Rappelons tout d’abord le fonctionnement des éliminatoires pour la coupe du monde 2014 : un premier écrémage a été effectué l’année dernière (1er tour) puis se dispute actuellement le 2e tour ou 40 nations sont réparties en 10 groupes de 4 équipes. Les 10 premiers de chaque groupe s’affronteront en matchs aller-retour, ce qui nous donnera cinq affiches pour le 3e et dernier tour. Les 10 équipes seront séparées en deux chapeaux directement indexés sur le classement FIFA en vigueur. Les cinq vainqueurs de ces doubles confrontations composteront définitivement leur billet pour le mondial brésilien et rejoindront les 27 autres nations du reste au monde.
Le premier coup de tonnerre a frappé dans le groupe A avec l’élimination de l’Afrique du Sud, pays organisateur de la coupe du monde 2010 et de la dernière Coupe d’Afrique des Nations 2013. Les Bafana Bafana se sont inclinés 2-1 à Addis Adeba face à l’Ethiopie (modeste 106e nation FIFA) qui est l’une des sélections surprises du 3e tour. A une journée de la fin, les hommes d’Ingesund pointent à 5 longueurs de son adversaire du soir et disent adieu à la compétition suprême. L’ « effet coupe du monde 2010 » et l’organisation de la CAN n’auront pas eu les retombées escomptées pour un football sud-africain toujours en dessous des objectifs voulus (1er tour de la coupe du monde, quart de finale de la CAN et élimination dès le 2nd tour des éliminatoires d’un groupe largement à leur portée, composé du Botswana (37e nation africaine et 127e mondiale à la FIFA) et de la République Centrafricaine))
Du côté des favoris ou du moins des nations confirmées régulièrement présentes aux dernières compétitions continentales et mondiales, nous pouvons noter la qualification aisée de la Tunisie qui avec 11 pts et 5 d’avance sur le Cap Vert a déjà assuré sa qualification depuis la 4e journée et un match nul à Freetown face au Sierra Leone (2-2). La surprise réside dans ce groupe sur la faible résistance cap verdienne, véritable révélation de la dernière CAN dans laquelle les troupes d’Antunes (Ex facteur devenu sélectionneur !) ont atteint les ¼ de finale pour leur première participation à la Coupe d’Afrique. Dans le groupe C, ultra logique qualification des Eléphants de Côte d’Ivoire. La « Selephanto » a officialisé sa qualification au dernier tour ce Dimanche au prix d’une victoire face à la valeureuse sélection de la Tanzanie qui a longtemps tenu la dragée haute aux partenaires de Yaya Touré à Dar Es Salaam (2-4). Son principal poursuivant, le Maroc malgré une victoire la veille face à la Gambie à Marrakech (2-0) se retrouve définitivement écarté de la course à la coupe du monde, relégué à 5 points et qui ne reverra pas le gratin mondial, 15 ans après leur dernière qualification (génération des Mustapha Hadji, Bassir ou encore Naybet) au mondial 1998 en France. A deux ans d’une CAN qu’elle va organiser, la nation marocaine va vite devoir insuffler une nouvelle dynamique et une rigueur parfois douteuse (l’épisode Tâarabt-Gerets il y a environ deux ans) pour retrouver des sommets mondiaux atteints durant la fin des années 1990 ou encore continentaux au milieu des années 2000 (finale de la CAN 2004). Dans le groupe H, l’Algérie a assuré sa qualification au prix d’une victoire pleine de maîtrise à Kigali face au Rwanda (0-1). Un but du joueur de Bologne (Série A) Saphir Taïder aura suffi au bonheur des Fennecs entraînés par Vahid Halilhodzic, qui sont assurés de finir leader du groupe, grâce au match nul du Mali face au Bénin (2-2). Après une CAN difficile dans laquelle elle n’a gagné aucun match, la nation algérienne est à deux matchs de disputer une quatrième coupe du monde et la deuxième consécutive après les glorieuses qualifications pour les coupes du monde 1982,1986 et récemment 2010. Retour en force de la 35e nation FIFA qui a répondu présent après des querelles internes entre « Coach Vahid » et la fédération après cette CAN ratée. Tout le mérite en revient au bosniaque.
Dans la rubrique « groupes à suspense », certains favoris sont en ballotage favorable mais pas assurés de disputer le trophée Jules Rimet. Dans le groupe D, les Black Stars du Ghana comptent un point d’avance sur la Zambie, vainqueur surprise de la CAN 2010. La finale du groupe aura lieu le 6 Septembre au Ghana et un match nul suffira au quart de finaliste du dernier mondial. Le dernier champion d’Afrique, le Nigéria se retrouve dans une situation quasi similaire. Les coéquipiers de John Obi Mikel comptent 2 points d’avance sur le Malawi qu’ils recevront au dernier match. Seule une défaite serait éliminatoire pour ce qui constituerait LA surprise de ces qualifications. Le Sénégal, dans le groupe J est aussi en ballotage favorable. Avec un point d’avance sur l’Ouganda, les Lions de la Teranga n’ont jamais été aussi proche d’une éventuelle qualification pour la Coupe Du Monde, ce qui serait une première depuis 2002 et la coupe du monde en Asie dans laquelle ils avaient battu le champion du monde sortant de l’époque, la France, alors en totale perdition, sur un but de Papa Bouba Diop (0-1).
Dans les grandes nations en ballotage défavorable, deux grandes surprises se dégagent de ces phases de poule : le Cameroun, recordman des participations à la phase finale du tournoi (six participations) et quadruple vainqueur de la CAN, n’a jamais été aussi proche de la sortie avec son match nul face à la RD Congo (0-0). Les Lions Indomptables comptent maintenant deux points de retard sur l’étonnante Libye. Toutefois le hasard du calendrier faisant bien les choses, celui-ci offre une finale dans laquelle le Cameroun recevra la Libye. Seule une victoire les emmènera au 3e tour ce qui au vu des performances récentes, n’est pas acquis. Nous pouvons ajouter à cette le Burkina Faso, qui malgré son statut de finaliste de la dernière CAN, et nation ultra offensive ayant offert, malgré la qualité déplorable des pelouses où se jouaient certains de leurs matchs, symbolisée par la doublette Alain Traoré-Jonathan Pitroipa, n’est pas assurée de continuer l’aventure. Toutefois les Etalons ont arraché le droit à un sursis au prix d’une victoire face au Congo, leader qui comptait 4 points d’avance et dont un point aurait été synonyme de qualification pour les matchs aller-retour du 3e tour. Mais un but d’Aristide Bancé, l’attaquant de Bundesliga à la chevelure peroxydée inscrit à la 81e minute donne une chance aux joueurs de Paul Put qui n’ont toutefois plus leur destin entre les mains.
Dans la catégorie du come-back, le septuple champion d’Afrique, l’Egypte a lui assuré avec un sans-faute (15 points sur 15) sa qualification pour la suite. Les Pharaons semblaient avoir disparu du radar depuis 2010 et son dernier succès en CAN. L’équipe entraînée par Bob Bradley (1/8 de finaliste avec les Etats Unis en 2010) avait échoué de peu il y a quatre ans après le fameux match d’appui face à l’Algérie à Khartoum au Soudan (1-0). Ce serait leur 3e coupe du monde et la première depuis 1990, une éternité.
Cette exhaustive revue de ces éliminatoires montre une certaine évolution du football africain. Durant les trente premières années de la coupe du monde, l’Afrique était absente pour connaître depuis 1998 cinq représentants, ce qui n’est pas énorme mais déjà un grand pas en avant. Une nouvelle colonne vertébrale semble se dessiner avec l’alliage entre nations confirmées depuis plusieurs années et sélections qui pourraient confirmer avec une deuxième phase finale consécutive. Certaines nations se voient contestées, sûrement par péché de surdose de confiance ou par difficulté de renouvellement de cadres vieillissants. Certaines sélections pourraient faire office de revenants sur la scène mondiale. Ce qui dénote qu’en Afrique, plus aucune nation n’est à l’abri car les nations réputées « petites » comblent de plus en plus au fil des années le retard accumulé sur les dernières décennies et la zone Afrique est surement l’une des plus attrayantes en termes de suspense avec plusieurs finales de poule qui se disputeront en Septembre. Ce qui est un indicateur d’un nivellement par le haut du football africain. Toutefois les grandes nations du continent et qui disputent la CAN ont régulièrement du mal à se qualifier pour la CDM et les mondialistes africains à défaut de se qualifier ont du mal à briller sur la scène continentale. Mais ces irrégularités font l’exotisme et le charme de ce football africain. Au plus grand bonheur des amateurs de football et du public brésilien et mondial qui découvriront de belles nations en 2014.