Gaston Gérard est une forteresse quasi imprenable et la 4e place du DFCO à domicile en est le symbole. En recevant Caen, concurrent direct dans le ventre mou du championnat, les Dijonnais avaient l'occasion de poursuivre leur série d'invincibilité sur leurs terres et de se rapprocher encore un peu plus d'un maintien rapide. Positionnés en 5-3-2 dans un pari tactique osé et portés par un Romain Amalfitano stratosphérique, les Rouges ont parfaitement encaissé le défi physique des caennais et ont réussi à développer du jeu pour s'imposer sans coup-férir. Pour couronner le tout, ils ont enchainé une deuxième clean-sheet d'affilée et Julio Tavares a inscrit son 10e but de la saison. Récit d'une belle soirée.


Au four et au moulin, Romain Amalfitano a été le grand bonhomme de cette victoire face à Caen 

Les joueurs :

L'Homme du match : Amalfitano (8,5) : aussi poussif que ses coéquipiers à Monaco et relativement peu inspiré à Troyes, il a fait oublier ces prestations moyennes en livrant une partie hallucinante. Présent dans tous les compartiments de jeu avec une débauche d'énergie énorme, il a gratté autant de ballons (20 ballons gagnés, record du match pour le DFCO) qu'il en a distribué. Très propre techniquement, il a également été la rampe de lancement de quasiment toutes les offensives dijonnaises. Sa remontée de balle et son ouverture limpide pour Saïd sur l'action du premier but ne sont qu'un exemple de ce qu'il a produit au cours de ce match. Très clairement la clé de voûte de tout le système dijonnais, son retour en forme a fait bien fou à son équipe.


Reynet (6) : peu sollicité par une attaque caennaise bien muselée et peu inspirée, il a assuré l'essentiel en s'interposant face à Peeters juste avant la mi-temps et en effectuant quelques bonnes sorties pour rassurer sa défense. Passé sa prise de bec avec Djilobodji qui lui reprochait de relancer trop vite (ce sur quoi on peut donner plutôt raison au sénégalais), il retiendra surement de ce match sa deuxième clean-sheet de rang, une première depuis bien longtemps.


Rosier (5) : déchargé d'une partie de ses taches défensives dans ce système à 5 défenseurs, il a réalisé un excellent début de match, en apportant beaucoup offensivement et en n'hésitant pas à délaisser son couloir pour apporter le surnombre au centre et déstabiliser le bloc caennais. Moins en vue ensuite et notamment en deuxième période, il a eu plus de déchet technique et a surtout eu du mal à enrayer les montées du jeune et très surprenant Yoël Armougom, surement le meilleur caennais sur la pelouse de Gaston Gérard. Il est néanmoins à l'origine de l'action qui mène au pénalty.


Yambéré (7) : catastrophique à Monaco, il s'était bien repris en livrant un excellent match au Stade de l'Aube et a poursuivi sur cette lancée contre Caen. Parfois à la limite mais finalement toujours propre, il a parfaitement contenu les attaques caennaises et notamment les fréquentes montées de Rodelin. Précieux également dans les relances, avec ces remontées balle au pied toujours inspirées et utiles pour faire remonter le bloc.


Djilobodji (6) : extrêmement solide dans ses interventions, le sénégalais s'est montré moins inspiré dans la relance, où il a perdu quelques ballons dangereux. Patron de la défense, il a bien dirigé les débats mais s'est inutilement énervé avec Reynet. Certes, il n'avait pas tort de reprocher à son gardien de relancer trop vite, alors que les Dijonnais peinaient à conserver le ballon. Mais ça ne justifiait pas de rester sur les nerfs si longtemps et surtout de sortir par moments de son match à cause de ça, au point d'offrir des brèches aux caennais. Va falloir doubler les heures de yoga !


Lautoa (6) : repositionné en défense centrale après avoir joué en sentinelle face à Troyes, il a globalement bien tenu sa place, même s'il a été quelques fois pris de vitesse, notamment sur l'action de Peeters juste avant la mi-temps. Moins à l'aise que ses coéquipiers de la charnière dans le domaine aérien, il a compensé par la puissance physique, en se montrant solide dans les duels. Intéressant également dans ses relances.


Haddadi (5,5) : bon match du latéral tunisien, qui a bien profité de ce système à 5 défenseurs pour se projeter encore davantage vers l'avant. Auteur d'une belle ouverture pour Tavares (29e), il a souvent apporté le surnombre dans son couloir, même s'il a été moyennement inspiré sur ses centres et ses transmissions. Sur les phases défensives, il a fait parler ses atouts athlétiques et a parfaitement pris la mesure de Guilbert, qui n'est jamais réellement parvenu à le prendre en défaut. Solide.


Abeid (5,5) : moins en vue qu'Amalfitano, il a néanmoins abattu un gros travail dans la récupération et les duels, notamment face à un duo Peeters-Féret plutôt intéressant. Auteur de quelques bonnes montées en début de match, il a malheureusement totalement dévissé son occasion à la 9e. Par la suite, il a davantage laissé le travail de création à Amalfitano, jouant plutôt le rôle d'essuie-glace. Vu la solidité du trio derrière lui, il aurait pu se permettre d'apporter plus offensivement.


Balmont (5,5) : une bonne première période, où il a été intéressant dans les relais et où il a gratté pas mal de ballons devant sa défense, malgré un jaune précoce pour un excès d'engagement dans son duel avec Djiku. Moins à l'aise après la pause, il a eu plus de mal à répondre au défi physique imposé par les caennais et a eu des difficultés à conserver le ballon. Globalement, il a néanmoins livré un match sérieux et a pleinement participé à la solidité du bloc dijonnais.
Remplacé à la 71e minute par Sammaritano (non noté), auteur d'une bonne entrée en jeu. Pour son retour de blessure, il s'est montré affuté et avait clairement envie d'appuyer encore davantage sur l'accélérateur bourguignon.


Saïd (6) : un match assez paradoxal. Directement impliqué sur les deux buts dijonnais, avec ce bon centre pour Tavares poussé dans ses filets par Da Silva et ce pénalty (généreux) provoqué en deuxième période, mais parfois totalement absent des débats pendant de longs moments ; souvent bien placé et bien plus affuté que sur ses dernières sorties, mais peu en verve techniquement, avec des frappes non cadrées et quelques contrôles savonnette. On retiendra néanmoins qu'il a été décisif et qu'il a montré de bien meilleures choses que lors de ses précédents matchs. Rassurant.
Remplacé à la 71e minute par Sliti (non noté). Bien qu'il ait eu une fâcheuse tendance à glisser tous les 3 mètres (va falloir penser à changer de crampons !), il a lui aussi réalisé une bonne entrée en jeu, en apportant pas mal de rythme et de percussion en attaque. Un peu déchet dans ses transmissions et une bonne occasion à la 80e mais sa frappe plein axe a manqué de puissance.


Tavares (6,5) : et de 10 ! Avec ce pénalty catapulté dans la lucarne de Vercoutre, il a dépassé son total de la saison dernière et se rapproche de son record en professionnel (11 buts en L2 lors de la saison 2015-2016). Quasiment auteur d'un doublé, puisque c'est sous sa pression que Da Silva marque contre son camp, il a rendu une bonne copie, en se créant quelques bonnes situations, comme cette bonne frappe à la 29e, un peu trop axiale, et en pesant énormément sur la défense caennaise par ses remises et ses appels. Toujours aussi indispensable.
Remplacé à la 90e minute par Jeannot (non noté), qui n'a pas eu le temps de toucher un seul ballon.


Dall'Oglio (7,5) : depuis le temps qu'on note et commente les performances des joueurs, il était temps d'en faire autant pour le coach ! Et pour étrenner cette nouvelle rubrique, l’entraîneur dijonnais nous a gratifié d'un pari tactique osé mais gagnant, avec ce 5-3-2 destiné à répondre à la puissance physique caennaise, qui avait grandement déstabilisé les Dijonnais au match aller. Une expérimentation clairement réussie, qui va sans doute donner au coach bourguignon des idées en vue de gagner en solidité à l'extérieur.


A l'image d'un Cédric Yambéré excellent, la charnière centrale, et globalement toute l'équipe dijonnaise, s'est montrée très solide - Crédit photo : foxsports.it

Le match :

Surpris au match aller par la puissance athlétique des caennais et par le défi physique proposé par les hommes de Patrice Garande, les Dijonnais ont cette fois parfaitement pris la mesure de leurs adversaires. Appliqués pour évoluer dans ce système en 5-3-2 inhabituel mais qui finalement s'est révélé payant, les joueurs du DFCO sont parvenus à rester solides face au jeu rugueux des caennais tout en parvenant à développer, par à-coups, de bonnes phases de jeu. Auteurs d'une première période parfaitement maitrisée, les Dijonnais ont eu plus de mal au retour des vestiaires mais ont su faire le dos rond avant de doubler la mise, éteignant définitivement les volontés caennaises.


La charnière à trois Yambéré-Djilobodji-Lautoa s'est avérée très solide. Alors certes, en face, c'était Caen, la pire attaque de Ligue 1, ce qui atténue un peu l'analyse, mais nul doute que cet essai pourra servir de point de repère pour d'autres matchs où le DFCO aura besoin de verrouiller davantage. La solidité, c'est clairement la grande satisfaction de ce match, avec une deuxième clean-sheet en deux matchs, une première cette saison. L'autre satisfaction, c'est la poursuite de la série d'invincibilité à domicile. Invaincus depuis à présent 9 matchs sur leurs terres, dont 8 victoires, les Dijonnais ont fait de Gaston Gérard une forteresse imprenable et où seuls les ténors du championnat peuvent éventuellement espérer venir glaner des points.
Numériquement, cette victoire est également une bonne opération. En effet, le DFCO pointe à la 11e place, avec 35 points, à 4 points seulement de la 5e place et à 8 points de la 19e. Un tel tableau de marche offre clairement l'espoir de voir les Dijonnais se maintenir beaucoup plus vite que la saison dernière. Toutefois, rien n'est gagné et il était très important de glaner des points sur ce début d'année. Le calendrier à venir s'annonce en effet moins favorable, avec des déplacements à Saint-Etienne et Montpellier et la réception de Marseille. La réception d'Amiens dans deux semaines fera néanmoins figure de bonne opportunité, face à un concurrent direct pour le maintien, en petite forme en 2018 mais qui vient de s'imposer à Nantes.


Bref, la route vers le maintient semble plus dégagée mais les Dijonnais ne devront pas fléchir dans la dernière ligne droite. S'ils parviennent à rester aussi intraitables à Gaston Gérard, cela ne devrait poser aucun problème.

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