Pinault lâche les sous
Retro 2000. François Pinault ou l'homme qui en a pleins les poches, qui est chaud-bouillant et qui veut tout casser. Après avoir racheté le Stade Rennais au bord de la rupture économique, il se voit déjà en patron du foot. Sa vision est simple : acheter et signer des gros joueurs. C'est l'unique manière selon lui de composer une équipe capable de gagner des titres. Rennes, avec 58 millions d’euros misés dans le mercato estival, dont 21 millions rien que pour Severino Lucas et 12 pour Mario Turdo, devient le 6e club le plus dépensier d'Europe. Rien que ça. Pour quoi ? Zéro résultat sportif. Un flop d'une telle importance que Pinault, bien qu’il ne l’ait jamais publiquement reconnu, s’est certainement dit à ce moment-là qu’on ne l’y reprendrait plus à miser dans l’achat de joueurs. Fini de jouer au poker, dès le début des années 2000, il commence à lâcher l’affaire au fiston François-Henri, lequel engage Pierre Dréossi.
Une politique de rigueur est donc mise en place. Radin ? Non, économique. Le Stade Rennais va s'appuyer sur une génération dorée, celle de 2003, lors de la victoire des jeunes en Coupe Gambardella. 13 ans plus tard, la vision de l'effectif est toujours la même, lassante, comme un goût de déjà vu, avec un groupe de joueurs qui mélange jeunes du centre de formation et joueurs expérimentés. Mais, cet été, les choses changent et, n'en déplaisent aux spécialistes, la politique de l'actionnaire majoritaire aussi. Faire "péter" la caisse à nouveau en achetant certes malin, mais cher, quitte à voir du spectacle à Rennes avec des joueurs qui ne sortent pas de la réserve. Eh oui, on espère enfin que les journalistes arrêteront de dire "C'est toujours la même chose à Rennes. Au début on y croit, puis tout tombe à l'eau". François Pinault, dans les colonnes de Ouest-France a déclaré : « Il y en avait besoin, non ? Il y a eu de bons recrutements, je crois, cet été. Empiler des joueurs moyens ne sert à rien. Il faut avoir de très bons joueurs, et en quantité suffisante. Une fois que l’on a dit cela, ce n’est pas si simple… Il faut aussi un peu de sagesse et d’expérience. Mais il vaut mieux la folie de la jeunesse en excès que des joueurs installés dans le confort. » A en croire que Pinault "himself" en a marre de ne pas jouer l'Europe et de ne pas titiller les grandes écuries. Et pourquoi ne pas y croire au SRFC 2017-2018 ?
Christian Gourcuff et son effectif
Arrivé libre l'été dernier au Stade Rennais, Christian Gourcuff a dû très vite s'adapter, lui qui avait déjà été coach du SRFC lors de la saison 2001-2002. Entre temps, de 2003 à 2014, il avait notamment été l'entraîneur du FC Lorient, évoluant alors en Ligue 1 (courage les Merlus, sortez vainqueurs de la Domino's). Puis de 2014 à 2016, il a entraîné la sélection algérienne. Il retrouve donc à Rennes des joueurs et des connaissances, plus ou moins proches. 14 ans après avoir quitté le club breton, il revient par la grande porte. Son objectif dans un premier temps étant de dégraisser l'effectif. Chose très complexe, puisqu'avec plus de 40 contrats pros, le mot "pléthorique" n'a jamais aussi bien tenu son rôle. Il a donc dû fonctionner pendant une saison avec des joueurs qu'il ne souhaitait pas forcément, bricoler une équipe tout en sachant que les meilleurs partiraient. Mais, depuis cet été, le coach a mis les points sur les "i" et a lui aussi fait comprendre que les tergiversations étaient terminées. Pinault le laisse donc gérer son effectif comme bon lui semble,et Gourcuff fait donc son ménage de printemps au sein de l'équipe. La méthode cruelle du moment ? Le loft. Ainsi, voici la liste des joueurs "laissés pour compte" dans la saison 2017-2018, ceux qui ne joueront pas parce Papy Gourcuff fait de la résistance : Clément Chantôme, Mehdi Zeffane, Yacouba Sylla, Kermit Erasmus, Dimitri Cavaré ou encore Anthony Ribelin. On peut aussi mentionner Giovanni Sio et Wesley Said, deux joueurs que l'entraîneur ne souhaitait plus, et qui s'envolent respectivement pour le MHSC et le DFCO. Une situation délicate à gérer donc pour Christian Gourcuff, qui doit faire des choix entre tous, mais tout de même respecter les exclus. Ainsi, Giovanni Sio, désormais ancien attaquant des Rouge et Noir s'est lâché sur sa confrontation avec son ancien entraîneur : « M. Gourcuff a été bien content de pouvoir compter sur moi à des moments cruciaux de la saison. En ce sens, il aurait été mieux de me dire qu’il ne souhaitait pas continuer à bosser avec moi plutôt que de faire envoyer un texto par l’intendant. » Avant de terminer : « Je garderai toutefois de bons souvenirs de ces deux saisons à Rennes. Rendez-vous le 28 octobre à la Mosson. Je serai ravi de revoir M. Ruello et mes ex-coéquipiers. » Rendez-vous pris !
Ruello et sa politique de recrutement
Avant d'être président du Stade Rennais FC depuis 2014, René Ruello l'avait été de 1990 à 1998, puis de 2000 à 2002. C'est lors de cette dernière période qu'il avait travaillé avec Christian Gourcuff, c'est donc avec l'idée de retravailler avec ce-dernier que René Ruello débarque une 3e fois à Rennes. Depuis 2016, les deux hommes travaillent ensemble, mais le travail a réellement commencé cette année. Le recrutement effectué est l'aboutissement de longues réflexions pour finalement obtenir un assemblage de jeunes joueurs et d'expérimentés. Dès lors, on peut noter 6 nouvelles recrues.
Hamari Traoré, en provenance de Reims. Le latéral droit, connu pour son type de jeu tourné vers l'attaque, a été le meilleur joueur du Stade de Reims l'an passé. Son nouveau coach avait même comparé son profil à celui de Dani Alves. Comme dirait notre bon vieux Paganelli (Paga pour les intimes) - "en tout cas on te le souhaite". Traoré, sauf blessure, sera titulaire dans cette formation rennaise. Il est suivi de Faitout Maoussa. Arrivé de Nancy, le défenseur gauche vient s'inscrire dans un système où le coach veut le voir en tant que milieu gauche. Et ça marche. 2 buts en 2 matchs de présaison pour le joueur international français (U20). Chapeau l'artiste ! Irréprochable pour le moment, il est donc logiquement titulaire sur l'aile gauche pour la saison. Benjamin Bourigeaud vient s'ajouter aux deux précédentes recrues. Un troisième joueur made in Domino's Ligue 2 (décidément, elle donne envie). Provenant du RC Lens, il quitte son club formateur pour rejoindre le Stade rennais. Auteur de 3 buts et 6 passes décisives la saison dernière, il a déjà été remarqué pour son coup-franc magnifique inscrit contre le SM Caen. Il sera en concurrence directe pour un poste de titulaire dans l'axe du terrain. Brandon Thomas et Jordan Tell viennent compléter ce mercato. Brandon arrive du RCD Majorque et compte bien se montrer dans le premier championnat français, lui qui sera logiquement la doublure de l'attaquant de pointe, numéro 9 que l'on attend toujours du côté du Roazhon Park. Tell, lui, arrive plus sur la pointe des pieds (désolé, si c'était Guillaume, il serait arrivé en héros, mais c'est Jordan). Formé au SM Caen, l'attaquant U20 français évolue en attaque. Pour son ancien entraîneur, il peut être la bonne surprise de cette année. Reste à savoir si le coach Gourcuff compte lui laisser sa chance, alors que l'on voit mal comment il pourrait grapiller du temps de jeu.
Finalement (car oui, le meilleur, c'est toujours pour la fin), Ismaila Sarr a été transféré à Rennes. 17 millions ! Deuxième recrue la plus cher du club, depuis l'excellent souvenir que nous laisse Severino Lucas... Ne cherchez plus, elle est là, la pépite du SRFC, l'attraction de cette année chez les Rouge et Noir, le joueur à suivre (même si on a parfois du mal, il va vite quand même). 5 buts en 31 matchs, des percussions de folie qui font vibrer les plus grands cadors du foot européen, si bien que le FC Barcelone, l'AS Monaco ainsi que quelques clubs allemands et anglais avaient pris leurs renseignements sur ce jeune joueur encore totalement inconnu en Europe il y a un an. René Ruello se sentit donc obligé de justifier son investissement pour l'ailier de 19 ans en provenance de Metz : "Ce sont des sommes importantes, bien sûr, mais qui, dans le milieu du football, sont bien éloignées de ce que l'on peut voir pour d'autres joueurs. Des joueurs, certes, confirmés. Mais Ismaïla, on peut considérer qu'il a tout le talent nécessaire pour jouer au plus haut niveau un jour", a expliqué le dirigeant de Rennes à nos confrères de Ouest-France.
Résultats des matchs de présaison
Sion - Rennes : 1-0
Rennes - Brest : 2-1
Caen - Rennes : 1-2
Pronostic
Avec des jeunes du centre de formation qui ne cessent de se faire remarquer (champion de CFA oblige), des joueurs d'expérience et des recrues de renom, le Roazhon Park est prêt à vibrer. Gourcuff a beau être adepte du football total, on va aussi avoir le droit à des joueurs de vitesse qui vont nous offrir du "football champagne". Les ingrédients sont donc nombreux du côté de la Bretagne pour que l'on parle d'un seul et unique objectif : l'Europe (bien que Total Régal soit également en point de mire) !