L'avantage de passer en dernier est qu'on a pu tirer des enseignements sur les courses précédentes. Ce dimanche, fini la monotonie, place à l'attaque avec le scénario habituel : une échappée matinale de sept coureurs. Mais ils se font guère d’illusion et remplissent juste leur travail d'équipier. L'écart augmente progressivement même si certains se font lâcher au fil kilomètres. Ainsi, après 3 tours, ils ne sont plus que 4 en tête, leur avance pointe au-delà du quart-d’heure. Plusieurs faits sont à relever en ce début de course : la pluie, la crevaison de Fabian Cancellara et une chute qui a mis au sol Vincenzo Nibali et Cyril Gautier. En tête de peloton, la sélection Polonaise anime la course et la durcit a un peu plus de 100 kilomètres, la stratégie est claire : tout miser sur Michal Kwiatkowski. Choix payant puisque c’est la Polonais qui décroche le titre Mondial.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent en début de course. La Pologne impose le rythme en tête de peloton et réduit sensiblement l’écart avec les hommes de tête. Leur avance, qui a longtemps dépassé le quart d’heure, n’est plus que de 7 minutes à un peu plus de 80 kilomètres de l’arrivée. Sous l’impulsion de l’Italie, la course commence à se décanter. À cinq tours de l’arrivée changement de physionomie en tête avec un gros travail de sape de la part de l’Italie puis de la Grande-Bretagne. La Squadra Azzura fait exploser le peloton tant dis que la Grande-Bretagne se charge de réduire l’avance sur les échappés. La tête de course compte 7 coureurs dont notamment Simon Geschke, Giovanni Visconti, Edvald Boasson-Hagen, ou encore Peter Kennaugh. Les hommes de tête sont chassés par un groupe de 4 coureurs qui pointe à 9 secondes où figure Tony Martin. Dans la montée du Mirador, on assiste à un regroupement. Le peloton est désormais emmené par l'Australie qui veut contrôler la course. Les leaders comptent 22 secondes d'avance sur le peloton.
L’Allemand, loin d’être novice dans l’exercice en solitaire se lance dans une drôle d’aventure en décidant de lâcher ses coéquipiers dans dernière la descente du circuit. Mais le peloton veille au grain et sous l’impulsion de la France son avance se réduit comme peau de chagrin repris dans un premier par ses compagnons d’échappée, puis par le peloton. Il reste alors un peu moins de trente kilomètres avant l’arrivée et rien n’est encore joué. Les puncheurs, sont présents tout comme les sprinteurs. Personne n’est encore en mesure de durcir la course pour faire sauter les Gerrans, Degenkolb ou autre Kristoff. Sur une route détrempée le peloton est vigilent personne ne veut aller au tapis si près de l’arrivée.
C’est une fin de course désordonnée à laquelle on assiste dans les deux derniers tours. Des attaques fusent de toute part et un groupe de trois se dégage du peloton. L’identité des hommes : Alessandro De Marchi pour l’Italie, Michael Valgren Andersen pour le Danemark et Cyril Gautier pour la France. Rapidement un homme part en chasse : Vasil Kiryienka, mais le coureur du Belarus a du mal à rentrer sur les hommes de tête. Les trois hommes abordent les deux derniers tours avec une maigre avance. Mais l’échappe s’essouffle et perd en intensité tout comme en communication, Kiryienka a du mal à prendre les relais du fait de son effort, Cyril Gautier pioche et Alessandro De Marchi en a assez de faire le travail tout seul. Le quatuor ne dispose que de trente secondes à l’amorce de l’ultime tour. La course va se jouer dans le dernier tour.
L’avance des hommes de tête réduit progressivement, mais ils comptent encore 14 secondes d’avance dans la première montée. L’entreprise est cependant vouée à l’échec. D’autant plus que Michal Kwiatkowski, fait la descente à bloc et fond sur le quatuor au pied de la dernière bosse. Le Polonais, dont sa nation n’a cessé de travailler tout au long de la journée, anticipe un éventuel marquage entre les favoris et s’échappe à un peu plus de six kilomètres de l’arrivée. Le peloton met trop de temps à réagir : l’Espagne avec Purito Rodriguez puis avec Valverde tentent de le rejoindre, mais Kwiatkowski entame la dernière descente. Trop rapide, le Polonais, Champion du Monde 2008 du contre-la-montre chez les juniors ne sera plus jamais repris par ses rivaux et livre une course semblable à Sven Bystrom chez les Espoirs. Simon Gerrans, l’un des grands favoris se charge de régler le sprint pour la seconde place, l’Australien devance Alejandro Valverde, une nouvelle fois placé. Côté Français, on attendait Tony Gallopin, le puncheur de la formation Lotto-Belisol prend la sixième place, Nacer Bouhanni termine 10ème... Et si la France était réellement à sa place ?