Le bateau lorientais n'est pas encore complètement coulé, mais en tout cas il en prend la direction. De nouveau samedi, l'équipe de la ville aux cinq ports a sombré dans les dernières minutes, laissant un Rennais seul dans les six mètres pour exécuter un Lecomte encore impeccable. Et si au milieu de terrain, les temps du début de saison semblent révolus, avec une formule Abdullah-Mesloub bien complémentaire, l'attaque inoffensive et la défense trop souvent passive font qu'il est bien compliqué pour les Merlus, de gagner un match.
Abattus. Les lorientais sont abattus depuis neuf matchs, durant lesquelles huit défaites ont été séparées par une maigre victoire. Difficile donc d'imaginer une équipe se sauver lorsqu'elle perd systématiquement contre des équipes supposées se battre avec elle. Pour les Merlus, retrouvant un peu d'allant dans le jeu, il est bien compliqué de se créer des occasions, et si Yohan Cabaye a grandement aidé lors du match Lorient-Paris, il ne sera plus là pour garantir des occasions de but. Encore contre les Rennais, une seule occasion dangereuse, sur une frappe de Raphaël Guerreiro à l'entrée de la surface. Les lorientais semblent inoffensifs et pourraient jouer pendant 3 heures sans même se créer une occasion nette de but. Sur les coups de pied arrêtés, tellement importants pour des clubs ayant du mal à se créer des situations de but, les lorientais semblent jouer une comédie. Quand, rarement, la balle dépasse le premier poteau, aucun joueur n'est capable de reprendre la balle, ou aucun joueur ne gagne son duel. Navrant.
Sylvain Ripoll, ayant repris les rênes du club, a déclaré Route de Lorient que les intentions semblaient présentes et qu'il était intimement convaincu que le club allait réussir. Mais avant la trêve hivernale, le FC Lorient aura à jouer le FC Nantes (impeccable depuis le début de la saison), l'Olympique de Marseille (leader du championnat) et les Girondins de Bordeaux. Difficile donc de prendre énormément de points face à des équipes du top 5...
Des attaquants trop faibles
Difficile de pointer un seul homme du doigt dans l'animation offensive défaillante du FC Lorient, où seuls les jeunes semblent apporter le tonus nécessaire pour créer des occasions. Là où Raphaël Guerreiro apporte de la vivacité avec son compère d'attaque Valentin Lavigne, on les voit bien trop esseulés dans la construction des actions. Jordan Ayew, probablement un très bon joueur de foot, n'arrive pas à jouer en une ou deux touches de balles comme le prédéfinit le système du FC Lorient. Gardant trop longtemps la balle, ralentissant le jeu.
En revanche, Benjamin Jeannot, la recrue de cet été provenant de Nancy, semble une énigme. Proposant à chaque entrée en jeu ou titularisation des festivals de remises à contre-temps, contrôles ratés et erreurs techniques, on se demande parfois ce qu'il fait en première division. Recruté pour un peu plus d'un million d'euros, le néo-lorientais a joué douze matchs pour un seul but, et autant de frappes cadrées. Le fantôme de Jérémie Aliadière, dont Jeannot était le substitut, est encore présent dans les esprits des supporters, mais pas dans les pieds de l'ancien nancéin.
Difficile de gagner des matchs quand il faut se battre pour une seule occasion de but, et quand la lenteur des transmissions offensives fait qu'il est impossible de créer des décalages. Le FC Lorient est, avec un match en plus de l'EA Guingamp, la 19ème attaque du championnat, et a pour l'instant marqué seulement dix buts en Ligue 1, triste.
Une défense attentiste
Si le FC Lorient peut paraître serein défensivement dans certains matchs, c'est en grande partie grâce à son gardien, Benjamin Lecomte, qui est probablement le seul lorientais à son niveau depuis le début de la saison. Très intéressant dans ses arrêts réflexes (cf : "tentative" de Koné contre Rennes), il a grandement progressé dans les sorties aériennes et fait partie des meilleurs gardiens de l'Elite en ce moment. En revanche, on ne peut pas toujours en dire autant de sa défense.
La défense lorientaise peut parfois paraître bien en place pendant un match entier, puis sombrer littéralement sur une ou deux actions de but. Elle a également pris l'habitude d'encaisser des buts très tôt dans les matchs, et de mettre une vingtaine de minutes à démarrer en seconde période. Des erreurs flagrantes de marquage viennent entâcher parfois de belles prestations lorientaises. Face à Evian, à domicile, dès la première minute, le FC Lorient laisse un attaquant évianais tout seul dans la surface, entre les deux défenseurs centraux, placer une tête assassine. De même contre Caen, où l'erreur se produit à la troisième minute. Une défense qui a donc du mal à se mettre en route, et qui doit souvent ses exploits à son gardien.
Dans le secteur défensif également se trouve une énigme. Là où tous les supporters lorientais pensaient trouver un réel successeur après le départ de l'excellent Bruno Ecuele Manga, ils ont eu un joueur, remplaçant dans son club de Nancy en Ligue 2, et disons, un peu décrié par ses supporters à cause de son niveau : François Bellugou. Très loin de faire penser à Bruno Ecuele Manga, il fait surtout penser à Grégory Bourillon, sans la qualité de passe et la solidité dans les duels. Se faisant prendre dans tous les duels, ayant énormément de mal face aux attaquants adverses, il doit encore faire des cauchemars du duo Lacazette-Njie, au stade Gerland.
Des jeunes pousses à ce poste devraient jouer un peu si le niveau des cadres continue ainsi. Yoann Wachter, 20 ans et formé à Strasbourg, en est à deux titularisations en Ligue 1, contre Monaco et Paris. En défense centrale, malgré sa petite taille, il compense par sa vitesse et sa belle qualité de passe. Malheureusement un des coupables sur le but rennais, il a montré qu'il ne pouvait pas jouer au poste de latéral. Mais également Hamadou Karamoko, jeune pousse de 19 ans, formé au club, pourrait avoir quelques matchs en Ligue 1, après avoir été dans le groupe contre Monaco.
Un maintien compliqué
Dans une série où le FC Lorient a quasiment joué tous ses concurrents pour le maintien, le club de la ville aux cinq ports a montré des signes de faiblesse étonnants et très surprenants. Là où l'équipe, sur les deux derniers matchs, semble avoir repris des couleurs et avoir montré un visage plus offensif, elle reste quand même sur huit défaites sur les neuf dernières rencontres. L'équipe devra montrer un visage plus agressif face aux redoutables lensois, bien que 19èmes, qui font preuve d'une combativité et d'un enthousiasme assez énorme.
Là où le mercato semble avoir failli pour remplacer les cadres (Bellugou, Ayew, Jeannot pour remplacer Ecuele Manga, Aliadière et Aboubakar), c'est au bout des ressources mais également dans le centre de formation que le club devra aller trouver des forces. Marvin Gakpa, Hamadou Karamoko, Mohamed Mara, Yoann Wachter, Denis Bouanga (bien que blessé au métatarse), et Valentin Lavigne seront donc des artisans très important concernant le maintien.
Si L'EQUIPE parle aujourd'hui de joker, c'est également parce que Loïc Fery en a grillé un, avec le mercato. Aujourd'hui, si le bateau lorientais coule, c'est en grande partie de sa faute, et son projet de grande écurie pourrait finalement tomber à l'eau. Et celui qui pourrait en faire les frais, c'est le commandant de bord, qui voit peut être ses jours comptés...