Comme depuis quatre ans désormais, le nom du grand favori du prochain Tour de France est connu. Il s'agira évidemment de Chris Froome, vainqueur déjà en 2013 et 2015. Si on l'avait peu vu depuis le début de la saison, remportant une seule étape sur le Tour de Romandie, le Britannique a pris son temps pour monter en puissance. S'il a été battu sur le chrono initial aux Gets, il a attendu la 5e étape à Vaujany pour attaquer, et récupérer le maillot jaune. On a ensuite pu voir l'habituel train de la Sky, toujours plus impressionnant. Accompagné de Landa et Henao, voire Poels, le Kenyan blanc pourra une nouvelle fois compter sur une équipe très solide, avec plusieurs coureurs capables de viser un Top 10 mais qui seront à son service. Au final, sa semaine est totalement réussie même si à l'exception de Contador, personne n'a vraiment tenté de mettre à mal le désormais triple vainqueur de l'épreuve.
Porte et Contador sont là
Comme toujours, le Pistolero a été l'animateur de la course. Premier maillot jaune suite à sa victoire sur le chrono des Gets, le coureur de l'équipe Tinkoff a conservé son maillot jusqu'à l'attaque puissante de Froome à Vaujany. L'Espagnol a perdu du temps et termine seulement 5e. Malgré tout, ses attaques incessantes dans la dernière étape ont montré qu'il avait déjà des sensations intéressantes. Vainqueur au Tour du Pays Basque, deuxième à celui de Catalogne et de Paris-Nice, il enchaîne les performances rassurantes cette saison. Malgré tout, le manque d'une équipe solide risquera de lui coûter cher encore puisque seul Kreuziger a les capacités de l'accompagner en haute montagne. L'Espagnol peut se consoler en prenant la tête du classement mondial
De son côté, Ritchie Porte a été lui très discret du début à la fin. Toujours placé, jamais gagnant, l'Australien a fait une course à la Cadel Evans pourrait-on dire. Pas d'attaque, pas de folie, mais une course sérieuse en suçant les roues. Auteur d'un très bon chrono, il a passé toute la semaine sur le podium à quelques secondes du maillot jaune, mais termine finalement à la 4e place à cause de quelques secondes perdues à Superdévoluy dans la dernière étape.
Bardet impressionnant, Pinot et Aru en rodage
Discret depuis le début de la saison mais généralement bien placé, Romain Bardet a réalisé un superbe Dauphiné. Septième du chrono, il a ensuite chuté en fin de 2e étape, ce qui lui a fait perdre une quarantaine de secondes. Il en a alors profité pour se glisser dans une échappée lors de l'étape menant à Méribel samedi. S'il a perdu cette étape en voulant lâcher Pinot, il a réussi à revenir à la 3e place du général. Surtout, le travail énorme de Bakelants et Chérel a également prouvé que l'équipe AG2R a ce qu'il faut pour bien entourer le coureur français. Le lendemain, il parvient à suivre Froome, Porte et Contador sans problèmes, et va chercher la 3e place de l'étape qui lui permet de prendre la 2e marche du podium final. Il faudra le suivre de près pendant le Tour.
En moins bonne condition, Thibaut Pinot a été plus discret. S'il n'a jamais vraiment réussi à suivre les meilleurs, il est allé chercher une belle victoire d'étape à Méribel, ce qui lui suffi à réussir son Dauphiné. Sa 16e place au général restera anecdotique mais le leader de la FDJ était là pour retrouver le rythme. C'est également le cas pour Fabio Aru. Amené à être le co-leader de l'équipe Astana avec Vincenzo Nibali, le jeune italien s'est offert la 3e étape à Tournon. En revanche, il a été totalement inexistant en montagne, terminant à une sombre 45e place. Le vainqueur du Tour d'Espagne a donc encore du pain sur la planche pour être prêt.
Les promesses d'Etixx-Quick Step
Généralement ultra favorite dans les classiques, mais toujours beaucoup plus en peine sur les Grands Tours, la formation Etixx-Quick Step sera à surveiller de près. Si un podium semble compliqué pour l'un de ses coureurs, on la verra sans aucun doute animer la course. En bon leader, Dan Martin a été excellent toute la semaine. Au contact des gros, l'Irlandais est parvenu à décrocher la 3e place du classement général grâce à sa régularité, mais aussi ses petites attaques, notamment à Belley, qui lui ont permis de grappiller quelques secondes.
Récent vainqueur du Tour de Californie, Julian Alaphilippe continue quant à lui de prouver qu'il a tout pour devenir un coureur à la Valverde, capable de gagner sur tous les terrains possibles. Après avoir ébloui les classiques la saison passée, il a récidivé cette année et prouve désormais qu'il est capable d'aller très loin en montagne. S'il a souffert, le jeune français de 23 ans a résisté jusqu'au bout à Yates pour prendre la 6e place du général, et le maillot blanc. Classé 5e lors du chrono initial, il a par la suite défendu son avance parfaitement. A noter aussi le travail monstrueux abattu par Laurens de Plus, Maxime Bouet et surtout Tony Martin pour leurs deux leaders. Cette équipe a la capacité de mettre le feu, et on la verra sans aucun doute à l'action sur la Grande Boucle.
Bouhanni, Kristoff, Degenkolb, Boasson Hagen...en attendant Sagan, Greipel, Cavendish ou Coquard : la guerre est proche !
Très accidenté, ce Dauphiné 2016 ne laissait pas aux purs sprinters de nombreuses occasions de s'exprimer. Ainsi, il n'y a eu qu'un seul véritable sprint massif lors de la 1e étape. Un sprint très controversé lors duquel les équipes Cofidis et Katusha ont sérieusement frotté dans les derniers kilomètres. Premier visé par les critiques, Christophe Laporte a prouvé une nouvelle fois que pour emmener son pote Nacer Bouhanni, il était le meilleur. Le Français a ainsi encore gagné, et a également terminé à la 3e place sur la ligne à Belley, derrière Boasson Hagen et Alaphilippe, dans un sprint en faux plat montant.
Kristoff a été peu en vue, remportant seulement le sprint d'un peloton battu par Aru à Tournon. Mais le Norvégien sera bien présent sur le Tour, tout comme Boasson Hagen, toujours capable d'aller chercher une victoire sur le plat même si c'est sur un terrain plus pentu qu'il peut exprimer pleinement ses capacités. De son côté, Degenkolb a effectué un retour encourageant après son accident en début d'année lors d'un entraînement avec son équipe. Reste à voir s'il retrouvera une condition optimale en juillet.
Ce sera en tout cas nécessaire s'il veut faire un résultat. Si ce Dauphiné était déjà relevé pour les sprints, le peloton du Tour de France sera renforcé par le champion du monde Peter Sagan, le toujours dangereux Mark Cavendish, l'armoire à glace André Greipel ou encore un Bryan Coquard en grande réussite sur des courses un peu moins relevées. Engagé sur la Route du Sud prochainement, Arnaud Démare pourrait également pourquoi pas se glisser dans la partie suite à son abandon prématuré au Giro. En tout cas, tous les sprints seront alléchants, et la bataille sera plus que jamais engagée entre ces combattants.
Vainqueurs d'étape :
Prologue : Alberto Contador (ESP/Tinkoff)
Etape 1 : Nacer Bouhanni (FRA/Cofidis)
Etape 2 : Jesus Herrada (ESP/Movistar)
Etape 3 : Fabio Aru (ITA/Astana)
Etape 4 : Edvald Boasson Hagen (NOR/Dimension Data)
Etape 5 : Christopher Froome (GBR/Sky)
Etape 6 : Thibaut Pinot (FRA/FDJ)
Etape 7 : Stephen Cummings (GBR/Dimension Data)
Maillots distinctifs :
Maillot jaune : Christopher Froome (GBR/Sky)
Maillot rouge à pois blancs : Daniel Teklehaimanot (ERY/Dimension Data)
Maillot vert : Edvald Boasson Hagen (NOR/Dimension Data)
Maillot blanc : Julian Alaphilippe (FRA/Etixx-Quick Step)
Classement Général final :