Voilà dix sept-ans qu’un coureur Français n’a plus endossé le maillot irisé. Dix-sept maudites années, il faut remonter à San Sebastian en 1997 pour voir La Broche se parer du sacre ultime. D’autres ont essayé, on pense notamment à Anthony Geslain à Madrid en 2005, mais sont toujours tombé sur plus fort. Cette année, le parcours des Mondiaux de Ponferrada favorisera plus un puncheur qu’un sprinteur. Et il faudra être malin pour pouvoir contrer l’armada Australienne qui a depuis longtemps « post-itée » cette course. Demain dimanche, l’équipe de France nourrira de grands espoirs à travers un homme : Tony Gallopin. Il faudra avoir du panache pour aller chercher le titre et notre Français n’en manque pas comme l’ont attesté ses victoires sur la Clásica San Sebastián l’année dernière ou, plus récemment sur le Tour. Tony Gallopin est capable de devenir Champion du Monde.
Parce qu’il n’est jamais aussi fort quand on ne l’attends pas
À la question, « qui va être Champion du Monde dimanche prochain » peu misent sur une victoire du Français. Il n’est pas favori, mais ce qui est sur, Tony Gallopin sera dans l’emballage final à l’image de sa victoire lors de la 11ème étape du Tour. Le Français n’est jamais senti aussi fort dans cette position d’outsider. On s’en souvient comme si c’était hier, à Oyonnax, Tony Gallopin a attaqué, a résisté et a très bien couru pour pouvoir contenir le retour du peloton. Il a su bien gérer son effort et s’est montré le plus malin en attaquant dans la dernière bosse de l’étape. Il a su contrer les favoris de l’étape qu’étaient alors Peter Sagan et John Degenkolb. Ce dimanche, il lui faudra réitérer cette performance en canalisant les favoris soit avant la dernière côte (mais il lui sera difficile de résister à un peloton emmené, on l’imagine par Fabian Cancellara ou Vincenzo Nibali) soit attendre le dernier moment en anticipant, un peu avant la flamme rouge la bataille entre les favoris et profiter d’un éventuel marquage. À Oyonnax on l’a vu Tony Gallopin à la vitesse de pointe pour résister à un retour du peloton.
Parce qu’il est prêt pour l’échéance
« Il sait que je suis vraiment motivé (...) Il sent ma motivation et je sens qu’il compte sur moi, il y a une confiance réciproque » déclare Tony Gallopin à velochrono. Cette année, Tony Gallopin a du faire des sacrifices. Alors que de nombreux coureurs se sont rendus sur la Vuleta, lui a décidé de disputer cinq courses avant le début de ces Mondiaux : Brussels Classic, Grand Prix de Fourmies, Grand Prix de Wallonie avant de s’envoler pour le Canada avec les Grands Prix Cyclistes de Québec et de Montréal. Alors que certains préfèrent disputer la course de trois semaines d’autres choisissent les classiques. C’est le cas notamment d’un des favoris de ces Mondiaux : Simon Gerrans vainqueur successifs des GPC de Québec et Montréal. Si ce choix est jugé trop risqué par certains coureurs, Tony Gallopin revendique le sien. Il avait l’objectif de courir la Vuelta, mais est sorti trop fatigué du Tour (où il fut porteur du Maillot Jaune). En terminant cinquième de la Clásica, second du GP de Wallonie, troisième du Grand Prix de Montréal et 9ème à Québec, Tony Gallopin est prêt pour la course de sa vie.
Parce que l’une de ses qualités c’est de bien sentir la course
L’épreuve des Moins de 23 ans nous a donné des premiers enseignements sur le déroulement de la course : une attaque dans la dernière côte du circuit. Cette dernière, située à 4,8 kilomètres de l’arrivée ne sera pas forcément sélective, un sprinteur peut la passer facilement. Il faudra donc être malin pour pouvoir les lâcher. Ce travail ne devra pas attendre la dernière ascension, si un John Degenkolb ou un Simon Gerrans sont en tête du peloton l’issu semble toute tracé. Un écrémage doit s’effectuer au moins un tour avant pour pouvoir mettre dans le rouge les sprinteurs. Tel devra être le travail de certaines nations. La France a l’équipe pour durcir la course avec notamment Romain Bardet, et Cyril Gautier. Il faut à tout prix que Tony Gallopin soit débarrassé des sprinteurs avant le dernier tour, sous risque de voir le titre lui échapper. Il lui faudra également avoir une équipe soudée à ses côtés pour contrecarrer les attaques des Espagnols qui à domicile, rêvent d’un titre, mais les Espagnols peuvent aussi s’avérer être les meilleurs allier des Français en mettant dans le rouge les Kristoff, Degenkolb, Gerrans ou autre Matthews. Il faudra travailler avec la nation hôte et s’appuyer sur des coureur isolés (sans coéquipier) : Kwiatkowski, Sagan, Cancellara, Dan Martin. Là, Tony Gallopin doit anticiper une bataille de la part des favoris et en profiter pour leur rafler le titre, à la pédale.
Si Tony Gallopin ne fait pas figure de grand favori au même titre que Simon Gerrans, Fabian Cancellara, Philippe Gilbert, le Français néanmoins a les moyens de s’emparer du maillot irisé dimanche. Le circuit lui correspond, il a une excellente capacité à enchainer les bosses et dispose d’une bonne pointe de vitesse en petit comité. Tony Gallopin peut tirer son épingle du jeu en cas d’arrivée à quinze coureurs. À l’image de Niki Terpstra à Paris-Roubaix ou à l’image de sa victoire lors de la Clásica l’année dernière, il peut battre les grands favoris d’une course même si on ne l’attend pas forcément. Parfois, risquer de perdre une course est le meilleur moyen de la gagner.