Le suicide par overdose plutôt que l'assassinat
Le 14 février 2004, peu après l'arrêt de sa carrière, Marco Pantani avait été retrouvé sans vie dans sa chambre d'hôtel à Rimini. A l'époque, la justice avait conclu à une overdose.
Pourtant, sa famille n'a jamais voulu croire à cette solution. Ainsi, dix ans plus tard, fin juillet 2014, elle obtenait la réouverture de l'enquête pour "homicide avec altération du cadavre et des lieux du crime". Des indices troublants prêtent alors à penser que le champion transalpin a été victime d'un assassinat. Visage et corps couverts d'ecchymoses, chambre d'hôtel en désordre. Par ailleurs, Pantani aurait joint la réceptionniste par téléphone afin qu'elle fasse venir les carabiniers. Etait-il en danger? Y-avait-il quelqu'un d'étranger dans sa chambre qui voulait le tuer? Tout pouvait le laisser croire, d'autant plus que la dose de cocaïne retrouvée dans son corps était bien au-delà de ce qui était nécessaire à une overdose (6 fois supérieure). Une telle quantité, prise sans eau, l'aurait brûlé avant même qu'il n'ait pu en ingérer la totalité. Cela laissait supposer qu'une personne tierce lui avait fait avaler de force.
Malgré tous ces éléments qui semblaient conforter la thèse d'un assassinat, le Docteur Tagliaro, médecin légiste en charge du dossier, vient de rendre son rapport et écarte cette possibilité. Le Pirate serait donc décédé des suites d'une "insuffisance cardiaque aigüe provoquée par un mélange de médicaments et de cocaïne". La drogue seule n'aurait pas suffi et le médecin avance que les antidépresseurs ont probablement joué un rôle majeur. Un cocktail explosif pris volontairement par Marco Pantani et qui paraît valider la thèse du suicide.
Le résultat d'une descente aux enfers amorcée en 1999
Le cycliste, auteur du doublé Giro-Tour en 1998 et grimpeur hors pair, était devenu une véritable star en Italie. Toutefois, son image sera entachée dès 1999 à l'occasion du même Grand Tour (le Giro), qui un an plus tôt, le consacra. Pendant la course, on relève chez lui un taux d'hématocrite trop élevé. La sanction tombe instantanément : exclusion. On raconte que cet événement le minera à jamais. De nouveau, en 2001, les organisateurs du Tour d'Italie le congédieront avant l'arrivée. Cette fois, c'est de l'insuline qui a été retrouvée dans sa chambre après une descente de police. Cela lui vaudra par la même occasion 6 mois de suspension. Malgré ses déboires avec le Giro, Pantani y reviendra une dernière fois en 2003 et terminera 14ème.
Le dopage le poursuivra jusqu'après sa mort. En juillet 2013, la commission d'enquête sur la lutte contre le dopage du Sénat révèle une liste à l'effet dévastateur qui recense les coureurs positifs à l'EPO lors du Tour 1998. Parmi eux, Jan Ullrich, 2ème et Marco Pantani, le maillot jaune.
Une décennie après, si la thèse du suicide par overdose coïncide avec sa descente aux enfers à partir de 1999, le mystère planera toujours sur les circonstances exactes de cette mort brutale. Et le mythe Pantani n'a certainement pas fini de s'effriter. Une autre enquête rouverte parallèlement pour un délit de fraude sportive est actuellement en cours.