Dans le désormais démoli Boleyn Ground (également appelé Upton Park), ancien antre de West Ham, Paolo Di Canio va faire parler tout son talent pour marquer durablement les fans le 26 mars 2000. Alors âgé de 31 ans, l’attaquant italien est loin d’être un inconnu. Si c’est sa première saison sous le maillot des Hammers, il sort de deux années où il a déjà pu faire l’étalage de son talent en Premier League sous le maillot de Sheffield Wednesday. Enfant de Rome et fervent supporter de la Lazio, sa carrière est déjà jalonnée de frasques en tous genres. Entre son caractère bien trempé, son égocentrisme prononcé et son penchant pour l’extrême droite, il est le vilain petit canard du football italien. Le football anglais avait déjà pu s’en rendre compte deux ans plus tôt lorsqu’il avait poussé au sol l’arbitre Paul Alcock après s’être fait expulser. Résultat ? 11 matchs de suspension, et une réputation encore plus entachée.

Le but de l’année 2000

Malgré son niveau de jeu exceptionnel, il n’a donc jamais eu l’occasion de tenter sa chance dans un cador du football anglais, et c’est donc le West Ham de Harry Redknapp qui tente le pari en 1999. Un pari qui sera réussi, et connaîtra son apogée le fameux 26 mars 2000. Ce jour-là, West Ham reçoit Wimbledon pour un match de Premier League lambda entre deux équipes qui luttent bien loin des sommets du championnat. Mais au bout de 9 minutes, le trentenaire italien donne une toute autre dimension à la partie.

Excentré côté droit à 40 mètres du but, Trevor Sinclair s’avance et distille une transversale bien dosée en direction de Di Canio. Dans la surface de réparation, côté gauche, l’Italien voit ce ballon lui arriver dessus. Que faire ? Contrôler ? Centrer en une touche ? Une reprise de volée ? C’est la dernière solution qu’il choisit, mais en y a joutant une touche d’esthétique. Au lieu de se contenter d’une reprise simple, il élance d’abord sa jambe gauche avant de frapper dans la foulée avec son pied droit ! Une reprise en ciseau fabuleuse qui vient transpercer le malheureux gardien de Wimbledon, Neill Sullivan, impuissant face à l’ogive qu’il reçoit.

 

« Une harmonie que seul un  danseur peut avoir »

Sous les yeux de ses coéquipiers Frank Lampard, Rio Ferdinand ou encore du regretté Marc-Vivien Foé, Di Canio vient d’inscrire un but magnifique alliant finesse technique, équilibre et esthétisme à une précision d’orfèvre. Les fans de West Ham n’en reviennent pas et ils ne seront pas les seuls ! En fin de saison, la BBC lui décerne le titre de but de l’année. En mai 2016, à l’occasion d’une cérémonie célébrant le départ du club de West Ham de leur antre de Boleyn Ground, les fans sont appelés à voter pour le plus beau but de l’histoire inscrit dans ce stade. Sans surprise, la reprise de volée en ciseau de Paolo Di Canio sera élue, le faisant rentrer un peu plus dans la légende du club, et du football anglais. Il en parlera ainsi en ces termes.

« Le but contre Wimbledon était vraiment beau ! En un instant, j’ai vu le ballon arriver, et j’ai effectué une reprise de volée en ciseau instinctivement, et dont le pourcentage de difficulté était de 99%. Mais si vous voyez le changement en l’air, il y a une harmonie que seul un danseur peut avoir. Je peux comprendre pourquoi ils l’ont montré en boucle en Angleterre puisque c’était plus ou moins un but parfait. »

Auteur de sa meilleure saison en carrière avec 16 buts cette saison-là, il restera jusqu’en 2003 à West Ham, marquant profondément les fans locaux par son abnégation et sa finesse technique. Il poursuivra ensuite sa carrière en effectuant une pige d’une saison à Charlton, avant de boucler la boucle avec sa Lazio adorée. Mais c’est bel et bien du côté de West Ham qu’il aura laissé l’empreinte la plus grande.

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