À Roland-Garros il y a le jour et la nuit pour les couts annexes. Il y a la lumière lors des trois premiers jours, soit durant le premier tour où des simples hommes et dames se jouent sur l'intégralité de ces courts annexes. Puis au fil des tours, l'engouement s'éloigne et se dirige petit à petit vers les courts télévisés (courts Philippe Chatrier, Suzanne Lenglen, 1, 2, 3 et 7) puis vers quatres courts principaux (Chatrier, Lenglen, 1 et 2), vers les deux principaux (Chatrier, Lenglen) puis exclusivement sur le Central à partir des demis-finale. Mais quid des autres courts ? Que deviennent-ils dans l'ombre des monstres des circuits ATP et WTA ? Ils accueillent toujours des matchs. Dans une ambiance tout autre.
Loin des paillettes, des photographes et de l'engouement populaire, les courts annexes n'acceuillent plus de simple homme ni de simple femme. À la place, c'est juniors, doubles, tennis-fauteuil ou tournoi des légendes. Car oui, il y a d'autres compétitions Porte d'Auteuil. Avec des joueurs et des joueuses de tous horizons. Il y a les juniors, entre ceux qui sont fier de jouer dans un Grand Chelem et qui profitent pleinement du moment et ceux destinés à jouer dans le top 50 plus tard et qui luttent pour le titre. Le plus souvent méconnus du public, ils ne peuvent que très rarement compter sur l'appui du public, quand il est là. Aux alentours de 12h-13h, les tribunes sont souvent vides, les spectateurs étant partis manger. Même constat une fois que le soleil commence à décliner, soit à partir de 18h. Seuls les Français attirent le public, et encore c'est surtout quand les matchs sur les courts principaux n'ont pas débuté. Autrement, l'ambiance sonne creux. Les spectateurs présents pour des affiches ne faisant pas forcément rêver sont là pour l'amour du jeu.
Les arbitres sont en effectif réduit, quatre ou cinq en comptant l'arbitre de chaise quand ils sont onze dans le même temps sur le Philippe Chatrier. Dans ces courts à taille humaine, les ramasseurs de balles sont eux toujours là, toujours en nombre (six comme sur les courts principaux), répêtant sans relâche les mêmes gestes (ramassage de balle, donation de balles ou de serviettes aux joueurs...) avec toujours la même ardeur. Le tout avec une efficacité chirurgicale. Jamais une balle ne s'échappe de leur main, jamais ils ne râlent. Ce qui amène de fréquents compliments de la part des spectateurs, impressionnés. Au contraire des grandes stars, habitués de tels honneurs, les joueurs des courts annexe de deuxième semaine savent apprécier ces honneurs, eux qui jouent souvent des Challengers ou des Futures, dans l'ombre et surtout sans tous ces artifices.
Outre les juniors, qui jouent le plus souvent dans la même journée en simple et en double, l'on trouve sur les courts annexes du tennis fauteuil, discipline où la médiatisation est inexistante en dehors du tournoi parisien. Et encore, celle-ci est très faible durant la quinzaine, ou plutôt durant les trois jours de compétition, du mercredi 4 au vendredi 6 juin cette année. Discipline exigeante au niveau physique quand on prend en compte l'intensité du travail des bras, entre le placement sur le court pour frapper la balle et la frappe en elle-même. Huit concurrents dans les tournois de simple (hommes et femmes) et quatre dans les tournois de double. Autant dire que seuls les meilleurs mondiaux sont là. Enfin, seuls ceux qui arrivent presque à vivre de leur sport en résumé. Parmi eux, Stéphane Houdet.
Seul Français connu de la discipline au niveau du grand public, il doit sa popularité à ses excellents résultats. Vainqueur en simple en 2012 et 2013, finaliste en 2014 et vainqueur lors des trois dernières éditions en double, il peine à amener les projecteurs sur sa discipline à coup d'activité sur Twitter et d'acceptation de la grande majorité de ses demandes d'interviews. Difficile quand dans le même temps de sa finale se joue un Djokovic-Nadal sur le court Philippe Chatrier comme ce fut le cas l'année dernière. Cette année, il a engrangé une première victoire avec la journée du tennis-fauteuil le jeudi 6 juin où les spectateurs pouvaient essayer l'espace d'un instant se mettre à la place d'un joueur de tennis-fauteuil sur le court n°6. Mais le moment où sa finale sera diffusé en clair est encore loin.
Outre les matchs de juniors et le tennis-fauteuil, une compétition de tennis-loisirs se joue également sur les courts annexes : le tournoi des légendes. Trois catégories pour ce tournoi spécial : hommes ayant moins de 45 ans, hommes ayant plus que cet âge et femmes. Dans une ambiance convivial, les anciennes stars du tennis mondial se défient et surtout se retrouvent. Trés prisée par le public, cette compétition est comparable aux exhibitions des joueurs en fin d'année. On peut y trouver des échanges de 34 coups et des arbitres qui laissent jouer après une faute pour la beauté du sport.
L'avantage pour les participants, triés sur le volets (six équipes dans chaque catégories) est qu'ils sont assurés de disputer au minimum deux rencontres. En effet, dans les trois catégories, un système de deux poules de trois équipes est mis en place. Les deux équipes en tête de leur poule se qualifient pour la finale, qui elle se jouera sur un grand court, en l'occurence le Suzanne Lenglen. Cependant, le format est fait pour que les matchs ne s'éternisent pas non plus. Deux manches gagnantes, super tie-break dans le troisième set en cas d'égalité à un set partout et même un système de "no ad", soit qu'à 40-40, le point suivant est décisif. Il ne faut pas trop pousser non plus.
Le double chez les juniors, en tennis-fauteuil, dans le tournoi des légendes mais également chez les seniors. Pas de Rafael Nadal ou de Novak Djokovic mais en revanche des frères Bryan qui écrasent tout ou des vieux briscards réguliers dans le succès comme Nenad Zimonjic et Daniel Nestor, associés cette année. Chez les femmes, on peut retrouver Sara Errani, quart de finaliste en simple et finaliste en double. Dans les deux tableaux, 64 équipes. Deux fois moins (32 équipes) en double mixte, discipline moins pratiquée.
A partir des huitièmes, comme dans le tournoi principal le niveau augmente et des matchs de haute volée s'engagent. Boudé par les médias, le double fait plaisir au public de par la rapidité de ses points et les fréquentes montées au filet. Pour les joueurs, les objectifs sont divers et variés. Certains ne jouent qu'en double (comme les frères Bryan), d'autres sont performants en simple et également en double (comme Sara Errani). Certains sortent de blessure et sont à la recherche de sensations, d'autres n'ont plus le niveau pour jouer en simple. Tous en tout cas se donnent à fond, puisque le match ne se joue pas seul à deux. Pour tous, l'objectif est de se qualifier en finale pour jouer (enfin) sur le Central. Et pourquoi pas être diffusé à la TV. Ce samedi, France Télévisions diffusera la finale du double homme après la qualification pour celle-ci d'Edouard Roger-Vasselin et de Julien Benneteau.
Ce week-end, les spectateurs qui n'ont pas les moyens de se payer une place sur le Chatrier (63€ par personne pour un couple avec trois enfants, c'est élevé) pourront tout de même voir des finales. Soit sur la place des Mousquetaires (entre le court n°1 et le Philippe Chatrier) ou sur le parvis du Suzanne Lenglen où des écrans géants sont mis en place, soit directement sur les courts où sont prévus sur les courts annexes (tous les courts sauf le Central ce week-end) les trois finales du tournoi des légendes et les quatres finales des doubles et simples juniors garçons et filles.
Et quelques fois, le public des courts annexes a le droit a des gestes de sympathie et de récompense pour sa passion. Ainsi le 5 juin 2013, le double entre les frères Bryan (futurs vainqueurs du tournoi) et la paire Marrero-Verdasco (futurs vainqueurs des Grands Masters) a été déprogrammé en dernière minute du court n°1 (qui fait office de court annexe à partir du deuxième dimanche) au court Philippe Chatrier. Et tous les spectateurs présents dans l'enceinte ont pû s'asseoir sur le Central. Comme un sentiment de justice pour ces spectateurs, présents pour la plupart depuis plus de huit heures dans l'enceinte...