Il suffit d'un homme pour changer tout le visage d'une équipe et d'en faire une équipe qui gagne. Depuis son arrivée au sein de la Cofidis au début de l'année 2015, Nacer Bouhanni a prouvé qu'il était ce genre de coureur. Véritable chef de file de la formation Continental, tout était encore mis en œuvre pour qu'il puisse exceller sur la Grande Boucle et concurrencer les autres cadors du sprint mondial. Malheureusement, le sort en a une nouvelle fois décidé autrement.
Une malchance chronique
Alors qu'il a déjà raté cette année une opportunité rêvée de remporter Milan-San Remo à cause d'un saut de chaîne dans les derniers hectomètres, c'est cette fois en dehors de la route qu'il perd tout espoir de disputer le Tour. En effet, la veille du championnat de France, dans la nuit de samedi à dimanche, une altercation éclate avec trois personnes alcoolisées et bruyantes. En frappant l'une de ces personnes, Bouhanni s'est blessé à la main droite. S'il a pu prendre part aux championnats de France, sa blessure n'a pas été traitée idéalement et l'équipe n'a pas voulu prendre de risques.
Il faut dire que l'an dernier, déjà, le natif d’Épinal était arrivé sur la route du Tour diminué suite à sa chute dans le final du championnat de France sur route, remporté par Steven Tronet. Il avait ensuite rechuté à deux reprises au début de l'épreuve avant d'abandonner sans pouvoir se montrer. Les années d'avant, son histoire avec le Tour de France n'a pas été plus belle. Trop jeune pour Marc Madiot en 2012 malgré son titre de champion de France, victime d'une chute lors de la 5e étape en 2013 qui l'oblige à abandonner le lendemain, et barré par Arnaud Démare en 2014, il n'a donc jamais pu exprimer son énorme potentiel en juillet.
Des objectifs à redéfinir
Pour le coureur, la déception est grande, mais elle l'est également pour son équipe. Depuis l'an dernier, la Cofidis mise tout sur son sprinter. Pour le manager Yvon Sanquer, il faut donc tout revoir et partir sans coureur capable d'inquiéter les cadors qui seront présents. Ainsi, les coureurs du traditionnel train mis en place pour Bouhanni (Geoffrey Soupe, Christophe Laporte, Borut Bozic) iront disputer les sprints, mais sans véritable espoir de victoire. L'équipe française comptera donc sur les échappés pour ramener un succès. Sur le plat ou dans des étapes accidentées, Cyril Lemoine peut briller, alors que quand la route s'élèvera vraiment, certaines belles cartes seront à jouer.
Si Daniel Navarro devrait une nouvelle fois être le leader de l'équipe pour essayer d'aller accrocher une belle place au général, deux coureurs français seront intéressants à suivre en haute montagne, pour aller pourquoi pas chercher le maillot blanc à pois rouge. Arrivé cet été de la FDJ, Arnold Jeannesson va tenter de retrouver le niveau qui était le sien sur le Tour de France 2012, lorsqu'il a obtenu une superbe 14e place au général. S'il est en bonne condition, il sera intéressant à suivre. C'est également le cas de Nicolas Edet. Lui qui remplace Nacer Bouhanni dans le roster. Vainqueur du classement de la montagne sur la Vuelta 2013, il est capable de faire de belles choses, surtout qu'il débarque sur cette Grande Boucle au dernier moment, sans véritable pression. Il aura une carte à jouer, comme à peu près toute l'équipe pour essayer de mettre fin à une disette qui dure depuis 2008 et les victoires lointaines de Samuel Dumoulin et Sylvain Chavanel.