doute sur la première marche du podium. L'équipe Cofidis malgré un début de Tour de France cauchemardesque a relevé la tête lors de la dernière semaine, souvent dans les échappées, la formation Nordiste a réussi un peu miraculeusement à mettre Daniel Navarro dans le top 01 (9ème), grâce à l'échappée lors de la 19ème étape. Mais cette réussite de l'Espagnol ne cache pas les échecs cuisants de Jérôme Coppel et Rein Taaramae, les deux autres leaders de la Cofidis ont traversé les 3 semaines en fantômes, 63ème et 102ème. Les Europcars ont été aussi en dedans, mais surtout stratégiquement, Pierre Rolland a tout perdu, Thomas Voeckler absent pendant les 21 étapes, les échappées de Cyril Gautier et les tops 10 de Kevin Reza et Yohan Gêne ne sont que des miettes. La FDJ.fr a été malheureuse, perdant tour à tour son leader pour le général, Thibaut Pinot et son leader pour les sprints, Nacer Bouhanni. Mais la formation de Marc Madiot n'aura jamais été dans le bon tempo, la fatigue et les déceptions aura raison d'eux. L'équipe Sojasun a montré quant à elle le maillot, malheureusement ça n'a pas réussi, quelques tops 10 au compteur et 3 semaines encore bénéfique pour l'avenir.
Les Français de l'étranger
Au service des leaders, ils étaient 5 à être dans des équipes étrangères sur cette grande boucle. Mais on les a surtout vu faire le travail à l'avant du peloton, Sylvain Chavanel et Jérome Pineau ont emmené les sprints à Mark Cavendish, le Pointevin a réalisé quand même un bon chrono sur le Mont Saint-Michel et quelques échappées. Romain Sicard était coéquipier dans la formation basque d'Euskatel pour Igor Anton et Mikel Nieve, Amaël Moinard n'a pas existé, tout comme son équipe BMC et Tony Gallopin a fait son top 10 habituel sur le Tour de France, mais le neveu d'Alain Gallopin a quand même souvent été l'équipier de luxe d'un Andy Schleck ou d'un Jan Bakelants.
Après 3 belles années, le peloton Tricolore est redescendu sur terre, néanmoins il faut savoir rebondir de ses échecs. Ils seront de retour l'an prochain et quelques nouveaux arriveront, la nouvelle vague du cyclisme Français arrive.