"La consécration du Kényan Blanc"
Ce 100ème Tour de France a été marqué par une nette domination, celle du britannique Christopher Froome. L'épouvantail du peloton a écrasé la concurrence sur les trois semaines. Mettant fin aux espoirs de ses rivaux assez rapidement. Même le redoutable grimpeur Colombien Nairo Quintana n'a rien pu faire, la révélation de cette année, a tenté, essayé mais s'est heurté à la machine Froome.
Pour la première fois de son histoire, le Tour partait de Corse. Porto-Vecchio théâtre du grand départ de cette 100ème édition. Les coureurs ne resteront pas longtemps en Corse du Sud, direction le nord et Bastia. Une étape plate et un sprint inévitable attendaient les 198 partants. Un premier acte marqué par l'histoire d'un bus, celui d'Orica Green Edge. Un bus coincé sur la ligne d'arrivée, alors que les coureurs sont à moins de 10 kilomètres de l'arrivée et qui causera bien du souci aux organisateurs. La ligne d'arrivée sera mise d'abord à 3 km, puis finalement sera bel et bien à sur la ligne officielle. Une situation qui mettra en panique le peloton, une grosse chut ayant émaillé le final. Dans ce chaos, c'est l'Allemand Marcel Kittel (Argos-Shimano) qui s'imposera, endossant ainsi le maillot jaune de leader. Le lendemain, entre Bastia et Ajaccio, le Belge Jan Bakelants (Radioshack) jouait les troubles-fêtes, sur une étape vallonnée, Bakelants s'extirpait en compagnie de 5 hommes, avant qu'à la flamme rouge, décidait d'attaquer. Il ne sera plus jamais revu. Ce succès lui permettait de ravir le maillot jaune à Marcel Kittel. Le dernier acte de ce triptyque corse était remporté par l'Australien Simon Gerrans (Orica) au terme d'une étape escarpée, le puncheur de la formation australienne s'imposant devant Peter Sagan (Cannondale).
Gerrans et Orica qui feront coup double en arrivant à Nice pour un CLM par équipes, déjà important pour les favoris. Les GreenEDGE vainqueur de ce chrono, devant Oméga-Pharma Quick Step et la SKY d'un Chris Froome, placé au bout de 4 étapes. Gerrans endossa le maillot jaune. A Marseille, Cavendish qui n'avait pas encore gagné sur ce Tour, ne laissait pas passer sa chance sur une étape faite pour lui. Mais le lendemain, André Greipel pas encore vainqueur et rival éternel de l'homme de l'ile de Man s'imposait à Montpellier. Grâce à une cassure, le Sud-Africain Daryl Impey (Orica) revêtait le costume de leader au détriment de son coéquipier Simon Gerrans. Un costume qu'il ne gardera que deux jours, Peter Sagan remportait l'étape entre Montpellier et Albi. Le Slovaque enfin vainqueur.
La montagne arrivait, le terrain de chasse préféré des grimpeurs. La première étape jusqu'à Ax 3 Domaines allait cependant détruire toutes les chances des rivaux de Froome. Le coureur de la SKY totalement invincible dans la dernière ascension. Richie Porte, son lieutenant terminait second et mettait en évidence la large domination de la SKY. Alejandro Valverde finissait 3ème de l'étape. Le grand perdant du jour, était Thibaut Pinot qui terminait à 6 min, le coureur français, pas très habile dans les descentes et quia avait craqué mentalement. Des Pyrénnés escamotés cette année, seulement deux étapes. La dernière remportée par l'Irlandais Daniel Martin (Garmin) au terme d'une échappée, le cousin de Nicolas Roche battait au sprint le Danois Jakob Fuglsang (Astana).
Sur la route des Alpes, les sprinteurs du peloton retrouvaient des couleurs. Marcel Kittel surtout, l'Allemand vainqueur de deux étapes, à Saint-Malo et Tours. Entre-temps Tony Martin (OPQS), certainement le meilleur rouleur du monde, remportait le chrono individuel au Mont-Saint Michel. Ces étapes de transition sont souvent marquées par un rythme monotone où les favoris ne prennent aucun risque. Pas cette année, la 13ème étape jusqu'à Saint-Amant de Motrond allait marquer la 100ème édition. La formation Oméga-Pharma Quick Step tentait plusieurs coups de bordure, faisant ainsi exploser le peloton. Bon nombre de coureurs perdront gros, surtout au général. Mark Cavendish débarrasé de ses principaux rivaux s'imposait. La dernière étape juste avant les Alpes était remportée par Matteo Trentin, coureur lui aussi d'Oméga Pharma. Julien Simon (Sojasun) auteur d'un sacré numéro dans le final, sera repris finalement sous la flamme rouge.
Le Mont Ventoux, une ascension mythique. Le Mont Chauve comme on le surnomme. Il sera le théâtre du numéro exceptionnel de Christopher Froome. Le Kényan Blanc attaquait dans l'ascension finale, assis sur sa selle, moulinant pendant toute l'ascension. Nairo Quintana parti avant lui, sera rattrapé et explosera face à la machine de guerre Froome. L'homme de la SKY s'envolant ainsi vers un sacre final mérité. Son dauphin Bauke Mollema relégué à plus de 4 min au général. La démonstration de Chris Froome, engendrait la défaillance d'un certain Alberto Contador, incapable de suivre l'accélération du britannique. Un autre coureur faisait parler de lui en remportant deux étapes, le Portugais Rui Alberto Faria Da Costa s'imposait à Gap et au Grand-Bornand. Avec à chaque fois le même scénario, une échappée et au final, un Faria Da Costa bien trop fort pour ses concurrents. Froome lui s'est imposé sur le chrono, vallonné vers Chorges. Un chrono marqué par l'abandon du français Jean-Christophe Péraud (AG2R La Mondiale), alors dans les 10 premiers. Un abandon qui aura meurtri la formation française, une déception effacée le lendemain par le numéro fantastique de Christophe Riblon à l'Alpe d'Huez. Le spécialise de la piste, lâché par l'Américain Tejay Van Garderen d'abord, mais qui reviendra sur le coureur de la BMC, notamment à cause d'une défaillance du jeune Américain, avant de le dépasser et de s'imposer ainsi.
La dernière arrivée au sommet, à Annecy-Semnoz était la consécration du jeune Colombien Nairo Quintana, auteur d'un Tour de France 2013 fantastique. Auréolé du maillot de meilleur grimpeur et celui du meilleur jeune. Infernal sur toutes les étapes de montagne, le coureur de la Movistar, à coup sur, sera rapidement un possible vainqueur d'un grand tour. Froome quant à lui gérait son avantage conséquent, sereinement, remportant ainsi son premier Tour de France.
L'arrivée sur les Champs-Elysées en pleine nuit cette fois-ci, consacrait Mark Cavendish une nouvelle fois. Mais surtout Christopher Froome, qui s'imposait devant Nairo Quintana et Joaquin Rodriguez. Le maillot vert était remporté par Peter Sagan, pour la seconde fois.
Le mois d'août est marqué par la Vuelta, mais aussi par certaines classiques. Comme la Clasica San Sebastian, qui permettra au Français Tony Gallopin (Radioschak) de remporter sa plus grande victoire de sa jeune carrière. Coéquipier-modèle sur les classiques flandriennes ou sur les courses par étapes, le neveu d'Alain Gallopin a saisi sa chance au meilleur des moments. Succédant ainsi à Laurent Jalabert, dernier vainqueur en 2002. En Allemagne, la Vattenfall Cyclassics d'Hambourg était remportée par John Degenkolb, qui lui succédait à Erik Zabel, dernier Allemand vainqueur de l'épreuve.
"Chris Horner, revenant de nulle part"
Une Vuelta surprenante. Tout d'abord, son vainqueur de 42 ans, Chris Horner, auteur d'un véritable mano-a-mano avec Vicenzo Nibali. L'Italien, porteur du maillot rouge de leader durant 13 étapes n'arriva pourtant pas à Madrid avec ce maillot. Pour cause, l'Américain Chris Horner lui enleva au terme de la 19ème étape. Plus performant en haute montagne, le coureur de la RadioShack-Leopard a cependant attiré vers lui des soupçons évidents de dopage. Devenant le plus ancien vainqueur d'un grand Tour depuis Firmin Lambot (vainqueur du Tour de France en 1922 à 36 ans et demi), il fut un des plus proches équipiers de Lance Armstrong, est soutenu par Johan Bruyneel et montait l'intégralité des montées en danseuse. Cependant, Horner n'a jamais été contrôlé positif et n'arrivait sur la Vuelta qu'avec très peu de jours de courses dans les jambes, ce qui a expliqué sa fraîcheur. Ce Tour d'Espagne a également été l'avènement des coureurs Français et notamment de Warren Barguil, impressionnant double vainqueur d'étape. Lors de la seizième étape, il est rejoint sous la flamme rouge par Rigoberto Uran mais garde son calme et s'impose au sprint de quelques millimètres. Quelques jours plus tôt, il s'était imposé en s'échappant à quelques kilomètres du but. Il ne fut pas le seul vainqueur Français car le jeune Kenny Elissonde a également réalisé une belle performance en s'imposant lors de la vingtième étape. Et Alexandre Geniez s'est également imposé en haute montagne lors de la quinzième étape. Et pour couronner le tout, Nicolas Edet termine meilleur grimpeur et Thibaut Pinot se classe 8ème au classement général. Prometteur pour l'avenir.
S'en suivent les courses d'un jour où les Français accumulent les places d'honneur.
Samuel Dumoulin troisième d'un Grand Prix de Plouay où s'est imposé au sprint Filippo Pozzato ; Arthur Vichot est battu sur la ligne par Robert Gesink au Grand Prix de Québec ; Peter Sagan s'impose avec la manière au Grand Prix de Montréal ; Joaquin Rodriguez remporte pour finir le Tour de Lombardie.
Enfin, les Mondiaux se placent comme le dernier grand évènement de l'année. Après la victoire d'Oméga Pharma Quick Step dans le contre-la-montre par équipe de marque et celle de Tony Martin avec la manière dans le contre-la-montre individuel, vient la fameuse grande course en ligne. Vincenzo Nibali a publiquement affirmé cette course comme l'objectif de sa saison. Peter Sagan est pressenti comme un outsider sérieux et enfin Fabian Cancellara peut signer une belle performance. Pourtant, ce ne fut aucun de ces 3 noms qui fut champion du monde. Ce fut Faria Da Costa, au terme d'une fin de course rondement menée. Dans un groupe de cinq avec Nibali, Valverde, Rodriguez et Uran, il subit l'attaque de Rodriguez sans réagir. Mais il s'échappe alors de ce qui est un groupe de quatre pour rejoindre l'Espagnol à 600 mètres de la ligne et s'imposer au sprint. Les larmes sont là sur le podium pour ce qui sera sa plus belle victoire. Il est le premier champion du monde Portugais. A signaler enfin la belle médaille d'argent de Yoann Paillot au contre-la-montre individuel des moins de 23 ans et la magnifique médaille d'or de Séverine Eraud au contre-la-montre individuel junior féminin. La saison 2013 fut riche en émotion, place maintenant à la saison 2014 qui promet tout autant.