Certains, après son année 2011 beaucoup le voyaient concurrencer Roger Federer au nombre de Grand Chelem gagnés. Novak Djokovic n'atteindra certainement pas cet objectif. Depuis l'Australian Open 2013, et la finale contre Andy Murray, le "Djoker" ne gagne plus de Grand Chelem. Pourquoi ? A cause de Rafael Nadal en grande partie, à cause d'Andy Murray mais également à cause de Stanislas Wawrinka. Ces joueurs ont réussi à battre le Serbe en Grand Chelem, où il semble plus facilement prenable qu'en Masters 1000. Pourquoi "Nole" n'arrive plus à gagner de Grand Chelem ? Se rachètera-t-il à Wimbledon ?
Un plan tactique qui ne marche plus ?
Si face à l'Espagnol, maître du Court Philippe Chatrier, il semblait avoir trouvé la tactique parfaite : retour plein coup droit de "Rafa", un revers long de la ligne qui met à mal l'Ibérique et des coups très agressifs sur le coup droit. Mais voilà, même si ce plan tactique marche en Masters 1000 et ce à merveille (Miami, Monte Carlo..), il ne marche plus du tout en Grand Chelem, où Rafael Nadal a lui trouvé la parade avec ses grands coups droits long de la ligne, qui tuent au fur et à mesure, Novak Djokovic, pour l'instant impuissant face à ce coup.
Les deux plus grand champions du tennis actuel se livrent une bataille tactique et technique sans pitié, et sans équivalent aujourd'hui. Quand on pensait, depuis 2011, que "Djoko" avait pris l'ascendant psychologique, physique, technique et tactique sur "Rafa", ce dernier a trouvé une solution, l'inverse est vrai également. Les deux se tirent vers le haut, et cela nous donne des points énormes, des matchs énormes et un duel incroyable, peut être le plus serré de l'ère Open.
Mais pourquoi en Grand Chelem cela ne tourne-t-il pas pour le Serbe ? Seulement un manque de chance ?
Un physique qui souffre, un corps qui ne tient plus par moment ?
Face à Ernests Gulbis, en demi-finale de Roland-Garros, et comme on ne le voit que très rarement, Novak Djokovic a laissé des signes, a montré des choses qu'il n'a pas l'habitude de montrer. Son corps, fébrile face à la chaleur, avoisinant les 30°, du Court Philippe Chatrier, a protesté, et l'a même fait perdre les contrôles d'un match qu'il contrôlait parfaitement, en le faisant perdre un set. Face à Rafael Nadal, on a bien vu qu'il n'était pas au mieux physiquement dans le second et dans le troisième set. On l'a même vu vomir sur le court, tandis que "Rafa", qui était aussi mal en point, ne montrait rien.
Si la chaleur peut mettre à mal Novak, ce ne sera jamais une bonne chose pour lui, qui veut conquérir son premier titre Porte d'Auteuil, et qui en a fait une obsession. On se souvient d'un match en 2006, face à Nadal, où il avait affirmé qu'il "aurait pu le battre" alors qu'il avait abandonné, à cause de la grosse chaleur présente ce jour-là. Pour gagner Roland Garros et regagner un Grand Chelem tout simplement, doit-il pleuvoir ?
Les demi-finales jouées avant les finales ne l'ont pas aidées également. A Roland Garros, pendant que Nadal joue trois sets et se qualifie facilement, lui vacille et va en quatre sets. A l'US Open, pendant que Nadal joue trois sets, lui en joue cinq, et pendant plus de quatre heures. A Wimbledon, pendant que Murray joue quatre sets, lui bataille face à Del Potro, pour un des plus beaux matchs de 2013. De quoi arriver fatigué en finale, cela n'aide pas.
Un mental moins incroyable ?
On l'a vu rater des choses, à l'US Open 2013 notamment, en menant 4-1 dans le troisième, se faire rejoindre et perdre 6-4 en finale (troisième set). On l'a vu vendanger des balles de break en Grand Chelem, beaucoup plus qu'à "l'habitude". Serait-il une baisse mentale ? Le robotique Djokovic n'a pas pour habitude de flancher dans les moments importants, et même de faire des points mémorables dans des moments où il est dos au mur. Roger Federer en 2010 et 2011 à l'US Open peut en témoigner, lui et ses quatre balles de matchs sauvées en deux ans.
Le voir rater une balle de match contre lui avec une double-faute est donc très étonnant. Dans le tennis, on considère souvent une double-faute comme signe de fébrilité, de peur, et le meilleur Novak, à son meilleur tennis, ne connait pas ces deux mots, bien au contraire. Le mental du "Djoker" peut donc être ré-examiné, son obsession passant peut être au-delà du match, et l'anéantir totalement. On croirait vraiment John McEnroe quand on lui reparle du match face à Lendl, et Djokovic risque bien de voir la frustration le gagner. Sampras et Djokovic, même combat.
Tennistiquement, plus indomptable ?
A Roland Garros, en finale, il a probablement réalisé son moins bon match. Voyant son revers s'éfilocher au cours du match face aux 3.000 tours/minute du lift de Rafael Nadal, il a pu se frustrer, s'agacer face à son coup préféré, arme à tuer d'habitude, et arme à blanc lors de ce match. Si précis à l'habitude, son coup droit a paru gauche, le couloir paraissait s'agrandir et le court se rétrécir, alors que de l'autre côté du filet, le Torero achevait sa victime.
Stanislas Wawrinka l'a battu en cadence, là où on croyait que le joueur des Balkans ne flancherait jamais. C'est le Djoker que l'on ne voyait plus dominer, c'est le Djoker qui se demandait plus s'il fallait être sérieux, tant il s'agaçait face aux coups de boutoirs du Suisse, au revers impeccable. Le revers de la médaille sans doute, d'avoir la réputation d'imbattable à 100% sur la Rod Laver Arena.
Plus précédemment à l'US Open, on l'a vu lourd sur le terrain, fébrile mentalement et s'agaçant face au vent. Encore un qui a glissé sous le vent et qui a eu le droit à un Mistral Perdant. A Wimbledon, il était tout simplement inférieur au Brittanique, si impensable tant on connait le passé en finale de Grand Chelem d'Andy Murray, se transformant en muraille ce jour-là.
Et Wimbledon alors, peut-il gagner le tournoi ?
Sachant qu'il a déjà gagné le tournoi, on peut l'imaginer en bonne posture pour le regagner. En 2011, il avait fait exploser Rafael Nadal, son jeu de cadence avait été remarquable, après une déception énorme à Roland Garros. Et si le scénario se répétait ?
Le mental de Djokovic, toujours présent, peut faire rebondir le Serbe. On ne peut pas imaginer le Serbe qui se présenterait seulement en outsider dans un tournoi, on ne peut pas l'imaginer se rater totalement avant les quarts, lui qui atteint à chaque fois cette marche depuis son renouveau en 2011. Le tournoi où jamais pour se relancer, sa qualité de relance étant incroyable.
Boris Becker est arrivé pour le gazon, pour le jeu d'attaque, pour la volée. Boris Becker doit faire du bien à Djokovic. Le Serbe est toujours favori, mais peut vaciller, peut se faire surprendre par un spécialiste de gazon. Espérons pour lui que le tableau lui soit favorable, qu'il puisse à nouveau gagner en Grand Chelem, lui si impérial sur les Masters.