A Paris, le 21 juillet, on avait quitté le Tour de France. Une grande boucle plutôt décevante côté français, malgré la révélation de Romain Bardet, 15e, et l'unique victoire d'étape de Christophe Riblon sur les pentes de l'Alpe d'Huez. Mais depuis, et partout en Europe, les français brillent. D'abord avec Tony Gallopin, le week-end suivant le Tour, qui, en costaud et en patron, a remporté la Clasica San Sebastian, en distançant des coureurs comme Roman Kreuziger et Alejandro Valverde dans le final. Et le lendemain, c'est Christophe Riblon, encore lui, qui profitait de sa forme post-Tour pour s'adjuger en solitaire la deuxième étape du Tour de Pologne, qu'il conclura finalement à la 3e place, après avoir perdu le maillot de leader la dernière journée. Un mois de juillet terminé en trombe sur des courses World Tour.
Fût ensuite l'Eneco Tour, début août. A Arnaud Démare de se mettre en évidence, en Belgique, où il remporte la deuxième étape, et de fort belle manière, devant le champion du Monde Philippe Gilbert dans un final en faux plat montant. Quelques jours auparavant, Démare avait remporté la Ride London Classic, course classée en catégorie 1.1. Entre temps, sur les routes du Tour de l'Ain, Romain Bardet remportait le classement général, et par la même occasion sa première victoire chez les pro. Course classé en catégorie 2.1.

Une Vuelta extraordinaire

Au départ de la 68e édition de la Vuelta, une vingtaine de coureurs français présents. On remarque immédiatement quelque chose : la jeunesse tricolore : Thibaut Pinot (23 ans), Kenny Elissonde (22 ans), Warren Barguil (21 ans), Alexandre Geniez (25 ans) et Adrien Petit (22 ans). Si ce dernier n'a pas énormément briller dans les sprints, malgré un plateau relativement faible, les quatre autres ont fait des miracles. Commencons par Warren Barguil. Lauréat du Tour de l'Avenir l'an passé, le pensionnaire d'Argos, qui avait été en difficulté en début de saison à cause d'un problème physique, sa Vuelta ressemble à un compte de fée. Tout d'abord en passant la première semaine à côté des cadors et dans les premières positions du classement général. Mais une chute en début de deuxième semaine lui a fait perdre toute chance au général. Proche de l'abandon mais soutenu par ses coéquipiers, Barguil triomphe de la meilleure des manières : une victoire d'étape en fin de deuxième semaine, en échappée, après avoir faussé compagnie à des coureurs expérimentés comme Michele Scarponi, Benat Intxausti ou encore Rinaldo Nocentini. Et trois jours après, le néo-pro de 21 ans remet le couvert, à l'issue d'un final somptueux et qui aura marqué les esprits. Et c'est peu de le dire. Il rejoint l'échappée à 50 kilomètres de l'arrivée puis se montre actif dans le groupe de tête. Parfois même agacé en demandant à ses compagnons des relais. Il sort à huit bornes du sommet. Personne ne le reverra, si ce n'est Rigoberto Uran, qui le rejoint vers la flamme rouge. Et alors qu'on croit que c'en est terminé, Barguil l'a joue à l'ancienne. Il répond à l'attaque du colombien et le dépose ensuite sur un sprint à deux. Une nouvelle victoire d'étape à son palmarès. Depuis 1985, jamais un néo-pro n'avait remporté deux victoires sur un Grand Tour. C'est dire le niveau de sa performance.

La deuxième victoire de Warren Barguil :

La FDJ se reprend

Thibaut Pinot n'avait pas terminé le Tour, tout comme Nacer Bouhanni et la FDJ avait perdu ses paris sur ses deux leaders. Un Tour catastrophique... Mais une grande équipe se relève toujours de ses échecs. C'est le cas sur cette Vuelta. Alexandre Geniez a levé les bras à Peyragudes, au terme d'un numéro en solitaire très costaud pour remporter sa première victoire sur un Grand Tour. Et Kenny Elissonde l'a imité, en finissant en solitaire après avoir pris part à une grosse échappée. Sur les pentes de l'Angliru, où il a résisté au retour de Chris Horner (2e à 26"), le grimpeur de poche (1m69) a démontré toute sa classe en décrochant sa deuxième victoire chez les professionnels pour sa deuxième saison. Et en franchissant la ligne en tête du terrible Angliru, Elissonde est entré dans la légende. A 22 ans. Et pour le général, Thibaut Pinot a fait taire tous ses détracteurs de juillet. Le jeune grimpeur tricolore a conclu son premier Tour d'Espagne à la septième position. Alors si tout n'a pas été parfait, notamment le jour où il a perdu 1'30" sur une bordure - et sans ça, il aurait pu jouer le top 5 -, Pinot a une nouvelle fois montré qu'il était tout proche des meilleurs en montagne et capable, à 23 ans, de remporter des grandes épreuves. Et son ambition, pour la saison prochaine, et de faire mieux. «En 2014, je viserai plus haut que cette année sur les courses par étapes» a-t-il déclaré. Parallèlement au Tour d'Espagne, Nacer Bouhanni a remporté le Grand Prix de Fournies. Si, à première vue, la performance n'a rien d'extraordinaire, l'ancien champion de France a déposé... André Greipel dans les tous derniers mètres. Ce qui donne une autre importance à cette victoire.

La mythique victoire de Kenny Elissonde à l'Angliru :

Une jeunesse dorée et qui s'affirme déjà au plus haut niveau face aux meilleurs mondiaux. De quoi être optimiste pour l'avenir du cyclisme français.