Une histoire à écrire
On y est enfin. Ils l'avaient annoncé à l'aube de la compétition, l'objectif était clair : remporter le titre. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'à une seule victoire du bonheur. Mais que ce fut compliqué pour en arriver là, ceux qui suivent la campagne des bleus depuis le début le savent. Il y a eu de quoi se faire des cheveux blancs en suivant cette équipe. Difficile d'imaginer que les bleus ont réussi à arriver en finale malgré trois défaites ! On se souvient de la rencontre inaugurale perdue face aux snipers allemands emmenés par un Schaffartzik monstrueux, celle perdue face à la Serbie alors que la qualification était en poche et bien sur la correction infligée par une certaine Lituanie au début de ce même second tour. Bref, on a souffert en voyant cette équipe, mais c'est ce qui rend l'aventure encore plus belle. Maintenant, il ne faut pas rater la dernière marche. Nos bleus ont en effet une occasion en or de rétablir une anomalie historique.
La France a toujours été une nation importante du basket européen. On se souvient notamment de la victoire en Euroleague de Limoges en 1993 sous l'impulsion de Richard Dacoury. Mais au niveau de la sélection nationale, les places d'honneur sur les podiums sont collectionnées (4 médailles d'argent et 4 médailles de bronze toutes compétitions confondues) alors que la première place n'a jamais été atteinte que ce soit aux JO, dans un championnat du monde ou dans un championnat d'Europe. Il y a deux ans, la bande à Vincent Collet avait subi la loi de l'Espagne en finale. Après avoir battu ces mêmes Espagnols qui étaient sans aucun doute l'équipe la plus forte de cet Euro, les bleus sont les favoris de cette finale. Cela combiné au poids de l'histoire, ça fait beaucoup. C'est là que l'expérience de nos joueurs NBA et vieux routards (Parker, Diaw, Batum, Piétrus) sera décisive. Ils savent pour la plupart que c'est l'une de leurs dernières chances pour accrocher l'or. A eux de ne pas la gâcher.
Parker et les autres
C'est une véritable constante depuis le début de l'Euro. On savait bien évidemment que le joueur décisif des bleus était Tony Parker mais son leadership sur le terrain a atteint des proportions hallucinantes, notamment vendredi soir face à l'Espagne. Alors que l'équipe prenait l'eau de tous les côtés, c'est lui qui a permis de limiter la casse. Sur le (très) faible total de 20 points inscrit en première période, TP en a inscrit 14 ! Au final, il a terminé la partie avec le nombre record de 32 points. Un total digne de la NBA que l'on voit très rarement dans des matchs de basket européen. Cela lui a par ailleurs permis de devenir le deuxième meilleur marqueur de l'Eurobasket de tous les temps en dépassant l'intérieur allemand Dirk Nowitzky. Seule la légende grecque Nikos Galis est devant notre TP national. Voir le meneur des Spurs atteindre un tel niveau est une excellente chose (il devrait même être élu MVP de la compétition) mais cela montre aussi une faillite de certains leaders.
Capitaine de l'équipe, le pote et coéquipier de Parker aux Spurs qu'est Boris Diaw tient son rôle mais montre parfois quelques signes de faiblesse. A limage du collectif, il est passé totalement au travers de sa première mi-temps face à l'Espagne avant de finalement atteindre la limite de fautes en fin de match. Une exclusion à relativiser puisqu'il s'est occupé la plupart du temps de Marc Gasol, le meilleur intérieur d'Europe. Mais le cas le plus inquiétant fut celui de Batum. L'ailier de Portland a été invisible toute la partie offensivement alors qu'il est l'un des artificiers numéro un de l'équipe. Il a compensé sa maladresse offensive en effectuant un travail défensif efficace mais pour ce soir, on a besoin d'un « Batman » au top pour aller chercher l'or.
Malgré tout, le fait que les cadres n'aient pas été au top a permis à certains de se découvrir une nouvelle dimension. On pense notamment à Florent Piétrus. Quasiment inconnu du grand public, le néo-Nancéien est de toutes les campagnes de l’Équipe de France depuis 2003. Défenseur intraitable, il a eu un rôle déterminant dans le renouveau français en deuxième mi-temps face à l'Espagne, se permettant même de réussir un tir ouvert à trois points. Mais celui qui a véritablement fait la plus forte impression, c'est bien sur Antoine Diot. Le futur meneur de Strasbourg est celui qui a sonné la révolte en enchaînant deux paniers à trois points dans le troisième quart temps. Mais plus généralement, il s'est installé depuis le début de la compétition comme une véritable alternative aux postes 1 et 2. S'il y en a un qui a pris de l'épaisseur depuis le début de la compétition, c'est bien lui. Ce soir, il aura certainement pas mal de temps de jeu. A lui de confirmer qu'il peut dès à présent assurer le futur de cette équipe en participant à la victoire finale.
La Lituanie : Un redoutable adversaire
Si tous les ingrédients sont là pour que l'on vive une nuit historique faite de joie et de bonheur, il ne faut pas oublier que cette finale est loin, très loin d'être gagnée. Ceux qui connaissent le basket le savent, un match contre la Lituanie est toujours un match ultra compliqué. Malgré l'absence du leader de cette équipe qu'est le vétéran Jasukevicius, ancien joueur d'Indiana et de Golden State, ils possèdent un groupe homogène et surtout une taille impressionnante. Dans la raquette, la paire NBA des Toronto Raptors, Valanciunas-Kleiza, est sûrement la meilleur d'Europe. Sachant que sur le banc, trois joueurs culminent à plus de de 2,10m, la lutte va être acharné sous l'arceau. Cette raquette sera probablement la clé du match. Que ce soit Ajinça, Diaw, Petro ou Pietrus, ils vont avoir un rôle déterminant. S'ils parviennent à perturber les intérieurs lituaniens, la victoire sera en bonne voie.
En effet, au niveau des extérieurs, la France est nettement mieux armée que la Lituanie. A part Seibutis qui avait fait très mal lors du match au 2ème Tour avec ses 15 points, les autres ne sont pas vraiment impressionnants et ne valent pas vraiment un Parker, un De Colo ou un Batum. Il faudra donc beaucoup jouer sur cette supériorité dans le secteur extérieur pour essayer de déstabiliser l'équipe balte. Avec un Parker chaud comme la braise, il ne devrait pas y avoir de soucis. Il faudra donc absolument gérer la raquette pour s'éviter une mauvaise surprise. On se doute bien que Vincent Collet a dû décortiquer cette fessée sur le score de 76-62 que les Lituaniens avaient passés à ses hommes pour tirer ces mêmes enseignements et bâtir le meilleur plan possible pour décrocher l'or. En tout cas, quel que soit le résultat, ils auront eu le mérite de réveiller l'intérêt qu'à la France pour ce magnifique sport qu'est le basket. Rien que ça, c'est déjà une belle victoire. Pour couronner le tout, une consécration serait le plus beau cadeau que pourraient nous faire cette bande de potes sympathiques. Toute la France sera avec eux ce soir pour ce qui sera peut-être l'un des plus beaux moments de l'histoire du sport français. Sans faire trop preuve de chauvinisme, on l'espère de tout cœur.
Pour rentrer encore plus dans le match avec le florilège des déclarations d'avant-match du "big three" (Parker, Diaw, Batum), rendez-vous ici : https://www.vavel.com/fr/basket/basket-europe/265916-en-route-pour-l-histoire.html