Précisons d'emblée que 1977 correspond à la création de l'équipe Williams actuelle. En effet, Frank Williams faisait déjà courir des monoplaces en F1 depuis 1969. Le Frank Williams Racing Cars Ltd. a fait courir des Brabham, des March... La première monoplace nommée Williams apprait en 1975, mais l'aventure se termine mal pour cette écurie rachetée par Walter Wolf, un milliardaire qui créera sa propre écurie sur les cendres du Frank Williams Racing Cars Ltd.

1977 : les vrais débuts

Nous sommes en 1977 et Frank Williams va créer le Williams GP Engineering avec celui qui va devenir son associé et directeur technique pendant plus de 30 ans, Patrick Head. Cette fois, l'originaire de Jarrow en Angleterre se lance réellement en F1. Il base ses locaux à Grove en plein royaume d'Albion, patrie de la F1.

Si en 1977, Williams engage encore une monoplace basée sur un châssis March, dès 1978, la FW06 est la première monoplace de l'écurie telle qu'on la connait aujourd'hui. Avec Alan Jones au volant, Williams marque 11 points. Des débuts prometteurs.

1979, premiers lauriers, 1980, premier titre mondial

L'écurie Williams avait fait courir des pilotes reconnus comme Jacky Ickx, Arturo Merzario ou encore Jacques Laffite avant 1978. Mais c'est le duo Alan Jones-Clay Regazzoni qui va apporter à l'équipe de Frank Williams ses premiers succès.

Sur une Williams FW07 désormais motorisée depuis 1977 par le fameux V8 3,0 l Ford Cosworth DFV, le Suisse offre sa première victoire à l'équipe lors du GP de Grande-Bretagne 1979. Une victoire à domicile qui en appelle d'autres. Alan Jones signe quatre autres victoires et termine 3e au championnat.

L'année suivante, Jones est irrésistible sur la FW07B et décroche le titre mondial des pilotes avec 5 victoires. Williams F1 Team est championne du monde. En à peine trois années, le duo Frank WIlliams-Patrick Head est déjà arrivé au sommet de la F1 !

1981, l'année manquée, 1982, le titre inespéré

Forte des deux titres mondiaux acquis en 1980, Williams se présente en 1981 en archi-favorite. Alan Jones est associé à l'Argentin Carlos Reutemann, ancien pilote Ferrari et Lotus. C'est une dream team qu'aligne Frank Williams, mais pourtant c'est Nelson Piquet qui sera champion du monde des pilotes. Les FW07C remportent quatre GP et sont championnes du monde pour la deuxième année consécutive, mais le titre pilote échappe à Reutemann (2e) et Jones (3e).

En 1982, l'équipe est composée du Finlandais Keke Rosberg et de Carlos Reutemann. Les FW07C puis FW08 sont archi-dominées par les Ferrari de Pironi et Villeneuve et la Renault d'Alain Prost en début de saison. Mais la Scuderia est frappée par deux drames absolus (décès tragique de Villeneuve à Zolder, accident effroyable de Pironi qui est proche de perdre ses jambes) et Prost est aux prises avec une Renault inconstante. En n'empochant qu'une seule course à Dijon pour le GP de Suisse, Keke Rosberg remporte le titre mondial.

1983-1986 : le début de l'épopée Turbo

Entre 1983, les Williams sont un peu en retrait. La F1 est entrée depuis la fin des années 70 dans l'ère des moteurs Turbo, initiée par Renault et sa fameuse "Yellow Tea Pot". Jusqu'à la fin de 1983, Williams reste fidèle au moteur atmosphérique de Ford, mais les monoplaces équipées de moteur à turbo-compression (Ferrari, Lotus, Renault ...) prennent le meilleur sur les FW09. Frank Williams va alors sortir un nouvel atout de sa manche.

Fin 1983, Williams annonce un partenariat moteur avec le Japonais Honda. C'est l'une des première fois qu'un constructeur du Pays du Soleil Levant s'associe avec un top team. En 1984, Jacques Laffite de retour chez Williams et Keke Rosberg mettent patiemment au point leur monture.

1985 marque le renouveau de l'équipe de Grove. Le moteur Honda 1,5 l Turbo est fiable et performant. Les FW10 glanent quatre victoires (avec le premier succès en F1 pour Nigel Mansell, arrivé de chez Lotus en début de saison), et l'écurie termine 3e au championnat. En 1986, Frank Williams casse sa tirelire pour s'offrir les services du double champion du monde Nelson Piquet, transfuge de chez Brabham-BMW. L'association Mansell-Piquet s'annonce explosive !

La désillusion de 1986

Williams-Honda FW11. Voici la monoplace qui va dominer la saison 1986. Face à Mansell et Piquet, les menaces s'appellent Alain Prost, champion du monde en titre sur sa McLaren à moteur Porsche et Ayrton Senna, jeune prodige brésilien de chez Lotus-Renault. Dès le début de saison, Piquet empoche le GP du Brésil devant Senna. Prost commence déjà à jouer placer, mais n'oublie pas de remporter les GP de San Marin puis de Monaco.

Commence alors une main-mise de Williams sur la saison. Sur les 11 courses suivantes, l'écurie ne laisse que trois GP à Senna à Détroit, Prost en Autriche et Berger au Mexique. Mansell gagne 5 fois, et Piquet 3 fois. En arrivant à l'ultime course à Adélaïde, Nigel Mansell est en position de force pour empocher son premier titre mondial. Il possède six points d'avance sur Alain Prost et sept sur Nelson Piquet. Une victoire à l'époque rapporte 9 points, une deuxième place 6 points. Mansell à donc de la marge, d'autant plus qu'il signe la pole position.

La course part sur des chapeaux de roues avec Keke Rosberg et sa McLaren qui dynamite le peloton. Mansell reste sage et ne tente pas d'aller chercher le Finlandais. Prost est victime d'une crevaison et doit rentrer prématurémment. On se dit que le titre ne peut échapper à l'Anglais.

Au 62e tour, Rosberg est également victime d'une crevaison. Une épidémie (tiens donc !) commence ! Mansell, qui a pris les commandes de la course, file vers la couronne mondiale, mais dans le tour suivant, à près de 300 km dans la longue ligne droite du circuit, le pneu arrière gauche de la Williams éclate. Mansell réussit on ne sait comment à conserver la ligne et à ne pas s’encastrer dans un mur. L’image reste gravée dans les mémoires, avec cette gerbe d’étincelles impressionnante. La détresse de l’Anglais descendant de sa Williams et constatant les dégâts est aussi une image marquante !

Piquet hérite donc du commandement. Prost est 2e. C’est le Brésilien qui est titré si le classement n’évolue pas. Informé par son écurie des possibilités d’éclatement des gommes GoodYear, Piquet s’arrête pour monter des enveloppes fraîches. Prost prend la tête. Le Français, qui gère ses courses en évitant de prendre des risques inutiles, a préservé ses gommes après un arrêt rapide en début de course pour cause de crevaison. Cependant l’ordinateur de bord de sa McLaren lui indique un niveau d’essence trop faible. Un arrêt semble inévitable pour le champion du monde en titre.

Coup de poker gagnant

"Il faut savoir quand attaquer, quand contrôler, quand prendre des risques." Cette phrase de Massimo Biasion, double champion du monde des rallyes, peut s’appliquer parfaitement au "Professeur" Alain Prost. Ignorant l’alerte de sa McLaren, le Français décide de tenter le coup, et malgré le retour de Piquet, il franchit la ligne en vainqueur. Incroyable fin pour ce championnat 1986. Prost est le premier pilote depuis Jack Brabham à conserver son titre mondial. Le Français peut exulter dans son cockpit et L’Equipe titrera dans son édition du lendemain "Prostigieux". Chapeau Mr Prost !

Williams décroche néanmoins le titre constructeurs, mais rate le titre pilote d'un rien. 1987 doit être l'année de la revanche.

Retrouvez dès demain la suite de l'histoire de Williams en F1, avec la période 1987-1997