En cet été 2014, le Soleil rayonne sur la Gironde et les supporters des Girondins de Bordeaux entrevoient un avenir radieux. En effet, après l'intermède catastrophique de Jean Tigana et les trois années de tristesse dans le jeu proposées par Francis Gillot, Willy Sagnol arrive avec des principes offensifs bien établis. L'ancien international français a déjà une petite expérience avec les Espoirs, mais aussi au sein du Bayern Munich. Le moral de tout un club remonte en flèche, et le début de l'ère Sagnol laisse entrevoir de belles choses.
Une première saison relativement réussie
Après 12 journées et une victoire face à Toulouse, Bordeaux est 4e de Ligue 1. Pour le moment, il n'y a pas d'ombre au tableau, jusqu'au 4 novembre 2014. Lors d'une interview devant des lecteurs du quotidien Sud Ouest, il fait une déclaration hasardeuse sur les joueurs africains : « «L’avantage du joueur, je dirais typique africain : il n’est pas cher, généralement prêt au combat, on peut le qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot, ce n’est pas que ça, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline, dit Sagnol. Il faut de tout. Il faut des Nordiques aussi. C’est bien les Nordiques, ils ont une bonne mentalité. Une équipe de foot, c’est un mélange. C’est comme la vie, c’est comme la France. Sur un terrain, on a des défenseurs, des attaquants, des milieux, des grands, des rapides, des petits, des techniques. Voilà.» Des propos qui vont déclencher un tollé médiatique inattendu qui sera en quelque sort le début des ennuis.
Durant de nombreuses semaines, le coach bordelais doit faire face aux nombreuses accusations, mais parvient à garder son groupe uni, à l'image de l'hommage de Diabaté après son but à Lens. Les résultats vont alors suivre et au bout d'une longue saison, il parvient à décrocher une 6e place, qualificative en Europe. Malgré tout, le jeu proposé ne correspond pas totalement aux attentes, sauf sur quelques rencontres comme la victoire 3-2 face au Paris Saint-Germain. En interne par contre, tout n'est pas rose. Lors du mois de décembre, l'accrochage surréaliste entre Rolan et Maurice-Belay en plein match a déjà fait tâche, mais la situation est stabilisée. C'est en 2015-2016, que les événements vont s'enchaîner, et dépasser l'ancien meilleur latéral droit du monde.
Un groupe désuni
Le début de la saison suivante débute avec une qualification européenne à assurer en parallèle du championnat. Dans la difficulté, les Bordelais arrivent à se débarrasser de l'AEK Larnaca et du Kairat Almaty pour vivre la phase de groupe. Au sein d'une poule jouable, les Girondins déjouent et se font éliminer de la compétition rapidement. En Ligue 1, les résultats sont en dents de scie. Capables d'accrocher Paris ou de corriger Monaco, ils cèdent contre Reims, le Gazelec ou Toulouse. Dans le même temps, Sagnol perd Nicolas Pallois à cause d'un accrochage avec le camp arbitral, Thomas Touré est puni pour des problèmes de poids, et l'infirmerie ne désemplit pas. Jusque là encore, rien n'est dramatique, le club étant toujours en course pour l'Europe.
Le début de l'année 2016 marque en revanche la fin de Williy Sagnol. Le groupe commence à se délier avec les éliminations en Coupe, mais aussi des défaites retentissantes (5-1 à Lille, 3-0 à Lyon, 4-1 face à Saint-Etienne). Les esprits s'échauffent, et une bagarre éclate entre Prior et Sané. Le premier avait déjà eu des mots avec les supporters quelques semaines précédentes, alors que le second n'a pas digéré son non-transfert en Angleterre. L'incident est grave, et il n'y a plus de réaction depuis. En conférence de presse, Sagnol montre son dépit et remet en cause le manque d'ambition d'un club qui vient de recruter quatre joueurs pour lesquels il a donné son aval. Quatre joueurs dont l'impact est toujours nul un mois et demi plus tard. C'est d’autant plus difficile à avaler qu'entre temps, Wahbi Khazri et Henri Saivet ont pris l'Eurostar direction l'Angleterre.
Un nouvel avenir à construire
Sur le terrain, il n'arrive pas à trouver les solutions. Son schéma de jeu est modifié constamment, et aucune alchimie ne se crée. Au fil de la saison, les Bordelais ont perdu le mince fond de jeu qu'ils pouvaient montrer partiellement les mois précédents. Plutôt problématique lorsque derrière, la défense craque aussi facilement comme un cure-dent. Des équipes contre Reims et Toulouse ont mis quatre buts chacun aux Marines et blancs en quinze jours. Après 30 journées, le FCGB compte 38 points en 30 journées, son pire total depuis 1996. Pour les dirigeants bordelais, c'en était trop et ce lundi, le divorce a été prononcé.
Désormais, c'est Ulrich Ramé, accompagné de Mathieu Chalmé, Pierre Espinola, Eric Bédouet et Franck Mantaux, qui prend les choses en main. L'ancien gardien mythique du club au scapulaire, avec lequel il a été double champion de France, a pour mission d'assurer un maintien tranquille aux siens durant les huit dernières journées. Pour la saison prochaine, un nouveau coach devrait prendre place. Pour le moment, les rumeurs les plus insistantes parlent de Marcelo Gallardo (vainqueur de la Copa Libertadores avec River Plate), René Girard, et surtout de Marc Wilmots. Le Belge a été marqué par son passage court en Gironde (saison 2000-2001), et c'est au centre du Haillan que l'équipe de Belgique va préparer son Euro. En attendant, c'est à Ramé de remettre un peu d'ordre pour finir cette saison galère dans les meilleures dispositions.