Ayrton Senna da Silva, était un pilote Brésilien très reconnu dans le domaine des sports mécanique. Considéré comme l’un des meilleurs pilotes de l’histoire de la Formule 1, dont il remporta trois fois le titre de champion du Monde en 1988, 1990 et 1991. Il est également le dernier pilote mort en course en F1.
Surdoué, religieux, émotif, magique,… Les adjectifs ne manquent pas pour décrire l’homme qu’était Ayrton Senna. Mais pour arriver à un tel respect et une telle vénération, le pilote Brésilien a dû se battre ardemment. Retour sur une carrière légendaire.
Les grands débuts
En 1983, Ayrton Senna veut se lancer dans la F et réalise pour cela des essais dans différents grands écuries de renom telles Williams, McLaren et Brabham. Mais c’est finalement en 1984, que le jeune Brésilien se fera offrir un volant par la modeste écurie Toleman. Ayrton Senna marque son premier dès la seconde course en Afrique du Sud. Mais c’est au célèbre Grand-Prix de Monaco que le Brésilien va se révéler. Sous la pluie, alors qu’il part en 13e position sur la grille. Ayrton Senna entame une remontée incroyable revenant dans les roues du leader de la course, Alain Prost, au bout de seulement 32 tours. Mais la course est subitement arrêtée à ce 32e tour à cause de la pluie par le directeur de course Jacky Ickx. Alain Prost s’arrête alors juste avant la ligne d’arrivée comme le veut le règlement mais Ayrton Senna le dépasse. Le Brésilien croit alors avoir gagné son premier Grand-Prix. Mais la direction de la course lui indique alors que la course était arrêtée et le rétrograde à la deuxième place. Ayrton Senna se fait dès lors un nom dans le paddock de la F1. Et cette seconde place lui ouvre même les portes d’écuries plus prestigieuses et plus compétitives. C’est ainsi qu’en 1985 Ayrton Senna signe chez Lotus-Renault. Il ne faudra alors au jeune Brésilien que deux courses pour s’imposer. Puisqu’il signe la première de ses 41 victoires sous la pluie d’Estoril. Dans cette course, Ayrton Senna démontre tout son talent sur piste mouillée et son style de pilotage très pur. Senna poursuit alors au fil des courses sa progression avec ses ingénieurs. En 1987 au Grand-Prix de Monaco, Ayrton Senna s’impose enfin en Principauté. Le Grand-Prix de Monte-Carlo devient alors le Grand-Prix préféré du Brésilien puisqu’il s’y imposera à 6 reprises (1987, 1989, 1990, 1991, 1992 et 1993).
Les années McLaren et la rivalité avec Prost
En 1988, McLaren contacte Ayrton Senna pour qu’il rejoigne l’écurie aux côtés d’un certain Alain Prost. L’écurie veut un talent de classe mondiale pour épauler son numéro 1, le français Alain Prost. Ce dernier deviendra alors le meilleur ennemi d’Ayrton Senna sur la piste. Cette première saison ensemble chez McLaren se conclue par 15 victoires des deux hommes (8 pour Senna et 7 pour Prost). Avec une victoire notable du Brésilien en Hongrie où il termine devant son coéquipier avec seulement 529 millièmes d’avance.
Ayrton Senna décroche son premier titre mondial lors de cette saison 1988 au bout d’un GP du Japon à rebondissements multiples. En effet, le Brésilien cale au départ alors qu’il avait la signé la pole position. Heureusement la ligne de départ de Suzuka est en descente et le Brésilien parvient tout de même à lancer sa monoplace. Pendant que Senna remonte petit à petit, Prost a pris la tête de course. Mais le Brésilien n’abdique pas et réalise une remontée incroyable pour finalement décrocher la victoire et le titre de champion du Monde.
Mais lors de la saison 1989, la rivalité entre Senna et Prost passe un nouveau cap. Les deux pilotes se mènent une guerre psychologique incroyable. Dans les médias, Prost profite de son influence pour déclarer que le Brésilien est fragile mentalement. Il déclare même que la foi en Dieu de Senna le rend dangereux vis-à-vis des autres pilotes. Et que celui-ci se croit intouchable par un accident. Senna débauche alors l'homme d'affaires de Prost, Julian Jakobi, tandis que Prost se tourne alors vers la presse à nouveau pour dénoncer un traitement de faveur pour son équipier et rival brésilien.
Au dernier Grand-Prix de la saison, à Suzuka (Japon), Senna et Prost sont au coude à coude pour le titre et les deux pilotes s’accroche dans un virage du 47e tour. Prost est contraint à l’abandon tandis que Senna repart sur la piste aidé par les commissaires de courses. Par cette manœuvre, Senna sera disqualifié en fin de course et perdra le titre de champion du monde au profit de Prost.
Cet accrochage est alors sujet à débat car si Senna part de loin pour effectuer un dépassement régulier, Prost ferme nettement la porte. Senna écope alors d'une amende et d'une mise à l'épreuve quant au renouvellement de sa super-licence de pilote pour avoir critiqué la décision des commissaires. Senna ne digère pas cette disqualification. Il déclare même que celle-ci est une manœuvre du président de la FIA, le Français Jean-Marie Balestre, dans le but de favoriser la victoire en championnat du monde de son compatriote Prost.
La polémique
En 1990, Alain Prost prend la décision de partir chez Ferrari après la tension régnante entre lui et Senna.
Senna et Prost se bataille de nouveau pour le titre et les victoires tout au long de la saison. Cette fois à écuries interposées. Une nouvelle fois au coude à coude pour le titre, la dernière course à Suzuka se révèle décisive pour les deux hommes. Auteur de la pole position, Ayrton Senna est en désaccord avec la FIA. Il déclare que le pilote en pole part sur le côté le plus poussiéreux de la piste favorisant alors le second sur la grille. Ce jour-là c’est Alain Prost qui part de la seconde place. À l'époque Senna prétendra avoir rencontré les officiels du circuit de Suzuka avec Gerhard Berger et avoir reçu la confirmation que la pole serait changée de côté. Mais cela n'a jamais été confirmé.
Comme cela était redouté par Senna, il doit alors partir sur le côté poussiéreux laissant le côté « propre » à Prost. Et comme le Brésilien l’avait prédit, au départ de la course, il patine tandis que Prost profite de la trajectoire pour prendre la tête de la course. Senna éperonne alors volontairement Prost à l'abord du premier virage, à haute vitesse. Les deux pilotes alors contraints à l’abandon, Senna s'octroie ainsi un deuxième titre mondial.
Simple revanche de l'accrochage de 1989 pour les uns, manœuvre folle et antisportive pour les autres, l'accrochage de 1990 acheva de faire de Senna l'un des pilotes les plus controversés de son temps. Malgré le fait qu'il admette aujourd'hui avoir compris que ce geste de Senna n'était pas vraiment tourné contre lui mais contre la fédération, Alain Prost considère que cet accrochage est la seule chose qu'il ne peut pas pardonner.
La confirmation
La saison 1991 débute de manière parfaite pour Senna. Quatre Grand Prix, quatre pole positions, quatre victoires, et vingt-neuf points d'avance sur Prost, qui ne sera pas son principal rival cette année. Parmi ces quatre victoires, la plus marquante reste forcément son succès à Interlagos au Brésil. Devant son public et malgré une boîte de vitesse à l’agonie, Senna remporte la course au bout de l’épuisement. Il sera même déclaré à la limite de la tétanie physique à l'arrivée du Grand Prix et soulèvera son trophée avec les plus grandes difficultés.
La progression éclair des Williams-Renault rendra son troisième sacre assez long à se dessiner. Nigel Mansell, pilote Williams, lui rendra en effet les choses compliquées. Mais Ayrton Senna se bat et remporte ce troisième titre mondial notamment grâce à son début de saison magnifique.
La domination Williams
Lors de la saison 1992, Ayrton Senna connaît une saison assez terne, avec seulement trois victoires et la quatrième place du championnat. La saison est menée par des Williams-Renault technologiquement en avance. Tandis qu’Alain Prost, renvoyé de chez Ferrari, a pris une année sabbatique. Si des comparaisons peuvent être faites entre grands pilotes, on touche là à la véritable faiblesse d'Ayrton Senna : la motivation. Sa seule motivation était de battre Prost. Sans le Français, il n'était plus le même pilote. Lors d’interviews, Alain Prost déclare qu’Ayrton Senna ne cessait de l’appeler au téléphone durant la saison 1992 pour qu’il revienne en F1.
Ayrton Senna n’appréciait pas se battre contre Nigel Mansell. Le Britannique était capable en effet de prises de risques encore plus osées que lui. Le Brésilien n’appréciait également pas beaucoup un jeune talent nommé Michael Schumacher. Les relations entre les deux hommes étaient d'ailleurs mauvaises en 1992 puisque l'Allemand et le Brésilien s'accrochèrent à Magny-Cours puis Senna reprocha à Schumacher de l'avoir bloqué en qualifications à Hockenheim. Le Brésilien voulut en venir aux mains dans le stand Benetton.
Senna compris alors qu’il fallait obtenir un volant chez Williams et au plus vite s’il voulait redevenir champion du Monde. Mais Nigel Mansell et Alain Prost sont aussi en contact avec Williams.
Prost réussit finalement à signer et Senna tenta de convaincre le Français d'accepter de courir de nouveau ensemble. Mais Prost refusa. Senna l'a alors sévèrement critiqué dans la presse et menaçait de prendre lui aussi une année sabbatique.
Le doute
Tout le monde s’interroge à l’aube de la saison 1993 si Senna pilotera ou non. Mais finalement Senna revient du Brésil pour défier Prost et sa Williams.
Au Grand Prix du Brésil, deuxième manche de la saison, Prost et sa Williams partent favoris pour l'emporter mais Senna réussit à s'imposer pour la seconde fois devant son public avec une voiture moins compétitive que par le passé tandis que son éternel rival a dû abandonner.
Avec ce matériel, qui en 1993 n'était pas le plus compétitif du plateau, Senna va livrer quelques magnifiques démonstrations de pilotage. La plus célèbre d'entre elles ayant eu lieu sous la pluie de Donington Park, où Senna dépasse quatre voitures (dont celle de Prost) lors d'un premier tour d'anthologie. Mais tout comme Alain Prost, Senna n'aimait pas l'évolution électronique de la F1. Il considérait lui-même que sa performance de Donington était plus liée à l'excellente électronique TAG de sa McLaren qu'à son pied droit, qui lui avait fait la différence sous le déluge d'Estoril pour sa première victoire. La presse britannique le qualifie alors de « Magic » en raison de son aisance sous la pluie.
Ces succès n’empêcheront pas le sacre d’Alain Prost mais lors de cette saison les deux pilotes se réconcilient. L’entente entre les deux pilotes est même très bonne lors de l’intersaison où ils passeront plusieurs jours ensembles. Conscients tous deux que l'un sans l'autre, leur carrière n'aurait pas eu le même impact, ces deux pilotes avaient développé un énorme respect mutuel. Mais leurs égos les empêchaient de se rapprocher tant qu'ils étaient en compétition.
Le drame
Alain Prost prend finalement sa retraite après la saison 1993. Ayrton Senna rejoint alors l’écurie Williams-Renault. Le Brésilien est présenté comme le grand favori du championnat 1994, mais l’histoire tournera au drame. L’avancée technologique développée par Williams est réprimandée par la FIA et la monoplace exploite alors mal la puissance de son moteur. La conduite de la monoplace est alors très difficile sans les assistances électroniques développées lors des saisons précédentes.
Le troisième Grand-Prix de la saison se déroule à Saint-Marin (Imola). Celui-ci tournera au cauchemar pour le monde de la F1. Tout commence le vendredi, lors des essais libres, où le jeune Rubens Barrichello est victime d’une violente sortie de piste. Le compatriote d’Ayrton Senna s’en tire blessé. Puis le samedi, lors des essais qualificatifs, où Senna signe sa 65e et dernière pole position, le pilote autrichien Roland Ratzenberger est victime d'un accident mortel au volant de sa Simtek-Ford, juste après avoir perdu un aileron, dans le virage de Tosa.
Roland Ratzenberger est très certainement tué sur le coup, mais son décès ne sera constaté officiellement que lors de son transfert hors du circuit. Or, selon la loi italienne, s'il avait effectivement été constaté sur place, la piste d'Imola aurait été placée sous scellés aux fins d'inspection et d'enquête, comme le veut la justice italienne, ce qui aurait automatiquement entraîné le report du Grand Prix.
Senna monte alors à bord d'une voiture de la direction de course et se rend sur les lieux du crash pour discuter avec des commissaires. Il est rappelé à l'ordre par lettre le dimanche matin par la FIA pour ce geste, les officiels considérant qu'il n'avait rien à faire sur place. Il est profondément affecté par ce drame, et ressent un mauvais pressentiment. Il confie au téléphone à son amie Adriana Galisteu qu'il n'a pas envie de courir. Le professeur Sid Watkins, à la tête de l'équipe médicale sur les circuits de Formule 1, rappelle dans ses mémoires qu'Ayrton Senna a pleuré sur son épaule à l'annonce de la mort de Ratzenberger6. Watkins tente alors de persuader Senna de ne pas courir le lendemain, lui disant qu'il est le triple champion du monde, le plus rapide et qu'il ferait mieux de « se mettre à la pêche ». Senna lui rétorque qu'il n'a pas le contrôle sur certaines choses et qu'il doit continuer.
Lors du repas du samedi soir, pris avec Jakobi et Gerhard Berger, Senna demande à ce qu'un drapeau autrichien lui soit remis en cas de victoire.
L’accident mortel
La course aura donc lieu. Ayrton Senna avant la course demande à Erik Comas, Michael Schumacher et Gerhard Berger de le rencontrer à Monaco dans les prochains jours afin de parler de sécurité. Il parviendra même à convaincre Alain Prost de le rejoindre.
Au départ de la cours, un accident se produit entre Pedro Lamy et JJ Lehto des débris s’envolent alors touchant des spectateurs et un policier. La course est alors neutralisée et la voiture de sécurité entre en piste. Au bout de 5 tours celle-ci quitte la piste.
Après un seul tour bouclé à pleine vitesse, en tête dans cette sixième boucle, talonné par la Benetton de Michael Schumacher, Ayrton Senna perd le contrôle de sa monoplace qui part tout droit dans la courbe ultra-rapide de Tamburello avant d'aller percuter un mur de béton avec une rare violence (210 km/h lors de l'impact), à 14 h 18. Senna reçoit des soins d’urgences à même la piste avant d’être héliporté vers l’hôpital de Bologne.
Son décès est officiellement prononcé peu après 18 h 30. La cause directe de la mort du pilote brésilien résulte d'une circonstance malheureuse. En effet, sous la violence du choc, le triangle supérieur de la suspension avant de sa F1 s'est brisé et est allé frapper, tel un sabre, la visière de son casque. Selon l'autopsie, cette pièce aurait perforé le visage de Senna sous l'arcade sourcilière droite provoquant ainsi des lésions irréversibles au cerveau et une forte hémorragie.
Sa mort provoqua une grande émotion dans le monde la Formule 1. Il reçut beaucoup de messages de respect des autres pilotes et de ses fans. Il est alors devenu une figure mythique de ce sport qu’il a maitrisé et dont il fut champion du monde par trois.
Vavel France en ce jour des 20 ans de sa disparition lui rend hommage.