« Le travail paie toujours ». La maxime est souvent utilisée, parfois à tort. Mais pour le coup, elle résume parfaitement ce joueur à la trajectoire inhabituelle. Natif de Besançon (25), il n'a jamais fréquenté de centre de formation. Le foot a pourtant toujours dicté sa vie. Trop ? C'est l'avis de ses proches quand il délaisse ses études et son baccalauréat en 2011 : « J'avais trop d'absences, les cours me soûlaient un peu. A l'époque, je m’entraînais avec Besançon qui évoluait alors en National (saison 2011-2012) et je misais tout sur le foot. »
Avant ça, Kevin fait ses gammes en CFA2 puis en CFA avec les Bisontins. Mais quand arrive le National, il joue peu, trop peu : « Je n’enchaînais pas les matchs. C'est difficile quand on n'a pas la confiance du coach ! »
Alors quand le BRC* met la clé sous la porte après son année en National, « Kev » plie bagages pour retrouver le CFA avec l'ASM Belfort (90). Deux premières saisons en deçà de ses capacités avant la troisième qui le voit (enfin) exploser : 11 buts et 15 passes décisives qui permettent à son club d'accrocher la montée en Nationale. Au terme de cette saison aboutie, des clubs pros s’intéressent logiquement au numéro 10 belfortain : « Quand j'ai vu qu'on venait me superviser, j'ai commencé à travailler avec quelqu'un pour bien gérer la situation. Lens, Créteil et l'ETG s'intéressaient à moi. J'ai finalement choisi Evian pour son projet. »
Coéquipier d'Hoggas à Belfort, Maxim Moureaux se réjouit pour son pote : « Il a pris de la confiance l'année dernière, c'est ce qui lui a permis de faire une grosse saison. Il a fait le bon choix en rejoignant Evian. C'est un mec avec une très bonne mentalité sur le terrain et en dehors. Je sais qu'il n'oubliera pas ses amis (rires). »
« Rendre un peu de ce que mes parents m'ont donné »
Quand il débarque en Savoie, Kevin est logé dans un hôtel au bord du lac Léman, « juste une question de temps ». La préparation est rude, mais ça ne l'effraie pas. Actuellement en stage de pré-saison à Megève, il a trouvé du temps de jeu au cours des premiers matchs de préparation : « J'ai joué une heure le premier match (victoire 7-1 face à une sélection régionale) et trente minutes contre Bourg-Peronnas dernièrement. Quand j'ai effectué mes premières séances avec le groupe, j'ai tout de suite vu que c'était du haut niveau. Techniquement, physiquement, tout est plus élevé ! »
Sur le terrain, le meneur de jeu a des faux-airs de Javier Pastore. Le genre de joueur capable de trouver la faille d'un simple coup de patte. Mais avant tout un garçon qui n'a jamais lâché ses objectifs : « J'ai toujours espéré, toujours cru en ma réussite. Aujourd'hui, je pense que mes parents sont encore plus heureux que moi. Ils m'ont toujours soutenu et vingt ans après je signe pro. Mais je ne m'enflamme pas, je ne vois pas ça comme un aboutissement. Je vais bosser dur pour gagner du temps de jeu le week-end. »
Pugnace, le garçon a trois saisons pour prouver aux dirigeants savoyards que sa réussite dans le monde pro n'est pas qu'une douce utopie. Et tenter de rendre toujours plus fier son entourage.
* Besançon Racing Club