Jouer la lanterne rouge, lancée dans une opération commando pour sauver sa peau dans l'élite, qui venait de remporter deux victoires en deux matchs (trois, en comptant la Coupe de France), qui jouera dorénavant tous ses matchs à l'extérieur avec l'attitude de ceux qui n'ont plus rien à perdre... autant d'éléments qui donnaient à cette réception du FC Metz toutes les couleurs du match piège. Un piège dont le DFCO a paru bien vite se tirer, au bout de seulement 30 secondes. Un piège dans lequel les Bourguignons sont finalement tombés, à quelques minutes de la fin. Le pire ? C'est que c'est mérité.
Les joueurs :
L'homme du match : Rosier (7) : un peu par défaut. Très certainement dans le top 3, il n'aurait sans doute pas été l'homme du match sans les erreurs tardives de Balmont et Djilobodji. N'empêche qu'il a encore sorti un très bon match. Parfois un peu léger en défense mais sans catastrophe, il a encore joué au lapin Duracell, présent tout au long de son couloir, l'arpentant comme un rôdeur sillonnerait la Terre du Milieu. Avec au bout du compte, de très bons gestes et un centre qui n'a dû qu'à une superbe envolée de Kawashima de ne pas devenir décisif. Et un sévère manque de bol en fin de match, avec ce dégagement contré sur l'égalisation messine. Un latéral pour les gouverner tous ?
Reynet (6) : franchement, c'est moche de faire ça à un gardien. Le laisser pioncer 80 minutes puis venir le réveiller juste avant la cloche. Quel manque de fair-play ! Le portier dijonnais n'en a néanmoins eu cure, en s'interposant parfaitement devant Milicevic puis à deux reprises devant Nolan Roux. Et sur le but messin, il ne peut absolument rien faire. Car franchement, pour réussir à anticiper qu'une reprise de volée de Nolan Roux à l'entrée de la surface allait être cadrée...
Yambéré (6,5) : un match sans histoire. Des interventions à bon escient, un placement sérieux, une bonne lecture du jeu. Bref, quasiment aucun point noir, à part ce dégagement raté en fin de match qui se transforme en passe décisive pour Roux. Une demie erreur, car difficile de ne pas se manquer vu comme le ballon lui arrive. En gros, le genre de partie qui te met bien les boules en tant que défenseur : une copie très bonne, mais un vieux but en fin de match qui te coûte deux points. Les boules, clairement.
Djilobodji (6,5) : en voilà un qui aurait pu finir homme du match. Car s'il a réalisé un match similaire, dans le sérieux et l'implication, à celui de Yambéré, il a en plus rajouté ce petit surcroît d'autorité qu'on attend d'un patron de défense. Mais au bout du compte, il y a ce "rage-quit" en fin de match qui vient ternir sa prestation. D'accord, c'est sur un messin en général et sur Nolan Roux en particulier, donc c'est presque pardonnable mais quand même. Ceci dit, on peut comprendre le pétage de plombs du sénégalais. S'arracher défensivement tout le match, gueuler pendant tout le dernier quart d'heure au bloc de remonter et finir par se prendre un but franchement malchanceux à force de ne pas mettre le pied sur le ballon. Son coup de gueule en quittant le terrain atteste au moins d'une chose : contrairement à d'autres joueurs prêtés sans option d'achat, lui est totalement impliqué dans le projet dijonnais.
Haddadi (2,5) : bon, Oussama, il faut qu'on parle. Franchement, on t'aime bien. T'es un bon mec, t'as un bon état d'esprit, t'es impliqué... bref, là-dessus, rien à redire. Mais des matchs comme celui-là, ce n'est simplement plus possible ! Surtout que ce n'est pas le premier... Complètement aux fraises défensivement, le Tunisien a en plus goinfré une énorme occasion à la 58e. Normalement, quant au code de la route du foot, tu tombes sur la question : "Dans cette situation, je dois : A. tenter la frappe B. adresser une passe tendue dans les pieds de mon attaquant, C. la passer au gardien adverse ou D. alors acheter des burritos, tu réponds tout, mais pas C ! Et ben lui si. Un geste qui, franchement, n'est pas loin d'être aussi préjudiciable que la bourde Balmont. Une grosse, grosse remise en question est nécessaire pour lui.
Abeid (4) : il fait partie de ceux qui ont été touchés pendant ce match par un étrange phénomène de dissociation, parfois appelé dépersonnalisation. Autrement, dit le fait de voir apparaître une déconnexion entre le corps et l'esprit. Car si l'Algérien était bien physiquement sur le terrain face à Metz, son esprit était très clairement déjà en train de fouler la pelouse du Parc de Princes. Le problème, c'est que son équipe, empêtrée dans ses transitions défense-attaque, aurait bien besoin de lui, et notamment les 37 piges de papy Balmont, qui a fini sur les rotules à force de tout faire tout seul. Si l'entrejeu dijonnais n'avait pas autant besoin de lui entre la blessure d'Amalfitano et les atermoiements de Xeka, ça mériterait presque de passer le match de mercredi bien installé en tribune présidentielle.
Balmont (6) : putain, Florent ! Quel casse-pieds ! Pourquoi cette erreur de fin de match ? Tu te rends compte de ce que ça implique ? Quoi le match nul ? Non mais on s'en fout de ça, mais à cause de toi, on a été obligé de se creuser pour trouver un autre homme du match, alors qu'on était tous d'accord jusque-là pour te décerner le titre ! Aucun respect, sérieux... sortir un match de patron comme ça, son meilleur sous les couleurs dijonnaises depuis très longtemps, autant dans la récupération de balle (ce tacle dans la surface sur une mauvaise remise de Kwon !) que dans l'animation du jeu, et se manquer à quelques minutes de la fin, c'est plus que rageant. Mais à sa décharge, il était sur les rotules depuis un bon quart d'heure et c'est lui que Marié aurait dû remplacer plutôt que Sammaritano.
Sliti (5) : le péché d'altruisme par excellence. Passeur décisif parfait pour Tavares dès la première minute de jeu, il s'est dit qu'il allait continuer à distribuer les étrennes à ses coéquipiers tout à long du match. Mais trop de générosité tue la générosité ! Le symbole est cette action à la 42e où il choisit la passe pour Jeannot alors qu'il aurait mille fois dû tenter la frappe. On reproche souvent aux joueurs techniques et adeptes des dribbles d'être trop égoïstes, lui en est l'antithèse, parfois à l'excès. Dommage, car sur ses prises de balles, il créé le danger très souvent et attire à chaque fois plusieurs joueurs à lui. Un vrai plus offensivement. Assez transparent après la pause, il est logiquement sorti.
Remplacé à la 66e minute par Saïd (non noté). Visiblement, il n'a toujours pas digéré ses excès (supposés !) de fin d'année qui lui avaient valu une aussi piteuse note après le match à Strasbourg. Une entrée insignifiante, et même contre-productive puisqu'il n'a pas réalisé suffisamment le boulot défensif. Atteint du même mal qu'Abeid, apparemment...
Sammaritano (6) : lui a fini par digérer les abus de bûche et de champagne. Il lui aura fallu pour ça une mi-temps, sa prestation du premier acte étant franchement piteuse, avec énormément de mauvais choix et de déchet technique. Mais c'est à croire qu'il a évacué pendant la pause ce qui lui était resté sur le bide. Car quelle deuxième mi-temps ! Agressif à la récupération, faisant plus de boulot défensif qu'Haddadi, il a été dans tous les bons coups offensivement, avec à la clé deux grosses occasions, une reprise de la semelle sur un centre de Tavares, détournée par Kawashima et qui échoue sur le poteau, puis une magnifique reprise acrobatique à la Ludovic Giuly, encore repoussée par le porter messin. Son remplacement est un choix très étonnant et contestable de la part d'Olivier Dall'Oglio, car il semblait avoir encore du feu dans les jambes.
Remplacé à la 82e minute par Marié (non noté). Dans un moment où les dijonnais n'avaient quasiment plus le ballon, il n'a rien apporté, malheureusement même pas la solidité pour laquelle son coach avait surement choisi de le faire rentrer. Très dommage.
Jeannot (4) : pas à son poste, pas souvent servi, l'ancien lorientais n'était pas dans les meilleures conditions pour parvenir à faire quelque chose d'intéressant. Ajouté à ça qu'il a multiplié les mauvais choix et que la seule fois où il était bien placé, Haddadi s'est loupé dans les grandes largeurs, et ça donne un match insipide et surement assez désagréable pour lui. On lui accordera toutefois qu'il n'a pas rechigné aux tâches défensives et que son jeu sans ballon ait aidé à créer quelques espaces. Logiquement sorti à 20 minutes de la fin.
Remplacé à la 71e minute par Kwon (non noté), auteur d'une entrée absolument catastrophique. Que des ballons perdus, des mauvais choix, des erreurs techniques, bref l'exact opposé de la qualité technique à laquelle il nous a habitué. Au point de mettre son équipe en danger, comme avec cette passe en retrait totalement loupée, heureusement sauvée in extremis par Balmont devant Cohade. Méconnaissable.
Tavares (6) : la saison des records. Auteur du 100e but du DFCO en Ligue 1, devenu meilleur buteur de l'histoire du club, il s'est cette fois offert le record du but le plus rapide du club dijonnais en Ligue 1 (et également de but le plus rapide de cette saison 2017/2018), avec cette action somptueuse au bout de 30 secondes de jeu. Après la talonnade en angle fermée de la semaine passée, cet enchaînement dribble de l'extérieur du pied/grand pont/frappe enroulée annonce un très grand cru 2018 pour le cap-verdien. Il aurait pu être le bourreau complet des messins en devenant passeur décisif pour Sammaritano, mais la reprise de celui-ci, touchée par Kawashima, a échoué sur le poteau. Et si, dans le jeu, on l'a connu plus étincelant, il n'y pas à se tromper : lui était bien corps et esprit à Gaston Gérard.
Le match :
Au-delà des deux points bêtement perdus, de ce but improbable encaissé à quelques minutes du coup de siflet final, du carton rouge (synonyme de plusieurs matchs de suspensions...) récolté par Papy Djilobodji, ce match contre le FC Metz laisse un goût amer. Car les dijonnais avaient tout en main pour récolter une sixième victoire consécutive à domicile. Un effectif presque au complet, une ouverture du score d'entrée de jeu, un match face à une équipe déjà battue cette saison... Mais pour cela, encore aurait-il fallu que les hommes d'Olivier Dall'Oglio fassent preuve de davantage d'envie et d'implication. La critique vaut principalement pour les milieux et les attaquants (à l'exception de Balmont et Tavares), la défense ayant fait le boulot. Avec visiblement déjà la tête au Parc des Princes pour y affronter le PSG, certains joueurs ont joué beaucoup trop en dilettante, prenant par dessus la jambe une équipe messine dont on savait pertinemment qu'elle jouerait sa chance à fond.
Une attitude qui a de quoi agacer car jouer un match de gala contre le PSG comme va l'être celui de mercredi, ça se mérite ! Ce devrait être une récompense pour ceux qui ont tout donné sur le match d'avant. Et certainement pas un motif pour lever le pied au match précédent, sous prétexte qu'en plus c'était la lanterne rouge en face.
On a également pu voir que le DFCO n'avait pas réglé certaines de ses mauvaises habitudes, en particulier cette propension à reculer lorsque l'équipe mène au score. Avec en prime, une erreur de coaching de la part d'Olivier Dall'Oglio, qui a choisit de remplacer un Sammaritano encore à fond plutôt qu'un Balmont qui avait tout donné et était crevé, dans une tentative hasardeuse de bétonner. Hasardeuse car, l'expérience nous l'a prouvé, quand le DFCO la joue petit bras, ça ne fonctionne que très rarement.
Il y a néanmoins quelques éléments positifs à tirer de ce match. D'une part, certaines prestations individuelles (la défense en générale, à part Haddadi, avec Rosier notamment ; Balmont ; Tavares). D'autre part, le fait que malgré ce mauvais résultat, le DFCO grappille une place au classement, pointant à la 9e place. Un classement satisfaisant, dont les bourguignons ne doivent toutefois pas se contenter car derrière, la lutte est âpre et car la zone de relégation n'est qu'à 6 points. D'autant qu'avec deux déplacements à venir, mercredi à Paris et samedi à Strasbourg, le DFCO va avoir une semaine compliquée. Espérons que ceux qui se sont économisés contre Metz auront à cœur de se racheter... et qui sait, de créer l'exploit face au leader du championnat.