Côté français : l'émotion de Pinot, la bonne performance de Cavagna, Martin aux portes du top 10

Tout coureur cycliste rêve de rouler sur ses terres en compétition. Ce samedi, le Tour a fait ce magnifique cadeau à Thibaut Pinot. Il fallait voir la ferveur populaire qui entourait l'enfant du pays lors de la traversée de Mélisey. De quoi mettre du baume au cœur du Franc-Comtois qui a encore joué de malchance cette année. Les séquelles de la chute à Nice l'auront malheureusement empêché de briller mais il n'aura jamais abdiqué pour autant.  Jusqu'au bout, il se sera accroché. Il réalise même une performance très honorable sur ce chrono qu'il termine à la 19ème place.

Un autre Tricolore s'est particulièrement illustré sur cette étape, c'est le champion de France du contre-la-montre. Parti de Lure à 13h43, Rémi Cavagna a été le temps de référence pendant plus de trois heures, jusqu'à ce que s'élancent les coureurs du top 10. A l'arrivée, le tricolore s'offre une belle 6ème place à 1'59” de Tadej Pogacar.

Quant à Guillaume Martin, meilleur Français, il terminera cette Grande Boucle aux portes du top 10. Il s'adjuge la 11ème place à 16'58" du vainqueur. Le Normand n'est pas toujours parvenu à rester au contact des favoris en montagne mais il a démontré de belles qualités. Il faudra compter sur lui.

Le coup de génie de Pogacar

Au départ de cette étape, Roglic apparaissait comme une citadelle imprenable. Les écarts permettaient pourtant un retournement de situation. Tadej Pogacar et Miguel Angel Lopez étaient en embuscade, respectivement à 57" et 1'27". Autant dire une goutte d'eau sur un contre-la-montre de 36,2 km, de surcroît montagneux.

Tadej Pogacar pouvait donc sérieusement tenter le coup et le résultat montre qu'il a eu raison d'y croire. Ce samedi, la pression était sur les épaules de Primoz Roglic. Le maillot blanc, de son côté, n'avait rien à perdre. Dès les premiers hectomètres, il a décidé de tout donner et son audace a payé. D'abord d'une trentaine de secondes puis bientôt d'une minute, l'écart a finalement grimpé à près de deux minutes au sommet de la Planche des Belles Filles. Kilomètre par kilomètre, il a détricoté la tunique jaune de son adversaire. Victoire d'étape, maillot jaune, maillot blanc et maillot à pois, c'est une véritable razzia pour le jeune Slovène.

Roglic peut-il avoir des regrets ?

Si une équipe défraye la chronique depuis le début de ce Tour, c'est bien la Jumbo-Visma. Primoz Roglic propulsé grand favori de cette édition, l'équipe néerlandaise s'est véritablement comportée en patronne pendant toute l'épreuve, contrôlant la course et imposant son rythme, tel un rouleau compresseur. Un train qui a pu nous faire penser à celui de l'US Postal ou à celui de la Sky. Pourtant, à la différence d'un Lance Armstrong ou d'un Chris Froome, Primoz Roglic n'a jamais été capable de partir seul et de creuser l'écart avec la concurrence.

S'est-il vu trop beau ou n'en avait-il simplement pas la force ? Lors du contre-la-montre, le Slovène, esseulé, n'a pu compter que sur lui-même et nul doute qu'il a tout donné, puisant dans ses dernières réserves. Son jeune compatriote l'a mis dans le rouge et à l'arrivée, l'ancien sauteur à ski, d'ordinaire impassible, portait les stigmates de l'énorme effort consenti.

Primoz Roglic a montré qu'il était humain samedi soir. Il n'est peut-être pas la machine qu'on imaginait. On lui reproche de ne pas avoir essayé d'attaquer ses rivaux mais en avait-il véritablement les moyens ? On a pu chaque jour constater que la Jumbo-Visma roulait à bloc. L'équipe n'a certes pas réussi à éloigner le danger Pogacar mais elle a usé une bonne partie des meilleurs, ne faisant même qu'une bouchée des grimpeurs colombiens Nairo Quintana et Egan Bernal.

Finalement, si Roglic n'a pas lancé d'attaques fulgurantes pendant ces trois semaines, c'est peut-être parce qu'il était déjà au maximum. Ou pensait-il qu'une courte avance lui suffirait à grimper sur la plus haute marche à Paris ? Nul ne pourra jamais vraiment le savoir. 

Malgré tout, le Slovène n'a pas à rougir de son Tour de France. Dans ce chrono, il a été en-decà de son niveau habituel mais termine tout de même à la 5ème place. En ce sens, on ne peut pas véritablement parler de contre-performance. Face à un Pogacar surmotivé et très fort, l'issue était quasiment inéluctable. Et si la plus grande faute de Roglic était d'avoir sous-estimé son cadet ? 

On se souviendra de cette 20ème étape, une des plus folles de l'histoire. Un final plein de suspense à la hauteur du duel Lemond-Fignon de 1989. Le jeune Pogacar aura définitivement réveillé ce Tour 2020.

Classement de la 20ème étape                                           

1. Pogacar en 55'55"                                                                            

2. Dumoulin à 1'21"                                                              

3. Porte à 1'21"                                                                       

4. Van Aert à 1'31"                                                                

5. Roglic à 1'56"                                                                      

6. Cavagna à 1'59"                                                                 

7. Caruso à 2'29"                                                                    

8. De La Cruz à 2'40"                                               

9. Mas à 2'45"                                                          

10. Uran à 2'54                                                                                 

Classement général à l'issue de la 20ème étape

1. Pogacar en 84h26'33"

2. Roglic à 59"

3. Porte à 3'30"

4. Landa à 5'58"

5. Mas à 6'7"

6. M. A. Lopez à 6'47"

7. Dumoulin à 7'48"

8. Uran à 9'25"

9. A. Yates à 9'25"

10. Caruso à 14'3"