Si on devait prendre la logique de la saison, Richie Porte serait le grand favori de ce Tour. Mais la vérité de Juillet n'est pas celle du reste de la saison. Christopher Froome, Alberto Contador, Fabio Aru, Nairo Quintana, Romain Bardet et Esteban Chaves voudront faire mentir les bookmakers.
Richie Porte, 32 ans n'a plus de temps à perdre s'il veut inscrire son nom au palmarès. Longtemps coéquipier de luxe pour Contador puis de Christopher Froome au côté duquel il a beaucoup appris. Très ami dans la vie, on lui a longtemps reproché en 2016 après son départ pour la BMC de faire des politesses au Britannique. Pour son premier Tour en tant que leader, il a fini 5e en jouant de malchance. Lors de l'étape 3 vers Cherbourg, il est victime d'une crevaison et laisse un débours de 1'45 sans ça, il finissait sur le podium. Sans oublier sa fameuse chute dans la moto sur le Mont-Ventoux. Malgré tout Froome était supérieur. Souvent a été décrié une attitude attentiste et pas faite pour les courses de trois semaines. Or l'an passé, il n'a pas été victime de jour sans sur le Tour. En 2017, il est revenu avec une tout autre attitude, celle d'un vainqueur. Vainqueur au Down Under et en Romandie. Second du Dauphiné Libéré et 8e de Paris-Nice. Le tout avec une équipe très compétitive. Mais quelques ombres se hissent dans son tableau marche. Sur Paris-Nice, il se fait piéger dans une bordure sur la deuxième étape et perd 14 minutes et sur la dernière étape du Dauphiné il a perdu pied tactiquement sur les différentes attaques mais en sauvant les meubles à la pédale dans le dernier col montrant qu'il était le plus fort. Alors la bonne année pour Porte ?
Son principal adversaire sera Christopher Froome. Le Britannique, triple vainqueur de la grande boucle et tenant du titre se présente avec une très grosse armada (Thomas, Henao, Kwiatkowski, Landa pour ne citer qu'eux). Seulement Froome n'arrive pas en confiance. Aucune victoire en 2017 et hors de forme sur toutes les courses où il s'est présenté hormis le Dauphiné qui reste quand même inquiétant pour le Kenyan blanc. Sur le contre-la-montre où il a l'habitude de faire d'énorme écarts, il a fini à 37 secondes de Porte. Sur l'étape de l'Alpes d'Huez il a perdu du temps également. Enfin sur la dernière étape alors qu'il avait une quarantaine de secondes d'avance sur l'Australien, il a fini 20 secondes derrière en paraissant totalement à l'agonie. Il était encore en préparation pour le Tour à ce moment et le départ était 3 semaines plus tard. Nul doute qu'il aura une meilleure forme samedi à Dusseldorf. Mais Froome semble plus prenable que les années précédentes.
Il voulait tenter le doublé Giro-Tour, Nairo Quintana sait déjà qu'il n'y arrivera puisqu'il a échoué en Italie. En mai dernier il a terminé à 31 secondes de Dumoulin en prenant une claque sur les deux contre-la-montre mais en se montrant aussi suffisant en montagne. Il n'a pas paru au meilleur de sa forme qu'il réserve sûrement pour juillet. Pourquoi peut-il y croire ? Parce que le Giro a été clément sur le plan météorologique contrairement aux années précédentes. Il n'y a même pas eu de pluie. Réchauffement climatique on vous dit ! Il aura également autour de lui une équipe solide avec la présence de Valverde qui devrait être à son service. Et le Colombien arrive toujours avide en jour de course en juillet et il monte en puissance trop tard durant la course et derrière enchaîne avec une Vuelta du feu de dieu. Il avait décidé lui même à la fin de la saison dernière de changer sa préparation pour arriver dans de meilleures conditions. Faire le Giro ne lui sera pas forcément préjudiciable même si les derniers à l'avoir tenté s'y sont cassés les dents. Contador en 2015, Valverde en 2016. Faire un podium sera déjà une très belle performance pour le petit Colombien.
Comment ne pas citer Alberto Contador dans cette liste ? Dans sa nouvelle équipe, il se refait une petite santé même s'il est loin du grimpeur qui plaçait 6/7 banderilles dans une montée avec son style atypique en danseuse. Cette année il est abonné aux secondes places. deuxième en Andalousie, deuxième à Paris-Nice, deuxième en Catalogne et deuxième au Pays-Basque. Même si sur ces quatre deuxième place il est battu par Alejandro Valverde. Son Dauphiné nous permet de s'interroger sur sa capacité à pouvoir se disputer la victoire finale à Paris. 11e à 5'20" derrière des coureurs comme Buchmann, Meintjes ou Valls. Certes, il était en préparation comme il le dit et cela lui a été bénéfique mais à 34 ans on sait aussi qu'il n'a plus les mêmes jambes. Comment oublier sur la deuxième étape du Tour d'Andalousie, après avoir lâché tout le monde se faire reprendre dans les 500 derniers mètres par Pinot. Alors oui c'était en tout début de saison mais c'est une excellente illustration du cas Contador. Il a toujours cette petite giclette mais il n'est plus capable derrière de continuer. Alors le pistolero réussira-t-il un dernier coup d'éclat sur la grande boucle avec qui il a une histoire à coup de je t'aime moi non ?
Place à la jeune garde. Commençons par Romain Bardet, deuxième l'an passé et espère faire aussi bien cette année. Par rapport à l'an passé il y aura 20 kilomètres de moins dont 14 kilomètres dès la première étape. Quand on connaît les difficultés du jeune Français dans la discipline, il ne peut que s'en réjouir. Ses résultats sont un peu moins bons à l'abordage de juillet qu'en 2016 même s'il va chercher une belle 6e place sur Liège-Bastogne-Liège. Oublié son coup de panique de Paris-Nice où il a été déclassé pour être revenu dans le peloton grâce au sillage de sa voiture. 6e du Dauphiné mais en ayant déboursé 1'53 sur le contre-la-montre alors que l'an passé c'était un prologue en côte qui ne le désavantageait pas. En terme de temps déboursait dans la montagne sur ce dauphiné, il est au même niveau que Porte et c'est celui qui a été le plus régulier même s'il a été en difficulté sur le mont du chat mais tous les favoris ont eu leur journée de moins bien. Quoi qu'il en soit, il est en bonne forme et il faudra compter sur l'Auvergnat pour animer vos après-midi de juillet.
Autre favori qui a le vent en poupe, Fabio Aru. Le Sarde souhaite faire oublier son année 2016, catastrophique. 13e d'un Tour de France qu'il découvrait. Preuve que la grande boucle est une course à part car l'Italien a des références. 3e et 2e du Giro 2014 et 2015. 5e et vainqueur de la Vuelta en 2014 et 2015. Prévu sur le Giro en début de saison, une chute a bouleversé ses plans et s'est tourné vers le mois de juillet. Son duo avec Fulgsang a fait mouche sur le dauphiné et on les verra probablement en juillet. Fulgsang qui a déjà aidé un autre Italien à remporter un Tour de France en 2014, Vincenzo Nibali. Un retour en forme qui tombe à pic pour Aru qui est monté en puissance tout au long du Dauphiné et cerise sur le gâteau, nous a gratifiés d'un fantastique numéro sur son championnat national dont il arborera les couleurs sur les routes de France. Infatigable attaquant, pas fan d'Alberto Contador pour rien, ne comptez pas sur lui pour rester bien au chaud dans la roue des meilleurs et faire la meilleure place possible. C'est la grosse côte pour la victoire finale et il ne serait pas idiot de placer quelques euros sur le Sarde.
Le septième homme est un néophyte du Tour de France. Il est avant tout là pour découvrir souligne-t-il. Comme on l'a vu précédemment avec Aru, il n'est jamais aisé de débuter sur le Tour. Je pense qu'on pourrait le généraliser aux autres favoris cités. Avec Chaves cela se vérifie sur les deux autres grands tours. En 2014, il découvre la Vuelta, apprend et en 2015 il explose en se classant 5e du classement général. 2015, l'année où il se révèle sur un grands tour. Même processus avec le Giro. En 2015, il découvre et en 2016 il se classe 2e en perdant le maillot de leader lors de l'avant-dernière étape au profit de Nibali. 2016, c'est l'année de la confirmation puisqu'en septembre il se classe 3e de la Vuelta derrière Quintana et Froome et remporte le Tour de Lombardie. Mais son année 2017 est compliquée. Pourtant il avait bien débuté en Australie en se classant 2e du Tour Down Under derrière Richie Porte. Une blessure au genou en février le contraint à se reposer et à ne revenir à la compétition qu'au Dauphiné où il se classe 26e. Ce qui peut lui faire défaut c'est son manque de compétition conjugué à son inexpérience du Tour de France. Malgré cela il est optimiste et comment ne pas l'être avec l'équipe qui l'accompagne. Simon Yates, Kreuziger pour l'accompagner et de solides rouleurs comme en a l'habitude l'Orica. Un baptême du feu pour le Colombien qui réalise la promesse faite à son père lorsqu'il avait 14 ans "Je ferai un Tour de France".
Il faudra compter aussi avec Rafal Majka, facteur X, équipier de Contador lors des derniers Tour de France et vainqueur déjà de 3 étapes ainsi que 2 maillots de la montagne. Il est déjà monté sur le podium d'un grand tour, en 2015 sur la Vuelta. Ion Izaguirre découvrira ce rôle de leader sur un grand Tour chez la Bahrain Merida, lui qui était au service de Quintana les années précédentes chez Movistar. Attention au duo de la Cannondale, Uran et Talansky qui sont capables du meilleur comme du pire. La France aura aussi un oeil sur Barguil qui prend le leadership laissé vacant par Tom Dumoulin et découvrira Guillaume Martin, auteur d'un bon Dauphiné qui débutera à son niveau comme son équipe Wanty. Un autre Martin peut en cacher un autre puisque Daniel mènera l'équipe Quick Step pour essayer de faire mieux qu'une 9e place en 2016. Enfin comment ne pas parler de la sensation Sud-Africaine Louis Meintjes. 8e l'an passé et qui a fini le Dauphiné en très belle forme.
A vos pronostics !