L'OL est effectivement sur la pente ascendante. Les résultats économiques de l'OL sont la pour en témoigner. Une hausse de 0,5 millions des revenus pour la saison 2016-2017, des infrastructures modernes, avec le projet de construction d'un véritable complexe (hôtels, centres de loisirs...). Voici le tableau du communiqué de l'OL sur les résultats de l'exercice ( via @MaxOL69 ).
Ceci montre bien la montée en puissance et l'application de la stratégie à moyen-long terme de l'OL pour retrouver un standing européen.
Mais le management de la direction sportive du club pose de nombreuses interrogations, qui viennent d'autant de la sphère extérieure (supporters, avis d'experts, journalistes) que de l'intérieur. Certaines contradictions sont donc mises en avant montrant un OL à plusieurs vitesses, n'arrivant pas à assumer une direction sportive à la hauteur de l'avancée économique évidente.
L'Olympique Lyonnais doit-il modifier son management sportif?
La formation: un succès devenu marque de fabrique...
Récemment élu premier centre de formation de France pour la cinquième fois consécutive, l'Olympique Lyonnais fait de son centre de formation une véritable marque de fabrique, le fait-maison. Ce savoir-faire afin de sortir des top-joueurs qui sont désormais dans les plus grands clubs européens (Benzema au Réal Madrid, Tolisso au Bayern Munich, Lacazette à Arsenal, Martial à Manchester United...) est dû à plusieurs incontournables au sein de la formation lyonnaise.
L'oeil du dénicheur de talents, Gérard Bonneau, à qui l'OL doit bon nombre de pépites. Devenu responsable de la cellule de recrutement depuis 2003, ce recruteur présente une caractéristique pour le moins inédite dans le milieu du recrutement: il n'a jamais été footballeur professionnel. "C'est un manque quand on travaille dans une structure pro. Il y a toujours une épée de Damoclès au dessus de notre tête". Il a ainsi du faire plus que les autres pour acquérir une crédibilité. "Plus de travail, d’observation, plus d’échange avec les entraîneurs…Il faut savoir se faire adopter par le monde pro". Gérard Bonneau a adopté une philosophie du recrutement propre aux valeurs de l'Olympique lyonnais, privilégiant l'humain à l'argent, quitte à perdre de nombreux jolis coups potentiels. "Il y a de la concurrence entre des clubs qui ont des politiques différentes. Certains sont prêts à injecter de l'argent très vite... Notre cadre est parfait et familial...Il faut garder notre identité. On a un savoir-faire connu et reconnu. L'objectif est de consolider nos valeurs et d'exporter ce modèle". Jusque là, cette stratégie a presque toujours été gagnante.
Celui qui les forme, Armand Garrido. Arrivé en 1989 en provenance de l'AS Buers Villeurbanne, il a tout de suite imposé sa patte à l'OL. Il possédait jusqu'à 2017 un poste charnière, car "la catégorie U17 marque le passage de la préformation à la formation". Son amour du football et du jeu ont laissé des souvenirs marquants pour la plupart des joueurs évoluant désormais dans les cinq grands championnats européens. On se souvient de la fameuse phrase d'Hatem Ben Arfa: "avec Armand c'était dur. Mais au moins c'était juste". Même son de cloche pour Benzema, Lacazette, Tolisso... Les supporters ne cachent également pas leur sympathie envers ce formateur.
Ces deux symboles de la formation lyonnaise montrent la réussite de l'académie. Pourtant, de nombreuses interrogations liées à la direction sportive laissent perplexes la sphère extérieure du club, notamment au travers de ses choix et décisions.
... Qui cache une direction sportive chancelante?
Les échecs récurrents en matière de recrutement ces dernières années soulèvent de nombreuses critiques, notamment au travers des postes de cette direction, à commencer par l'entraîneur. Bruno Génésio, au poste depuis Décembre 2015 suite au remplacement d'Hubert Fournier, subit continuellement une vague de contestation importante, due à la pauvreté du jeu proposé en se reposant sur les qualités des plus grands joueurs de l'équipe (l'année dernière Lacazette et Tolisso) afin de masquer les imperfections tactiques ainsi qu'un manque d'automtisme entre les joueurs, notamment en défense. La contestation a également pour origine le fait que Jean-Michel Aulas ait pris la solution de la facilité afin de ne pas prendre d'entraîneurs étrangers, qui d'ailleurs selon lui "font fuir les investisseurs et actionnaires du club". Il existe du moins un paradoxe entre la contestation sur les réseaux sociaux et au sein du stade avec les groupes de supporters qui, bien cadenassés par le club, ne peuvent suivre la cadence des réseaux.
Autre poste qui n'est pas clairement défini. Gérard Houllier est devenu l'année dernière conseiller extérieur du président. Les avancées et le travail de M.Houllier au sein du club ne sont pas mises en avant publiquement par le président, hormis le fait de savoir parler anglais (cf. le transfert de Memphis Depay). La aussi, avec beaucoup moins de contestation que le premier poste cité, Gérard Houllier laisse songeur la communauté de supporters quant à son utilité exacte.
Ces deux exemples montrent que le management paternaliste qui s'est mis en place au sein du club , en privilégiant des solutions internes, ou bien d'anciennes gloires du club ayant participé à ses belles années à des éléments extérieurs, ce corporatisme, ne concorderaient pas avec l'avancée du modèle économique du club, montrant bien un Olympique Lyonnais en contradiction avec ses politiques.
La gestion de certains cas de joueurs découlent donc logiquement de l'incertitude de l'efficacité de la direction sportive du club. Avec comme exemple récent Emmanuel Mammana, arrivé en provenance de River Plate pour 8ME l'année dernière, dont Florian Maurice avait en amont préparé tout le dossier, ne rentre plus dans les plans de Bruno Génésio qui privilégie Marcelo, en déplorant le fait que l'argentin ne puisse pas jouer axe gauche. Nous pouvons également donner les exemples des gestions des cas Benzia et Bahlouli, qui désormais sous les couleurs du LOSC et sous la tutelle de Marcelo Bielsa, espèreront montrer le tort des dirigreants de l'OL à gérer leur évolution de cettte manière. S'ajoute également le cas Jean-Philippe Mateta, dont le président s'était chargé personnellement du recrutement pour 5ME. Surprenant, il n'a été titularisé qu'une fois en pro, car Bruno Génésio n'appréciait pas son profil.
Ces interrogations ne sont tout de même pas passées inaperçues, et l'Olympique lyonnais a décidé d'employer quelques changements. Bernard Lacombe, conseiller du président qui lui aussi ne faisait pas l'unanimité, a été enlevé des responsabilités opérationnelles et a été remplacé par Gérard Houllier. Ce choix reste toutefois incompréhensible puisqu'on laisse encore Gérard Houllier dans le flou, même si son nom est cette fois-ci inclus publiquement des les réunions ou des opérations liées à un transfert. Florian Maurice, depuis cette année, a obtenu à lui seul les clés du recrutement, et le mercato lyonnais fut bouclé en trois semaines. Il a reçu du renfort, notamment des scouts ainsi que Gérard Bonneau, qui va désormais recruter des joueurs plus confirmés.
Le poste de directeur sportif est à l'étude avec comme principal candidat Juninho, ou Florian Maurice qui pourrait également être une solution de repli, ce qui serait une récompense de son travail acharné ces dernières années.
Avec ces caractéristiques, nous pouvons constater que Jean-Michel Aulas commence à léguer une partie de son pouvoir (le poste de directeur sportif), prend moins de place dans les décisions sportives de son équipe notamment pour les transferts et laisse désormais les clés aux personnes compétentes (du moins celles qu'il pense compétentes).
Cependant, cet excès de régionalisme dans la promotion de certains postes ne sont pas en adéquation avec le standing visé par le président de l'Olympique Lyonnais, alors que son modèle économique avance désormais à pleine vitesse.
En ce qui concerne la méthode de management de Jean-Michel Aulas, se dirigerait-il vers une méthode plus anglicisée comme ses homologues anglais? C'est-à-dire en se faisant moins présent dans les médias, plus en retrait sur la scène médiatique, tout en partageant le pouvoir décisionnel de chacun des dirigeants de la section sportive.
L'Olympique Lyonnais se trouve donc à la croisée des chemins, à un stade où il possède presque toutes les armes afin de tutoyer de nouveau les sommets européens et de s'y installer durablement. Mais il doit avant tout assumer, puis corriger ses imperfections au niveau de sa politique sportive afin qu'elle se corrèle avec la politique économique.
L'OL a les cartes en main. Il n'y a plus qu'à.