"De la fin des classiques, aux deux premiers grands tours"
Les pavés sont derrière les coureurs, placent désormais aux classiques pour une autre partie du peloton. Le triptyque Gold Race, Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège aussi mythique que des derbys de football. Après avoir souffert dans la poussière, certains vont désormais souffrir dans les multiples côtés des trois monstres d'Avril.
Les Pays-Bas pour le commencement, l'Amstel Gold Race et sa fameuse arrivée à Valkenburg, petite nouveauté cette année, l'arrivée ne se situe plus au sommet du Cauberg. Mais 1,8 km après le sommet, une nouveauté qui change considérablement la donne pour les puncheurs explosifs sur des arrivées en côte. Et un homme va profiter de ce léger changement pour enfin mettre son nom sur une classique de renom. Le Tchèque Roman Kreuziger (Saxo-Tinkoff), généralement plus porté vers les courses par étapes a profité d'une attaque de Marco Marcato à 21 km du but pour s'extirper avec l'Italien. La suite est logique, regroupement avec l'échappée et de multiples attaques à l'avant. L'ancien d'Astana a compris à 7 km du but qu'il fallait faire quelque chose pour éviter un retour du peloton. Attaquant seul le Cauberg avec très peu d'avance sur ses poursuivants et le peloton, moins de 30 secondes. On se disait que la tâche du Tchèque allait être ardue, pas du tout. Derrière, les favoris se neutralisaient (Gilbert, Gerrans, Valverde). Le premier cité qui finira par sortir, trop tard. Devant Kreuziger à toujours quelques secondes d'avance, suffisant cependant pour s'imposer, accrochant ainsi sa première Amstel Gold Race à son palmarès.
Trois jours plus tard, escale vers la Belgique et la Flèche Wallonne. Sans doute la course la plus facile de ce triptyque. Même si l'arrivée est située au sommet du Mur de Huy et ses redoutables passages à 20-22%. Un véritable mur, juge de paix comme souvent de cette course. Malgré la bonne volonté de l'échappée, encore une fois c'est le Mur de Huy qui décidera du vainqueur en cette année 2013. Moins d'un kilomètre, mais un kilomètre extrêmement coriace. Et c'est un petit Colombien qui lançait les hostilités, Carlos Betancur (AG2R La Mondiale), le coureur de l'équipe française prenait une belle avance, derrière les favoris du peloton se regardaient. Dans le passage le plus difficile de ce mur, Philippe Gilbert (BMC), le champion du monde accélérait, emmenant avec lui Peter Sagan (Cannondale), Dani Moreno (Katusha), Sergio Henao (SKY). Le Belge qui semblait très fort mais qui coinçait aux 300 mètres, Moreno en profitait pour déposer tout le monde et partait à la poursuite d'un Betancur, grimaçant mais toujours à l'avant. L'Espagnol, très l'aise sur ce genre de final, ne faisait qu'une bouchée du Colombien et s'imposait au sommet du mur de Huy. S'imposant devant Henao et Betancur.
Le dernier épisode et certainement le plus difficile de la semaine se présentait au bitume des coureurs. La "Doyenne" comme on l'appelle, Liège-Bastogne-Liège. Ses 261,5 kilomètres, usant nerveusement et ses multiples bosses, toutes délicates pour une grande partie du peloton. Ce nouvel opus a été encore exaltant pour les spectateurs, dans le final c'est le Canadien Ryder Hesjedal (Garmin) vainqueur du Giro 2012 qui s'en allait seul. Dans le groupe des favoris, Moreno le vainqueur de la Flèche Wallonne crevait au plus mauvais moment, ses espoirs de victoire venaient de s'envoler. L'autre homme de la Flèche Wallonne, Carlos Betancur lui partait à la poursuite d'Hesjedal et qui emmenait Dan Martin (Garmin), Michele Scarponi (Lampre-Merida) avec lui, derrière Gilbert et Valverde piégés tentaient de revenir, une formalité pour l'Espagnol bien plus fort que le Belge qui coinçait mais qui finalement, revenait au prix d'un effort violent. A l'approche d'Ans et dans la descente, les Garmin accéléraient, le groupe se scindait en deux. Et à l'approche de la flamme rouge, Purito Rodriguez (Katusha) allumait sa première banderille, seul Scarponi dans un premier temps tentait d'aller chercher l'Espagnol, l'Italien cédait finalement. Dans l'ascension, Purito pensait tenir sa victoire, c'est sans compter sur un homme. Un de ceux qu'on n'attendait pas forcément, Daniel Martin attaquait, puis rejoignait Rodriguez, le regardait et le déposait au profit d'une grosse accélération. 24 ans après Sean Kelly, un autre Irlandais allait inscrire son nom au palmarès de la Doyenne, au terme d'une course parfaitement maîtrisée tactiquement pour le grimpeur de la Garmin.
Pendant que certains jouaient les fous furieux sur ces classiques, en Suisse, Christopher Froome s'imposait sur le Tour de Romandie et facilement, remportant le premier prologue et conservant sa tunique de leader durant toute la semaine. Simon Spilak 2ème terminait à 54 secondes, Rui Alberto Faria Da Costa à 1min et 49 secondes.
Après un mois d'avril tourné vers les classiques, le premier grand tour de la saison, à savoir le Tour d'Italie approchait. Le premier épisode de 3 semaines de la saison. Les Italiens seront évidemment présents, mais ils devront se battre face à une armée Colombienne de plus en plus riche depuis maintenant 2 ans.
"Nibali, le requin de Sicile a dévoré ses adversaires"
Considéré comme le favori de cette édition, en compagnie du dernier vainqueur du Tour de France, Bradley Wiggins. Vincenzo Nibali (Astana) sait pertinament que sa victoire sur son tour national est loin d'être acquise. La première étape de ce Giro 2013, se finissant au sprint, est remportée par le meilleur sprinteur du monde, sans doute, Mark Cavendish. L'homme de l'île de Man endossait le maillot rose de leader, qu'il perdait immédiatement le lendemain au profit d'un Italien, Salvatore Puccio (SKY) profitait de la victoire de son équipe sur le chrono par équipes pour revêtir le maillot de leader. La valse des leaders continuait le lendemain, puisque que Luca Paolini (Katusha) au profit d'un beau numéro dans le final s'imposait au terme de l'étape qui emmenait les coureurs de Sorrente à Marina di Ascea, le coureur de la Katusha qui profitait du marquage des favoris pour s'imposer, endossant le maillot rose. Il le gardera pendant trois jours, trois étapes remportées respectivement par Battaglin, Degenkolb et une nouvelle fois Cavendish. Au terme d'une étape dantesque entre San Salvo et Pescara, marquée par des conditions climatiques apocalyptiques, Adam Hansen (Lotto-Belisol) s'adjugeait l'étape, l'Espagnol Benat Intxausti lui le maillot rose. Cette étape marquée aussi par la perte de plus d'une minute de Bradley Wiggins, lâché dans l'ultime montée et chutant dans la descente. L'Anglais qui ne le sait pas encore, mais qui abandonnera ce Giro, totalement raté par l'ancien coureur de la Cofidis notamment. Le lendemain, le chrono de 55 km permettait à Vincenzo Nibali d'être enfin leader, Alex Dowsett (Movistar) lui gagnait le chrono. La montagne arrivait, mais l'étape se terminant à Florence allait changer les cartes. Ryder Hesjedal lâchait encore une minute, ce qui mettait sans doute définitivement fin à ses espoirs de victoire.
La première étape de haute montagne était remportée Rigoberto Uran (SKY), un succès qui permettait au Colombien de revenir dans la course au podium. Vincenzo Nibali lui terminait à 31 secondes, devancé par Carlos Betancur. Le requin de Sicile qui réglait un groupe de cinq coureurs. Derrière Intxausti, Wiggins ou encore Scarponi terminaient à une minute. Hesjedal concédait 21 min et perdait ainsi le classement général du Giro. Les étapes dites de transition permettaient à Navardauskas (Garmin) et à Mark Cavendish (deux fois) de s'imposer, le Britannique vainqueur de ses 3ème et 4ème étape dans ce Tour d'Italie. Des étapes marquées par les abandons de Bradley Wiggins et de Ryder Hesjedal, totalement hors du coup depuis le départ. Au terme de l'étape qui emmenait les coureurs à Monte Jafferau, et ceci dans un brouillard épais c'est Mauro Santambrodgio (Vini Fantini) qui s'imposait en solitaire, s'imposant devant Nibali qui ne concédait que 9 secondes et Betancur. Uran, Evans, Pozzovivo, Sanchez arrivait à 30 secondes, Scarponi et Intxausti à plus d'une minute, Robert Gesink lui perdait 4 min et n'était plus dans la course au classement général final. Lors de la 15ème étape, se terminant en France à Valloire, Giovanni Visconti s'imposait. Le groupe des favoris terminant à 54 secondes, aucun changement à déplorer entre les cinq premiers au général. Nibali possédant toujours 1min et 26 secondes d'avance sur Evans. Le lendemain au terme de l'arrivée à Ivrée, Benat Intxausti s'imposait, là encore rien ne se passait entre les favoris. Visconti lui s'imposait à nouveau lors de la 17ème étape, obtenant ainsi son second succès dans ce Giro. Le chrono en côte allait permettre à Vincenzo Nibali d'accroitre considérablement son avance, le coureur d'Astana s'imposait facilement et reléguait désormais Evans à 4 min et 2 secondes, Uran à 4 min et 12 secondes. L'étape entre Ponte Di Legno et Val Martello était annulée le lendemain suite aux conditions météorologiques. Pendant ce temps, Robert Gesink abandonnait et Danilo Di Luca était contrôlé positif à l'EPO datant du 29 avril. Sous la neige, au terme de la dernière arrivée au sommet, à Tre Cime di Lavaredo, Nibali remportait l'étape, mettant ainsi fin aux derniers espoirs de ses concurrents.
Derrière à 20 secondes, le trio Colombien composé de Duarte-Uran-Betancur ne pouvait que constater les dégâts, l'Italien est bel et bien le plus fort sur ce Giro. Cadel Evans 2ème du général, terminait lui à 1min30 et voyait ses espoirs de victoire finale s'envoler. Le classement général changeait, Evans se faisait dépasser par Uran, reculant au 3ème rang, Scarponi était 4ème, Betancur auteur d'une superbe étape revenait au 5ème rang dépassant les deux Polonais Niemec et Majka, qui eux aussi, sans faire de bruit ont fait un grand Tour d'Italie. La dernière étape à Brescia, remportée par Cavendish une nouvelle fois ne changeait rien et Vincenzo Nibali s'imposait sur ce Giro 2013, trois ans après sa victoire sur la Vuelta. Rigoberto Uran 2ème et Cadel Evans 3ème complétaient le podium. Le classement par points était remporté par Mark Cavendish, celui du meilleur grimpeur par Stefano Pirazzi et celui de meilleur jeune par Carlos Betancur.
Pendant que le Giro se courait, les 4 jours de Dunkerque étaient remportés par le Français Arnaud Demare, grâce notamment à 3 succès.
Juin arrivait, un mois marqué par le Dauphiné Libéré, le Tour de Suisse. Ces dernières, remportées par Christopher Froome et Rui Alberto Faria Da Costa qui pour le premier, a une nouvelle fois éclaboussé la course de son talent. Remportant la 5ème étape, arrivant à Valmorel, arrivée au sommet. Derrière cette étape, le Kényan blanc se contentera de suivre, lui en pleine préparation pour sa course de l'année, le Tour de France. Il s'impose finalement au classement général devant son coéquipier Richie Porte et Daniel Moreno. En Suisse, malgré toute l'envie et toute sa volonté, le local Mathias Frank a cédé sur l'ultime étape, l'Helvète porteur du maillot de leader depuis la 3ème étape, a craqué face au solide Portugais Rui Alberto Faria da Costa, vainqueur en titre. Le chrono montagneux entre Bad Ragaz et Flumserberg a souri pour Faria Da Costa, pas pour Frank. Explosant totalement, le Suisse termine finalement 5ème au général, à 1min et 43 secondes. Devancé par Bauke Mollema, Roman Kreuziger et Thibaut Pinot à l'issue de ce chrono. Rui Alberto Faria da Costa, très fin stratège a joué crânement sa chance sur cette 9ème et dernière étape.
Après les championnats nationaux, la plus grande course du monde arrive, le mois de juillet approche. Les coureurs sont dans les starting-blocks, le Tour de France va faire basculer certains dans une autre dimension...
La première de la rétrospective est à retrouver ici : https://www.vavel.com/fr/cyclisme/313441-retrospective-de-la-saison-cycliste-2013.html