La fessée reçue au Parc, au-delà de ses conséquences sur le classement et la différence de buts, portait surtout le risque de voir le groupe dijonnais ne pas se relever du traumatisme. Le déplacement à Strasbourg a certes accouché d’une nouvelle défaite, mais sur un terrain à côté duquel un champ de patates aurait ressemblé à un green de golf et en faisant face à des décisions arbitrales pour le moins contestables, le DFCO a montré du caractère, en parvenant à se relevé d’une entame catastrophique. Rageant à bien des égards mais de bon augure pour la suite.

Les joueurs :

L’homme du match : Haddadi (2) : une fois n’est pas coutume, l’homme du match ne sera pas le meilleur joueur mais celui qui aura été à l’image de l’équipe : un début de match catastrophique, une réaction pleine de caractère pour revenir à hauteur et une naïveté préjudiciable en fin de match. Deux pénaltys provoqués, pas irréprochable sur l’ouverture du score, auteur du but égalisateur… le tunisien aurait été dans tous les coups, les bons comme les mauvais. A un poste qui n’est pas le sien, il a prouvé que la défense pure n’était pas son point fort, mais à néanmoins livré 60 minutes correctes à ce poste (de la 20e à la 80e, en gros). Pas suffisant pour sauver son bilan vu sa responsabilité sur les trois buts mais inutile de tirer sur l’ambulance.


Reynet (7,5) : un but sur lequel il est masqué et où ses défenseurs jouent les danseuses, deux pénaltys où il part du bon côté mais qui sont parfaitement tirés. La rage. Sauvé par sa barre dès la 4e, il s’est parfaitement interposé dans la seconde suivante devant Blayac, a réalisé une autre très belle parade à la 44e sur une tête à bout portant de Mangane et s’est imposé en toute fin de match face à Terrier, pour garder le suspens intact jusuqu’au bout. Pas si mal pour un mec qui a pris 11 buts en 4 jours.


Chafik (4,5) : a délivré une passe décisive un peu chanceuse pour la réduction du score Tavares et a ensuite loupé quasiment tous ses centres. Défensivement ni mauvais ni étincelant, il a fait le taf, sans plus. A sa décharge, vu son goût marqué pour les tacles glissés, on comprend que le risque de rester bloquer dans la fange de la Meinau ait quelque peu refroidi ses ardeurs.


Yambéré (4,5) : pas vraiment en cause sur les trois buts strasbourgeois, il s’est un peu rassuré défensivement mais a montré que, orphelin de Djilobodji et Varrault, il n’avait pas encore les épaules pour endosser le costume de patron des lignes arrière. Une tête toute foirée sur coup-franc qui s’est transformée en passe décisive pour Haddadi, une autre dans les nuages sur corner. Christopher Jullien sans la précision.


Rosier (4,5) : c’est bien la peine de museler Neymar pour ensuite se faire passer comme un bleu par Nuno Da Costa ! Dommage, car avant ça, il avait réalisé un match satisfaisant, peu embêté défensivement par le duo Gonçalves / Lala, et intéressant dans ses tentatives offensives. Dur de s’en passer.


Abeid (3,5) : ne parvient pas à reprendre la dynamique positive qu’il avait enclanché en fin d’année. Sans inspiration ni génie dans l’organisation, peu d’impact à la récupération, globalement l’ombre de lui-même. Presque douloureux de le voir ainsi. C’est trop dur, on s’arrête là.


Balmont (4,5) : mine de rien, le meilleur milieu de terrain sur les deux derniers matchs joués par le DFCO (le match à Paris ne compte pas, puisqu’on ne l’a pas joué). Ce qui en dit long sur sa capacité de rebond mais aussi sur l’état de l’entrejeu dijonnais lorsqu’il est privé d’Amalfitano. En même temps, c’était un match pour lui. De la boue et du combat. Un vrai paradis.
Remplacé à la 81e minute par Jeannot (non noté), qui a eu l’impression d’entrer sur un ring de catch féminin version Fort Boyard et a erré comme une âme en peine.


Xeka (3,5) : un ballon volontairement et intelligemment laissé passer pour Tavares sur le but du cap-verdien, beaucoup d’autres laissés passer bien moins volontairement et intelligemment pour les joueurs strasbourgeois et un premier laissé passer sur la frappe d’Aholou, à qui il tend le fessier en mode danseuse. Quelques beaux mouvements mais n’est pas Iniesta qui veut. Pas un grand match, pas son pire non plus.


Sliti (6) : produire un minimum de jeu et de technique sur une patinoire de terre glaise relève de la gageure mais il y est parvenu. Détonateur du jeu dijonnais, dans tous les bons coups, il s’est passé quelque chose à chaque fois qu’il avait le ballon ou presque. Toujours précieux sur coup de pied arrêté, il tire le coup-franc qui mène au but d’Haddadi. Pas avare non plus dans les efforts défensifs. Doit être titulaire au prochain match, sans question.


Sammaritano (3,5) : a, comme toujours, beaucoup couru sans ménager sa peine. Et a, comme régulièrement, souvent couru dans le vide. N’a pas touché un ballon pendant les 20 premières minutes de la seconde période. En même temps, quand la boue t’arrive aux genoux… voire à la taille… A fini par céder sa place avant d’être digéré par la pelouse de la Meinau.
Remplacé à la 81e minute par Kwon (non noté), pas plus inspiré qu’au Parc des Princes.


Tavares (6) : El Goleador en est à 3 buts marqués en 3 matchs en 2018. On pose ça là, tranquille, histoire de mettre un peu les autres en perspectives. Pas très loin de s’offrir un doublé à la 55e et de devenir le héros de tout un peuple. Ce qu’il est déjà en fait. Toujours aussi précieux dans le jeu en pivot, comme point d’ancrage pour faire remonter le bloc. Indispensable au onze dijonnais, sans plaisanterie aucune.

Julio Tavares a inscrit son 7e but toutes compétitions confondues cette saison, le 3ème en 3 matchs en 2018. Crédit photo : Vincent Poyer

Le match :

Oui, le DFCO repart de Strasbourg avec une nouvelle défaite hors de ses bases. Oui, certains joueurs sont passés au travers. Oui, la fébrilité défensive est toujours bien présente. Et oui, avec un seul point pris sur les 3 derniers matchs, le DFCO chute à la 14e place, à 3 points seulement du barragiste.


Mais l’important n’est pas là. L’important, c’est qu’après la baffe reçue à Paris, après une entame catastrophique soldée par deux buts dans la musette avant la 20e minute, bien des équipes auraient pu s’effondrer. Le DFCO a lui relevé la tête, et a su profiter d’un peu de réussite et des errements strasbourgeois pour revenir au score. A l’envie, à la hargne, à la détermination. Et on n’aurait pas forcément parié une pièce sur une telle réaction.


Pourtant, pas grand-chose n’est allé dans le sens des hommes de Dall’Oglio. Une pelouse indigne d’un match de Ligue 1, qui défavorise les équipes joueuses et qui aurait dû pousser à reporter le match ; un premier pénalty plus que généreux sifflé pour le RSCA et un autre du même acabit oublié sur Xeka en seconde période ; sans oublier l’absence du meilleur milieu de terrain depuis le début de la saison, Amalfitano, et du meilleur défenseur, Djilobodji. On notera, concernant ce dernier, que le DFCO a encaissé quasiment autant de buts lors des 6 matchs où il n’était pas sur la pelouse que sur les 16 matchs qu’il a joué (21 buts contre 24). Une stat qui parle d’elle-même.


Si le résultat a de quoi frustrer, les Dijonnais ont prouvé, et se sont prouvé à eux-mêmes, qu’ils avaient du caractère et étaient capables de réagir. A eux maintenant de se servir de cela pour renouer avec la victoire, dès vendredi soir face à Rennes. Un club qui avait été la bête noire des dijonnais lors de la première en Ligue 1 mais qui, depuis la remontée, réussi plutôt bien aux Bourguignons : en Ligue 1, le DFCO reste sur une victoire (à domicile) et deux nuls (à l’extérieur) contre les bretons. L’adversaire parfait se remettre dans le droit chemin… et retrouver la première partie de tableau !

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