Dauphin d'un PSG qui semble difficile à aller chercher, l'AS Monaco a certainement occulté sa dernière chance de titre mercredi soir en s'inclinant 3 buts à 1 à Guingamp après les prolongations lors de la deuxième demi-finale de la Coupe de France. Absents et bousculés par de valeureux et incisifs Guingampais, les coéquipiers de Toulalan ont vécu une rencontre difficile, apparaissant apathiques et sans envie. Une élimination qui risque de seller le sort de Claudio Ranieri. Déjà bousculé par les dernières rumeurs faisant état de sa potentielle éviction à la fin de la saison, le coach Italien a certainement perdu gros au moment de concrétiser les efforts de toute une saison et d'assurer son avenir. Les rumeurs de départ surprenaient il y a encore quelques jours, mais dans le fond celles-ci pourraient paraître justifiées après analyse.

Le premier point sur lequel je voudrais revenir, c'est la gestion de Ranieri depuis quelques semaines. Loin de moi l'idée de remettre en cause les qualités de management de l'ancien coach de Chelsea. Mais il apparaît tout de même que la concurrence à outrance imposée par l'Italien ait déstabilisé une bonne partie de son groupe. A des postes clés, il ne se dégage pas une réelle dynamique. Problématique au moment de lancer le sprint final et d'insuffler une réelle dynamique de groupe. Derrière, la situation avec Abidal semble avoir bousculé une défense déjà affaiblie par la blessure de Kurzawa tandis que devant, entre Berbatov, Rivière, Germain et Martial, aucun duo ne se forme pour évoluer devant James Rodriguez. La concurrence a du bon. Elle permet aux différents profils de se transcender, quand ils en ont la force mentale, et représente le moyen de garder concernées toutes les individualités. Les changements permettent quant à eux de les gérer physiquement. Mais au moment de finir une saison et de lancer une vraie série, il semble presque irrationnel d'en faire autant. Eliminé rapidement de la Coupe de la Ligue et sans Coupe d'Europe, Monaco n'a pas joué autant de matches que Lyon cette saison, les individualités Monégasques ont donc fourni moins d'effort, mais pourtant Ranieri enchaîne les changements depuis de nombreuses semaines. Les Monégasques n'affichent aucun signe de fatigue. Alors comment justifier une telle concurrence ? Le turn-over de l'extrême imposé par l'entraîneur italien semble avoir fait plus de mal que de bien à son équipe. La cohésion de groupe apparaît moins forte qu'en début de saison. Un paradoxe pour une équipe censée apprendre et progresser de matches en matches.

La deuxième point qui m'interpelle, c'est finalement le projet de jeu de Ranieri. Là non-plus aucune envie de critiquer le football prôné par l'ancien entraîneur de la Roma. Sa vision du football fait du bien à un microcosme français renfermé sur lui-même et bien trop frileux. Cependant au moment où l'AS Monaco doit basculer dans une autre ère, son identité technique ne semble pas aussi marquée et prononcée que celle du PSG. Le football de Ranieri, reste un football classique, très simple en quelque sorte malgré de trés bonnes périodes durant lesquelles Monaco a produit un jeu spectaculaire, avec efficacité à l'arrivée. Mais même dans ces bonnes périodes, le jeu Monégasque paraissait dégager moins de force. En début de saison, en 4231, les coéquipiers de Moutinho surprenait par leur efficacité et leur projet de jeu, affichant de vrais signes de supériorité collective et technique. La tactique de Ranieiri consistait alors à organiser l'équipe autour de Falcao avec l'occupation des ailes par deux doublons incisifs sur les côtés et la présence d'un meneur derrière une pointe pour orienter le jeu au moment de sa conception. Une mise en place tactique somme toute assez simpliste. C'est ensuite l'éclosion de James Rodriguez en tant que leader technique qui a forcé Ranieiri a opté pour un 442 en losange. Avec les résultats que l'on connait à l'arrivée. Mais c'est à se demander quelle aurait été la destinée de l'ASM sans les performances du meneur Colombien. Tout au long de la saison, le choix de Ranieri a été de s'adapter à ses individualités, à les empiler en espérant que le mayonnaise prenne, non sans malice et ingéniosité pour faire les faire cohabiter. Mais pas vraiment reluisant pour un club ambitieux.

Finalement, Ranieri est peut-être trop simpliste pour un football qui se complexifie de plus en plus. Désormais, l'aspect tactique entre en jeu si l'on veut bien jouer au football. Le problème, c'est que l'Italien a peut-être une conception trop conservatrice du foot aussi bien dans sa gestion et que dans ses choix tactiques. Une conception trop classique au moment où l'AS Monaco cherche à basculer dans une nouvelle ère...