« Je suis évidemment déçu de mettre fin à ma carrière de cette manière. J'aurais aimé continuer à me battre mais mon genou ne me le permet pas. Même si les ligaments ont guéri, pour le cartilage, c'est une autre histoire. J'ai travaillé dur pour soigner ce genou mais j'en suis arrivé à la conclusion qu'à moins de prendre le risque de l'abîmer de manière irréversible, il valait mieux arrêter.»

Coureur élégant, de panache et de talent, Andy Schleck restera dans l'histoire du cyclisme comme un des coureurs les plus pétris de qualités de sa génération. Mais lorsque l'on se penche de plus près sur son palmarès, quelque chose cloche. Son coup de pédale aérien, son habileté dans les cols les plus pentus et son association avec son frère auraient du lui permettre de remporter les plus belles courses du calendrier. Finalement, Andy termine sa vie sur le vélo avec dans sa besace une grande classique, Liège-Bastogne-Liège 2009, et un Tour de France, en 2010, suite au déclassement d'Alberto Contador. La faute à une facheuse manie d'axer ses saisons sur la dernière des classiques flandriennes et le mois de juillet. La faute à Alberto Contador. La faute à un saut de chaîne. La faute à un plan que l'on cherche encore (rappelle-toi du Tour de France 2011). La faute à une obsession pour Frank. Les raisons de ce que l'on peut appeler un "gâchis" sont nombreuses. Malgré cette incapacité à gagner, Andy Schleck aura tout de même, en seulement cinq ans de carrière au plus haut niveau (2007-2011), laissé une trace indélébile dans nos mémoires. Retour sur les moments qui ont construit la légende de celui que l'on regrette déjà.

2007, 2ème du Giro di Italia
Lorsqu’il se présente au départ du Tour d’Italie, Andy Schleck n’est encore qu’un néophyte sur les Grands Tours. Pourtant, à seulement 22 ans, celui qui est le frère de Frank et le fils de Johnny a surpris la planète cyclisme en terminant sur la deuxième marche du podium à 1,55 min de Danilo Di Luca. Durant cette course, il démontre notamment ses qualités offensives en n’hésitant pas à attaquer le maillot rose et contrer Gilberto Simoni, ancien vainqueur de l’épreuve. Avec cette performance Andy Schleck se place comme l’un des plus grands talents de l’époque.

2008, 12ème du Tour de France
Pour son premier Tour de France, Andy Schleck termine meilleur jeune en ayant perdu plus de 9 minutes à Hautacam. Cette perte de temps lui permet alors de se consacrer entièrement à un rôle d’équipier pour son frère, Frank, mais aussi et surtout pour le futur vainqueur de l’épreuve, Carlos Sastre. Une nouvelle fois, Andy Schleck impressionne. Il est souvent le seul à avoir les capacités pour répondre aux attaques des différents favoris et participe grandement au sacre de l’espagnol.

2009, vainqueur de Liège-Bastogne-Liège
C’est la première classique qu’Andy Schleck accroche à son palmarès. Ce sera aussi la dernière. Parti à l’attaque dans la côte de La Redoute, Philippe Gilbert compte 25 secondes d’avance sur le peloton lorsqu’Andy Schleck décide de partir à sa poursuite avant de le déposer dans la côte de la Roche-aux-faucons. Après 20 kilomètres d’effort en solitaire, Schleck s’impose. Comme un patron.

2009, 2010 et 2011 : trois fois 2ème du Tour de France
Alberto Contador destitué de son titre en 2010, celui-ci est, il est vrai, revenu à son dauphin Andy Schleck. Cependant, sur le vélo, le cadet des Schleck n’a jamais été capable de remporter un Tour de France. Une anomalie quand on connaît ses qualités. En 2009, Contador est largement supérieur, pas de regrets donc. Mais que penser des éditions 2010 et 2011. L'année du sacre de La Roja au mondial Sud-Africain, seulement 39 secondes séparent Andy Schleck de Contador à Paris. 39 secondes, c'est aussi le temps que le Luxembourgeois perdra dans le port de Balès à la suite d'un saut de chaîne. L'année suivante, le cinquième de la course en ligne des JO 2008 se focalise sur un Contador à la ramasse oubliant au passage son fameux plan et un certain Cadel Evans.  

17ème étape du Tour de France 2010, Pau-Col du Tourmalet
Ce 22 juillet 2010, Alberto Contador et Andy Schleck vont se livrer un fantastique duel dans le brouillard du Tourmalet. Alors que les deux hommes ne sont séparés que par 8 petites secondes au général, ils se retrouvent rapidement seuls. S’engagent alors un véritable combat. Les deux hommes s’attaqueront dans tous les sens. Au sommet, c’est Andy Schleck qui remporte l’étape mais Alberto Contador réalise la bonne opération en conservant son avance au général.

18ème étape du Tour de France 2011, Pignerol-Col du Galibier
4ème à 2,36 min de Thomas Voeckler avant le début de cette étape, Andy Schleck sait qu’il doit tenter quelque chose s’il veut remporter le Tour de France. C’est pour cela qu’il attaque à plus de 60 bornes de l’arrivée dans le col de l’Izoard. D’abord seul, Andy trouve ensuite du renfort en Maxime Monfort et Joost Posthuma, ses coéquipiers partis dans l’échappée. Au sommet du col de l’Izoard, le Luxembourgeois compte déjà 2,15 min sur le peloton maillot jaune. Dans la plaine, l’écart continue de grandir. A 15 kilomètres de l’arrivée, le peloton est pointé à près de 4 minutes. Devant Andy Schleck est beaucoup trop fort. Il dépose un à un ses compagnons d’échappée pour finalement décrocher la plus belle victoire d’étape de sa carrière avec plus de 2 minutes d’avance sur son frère, Evans et Voeckler. Malheureusement pour lui, ce ne sera pas suffisant pour remporter le Tour.  

Qu'est-ce qu'on dit pour saluer un champion ? Merci, tout simplement.