Victorieux de Troyes ce samedi soir, l'OGC Nice a profité de cette victoire pour s'installer provisoirement sur le podium. Pourtant, l'ambiance n'était pas si joyeuse que ça. Ce n'est pas que le club snobe cette superbe 3e place, c'est juste qu'il a perdu l'un de ses glorieux anciens, si ce n'est le plus glorieux de toute sa longue histoire. En effet, César Héctor Gonzales, dit « Pancho » Gonzales, s'est éteint à 89 ans dans la soirée. Arrivé en 1951 au bord de la Méditerranée alors qu'il était âgé de 25 ans, il y passera l'essentiel de sa vie.
De Boca à la Côte d'Azur
Avant d'en arriver là, il est né le 7 décembre 1926 dans la capitale argentine, Buenos Aires. Comme beaucoup de jeunes argentins, le football va arriver dans sa vie rapidement, et c'est ainsi qu'il intègre Boca Juniors,une référence du football sud-américain. Au sein des Jaunes et Bleus, il évolue durant une période compliquée où le club passe tout près de la relégation, mais il a aussi l'occasion de jouer face à Alfredo Di Stefano lorsque le futur Ballon d'Or jouait encore à River Plate avant son exil doré en Colombie.
En 1951, il quitte alors son pays natal pour rejoindre un OGC Nice en plein développement. Si le club était encore en Division 2 en 1947, la mairie décide d'investir dans le football pour avoir une grosse équipe, sous l'impulsion du maire de l'époque, Jean Médecin. Peu de temps après, les résultats arrivent puisqu'en 1950-1951, les Azuréens décrochent leur premier titre de champion de France. C'est alors que Pancho arrive. Il ne bougera pas pendant dix ans, devenant au passage le véritable boss de l'équipe.
Un défenseur élégant au palmarès bien rempli
Pour un défenseur, il n'avait pas des qualités physiques exceptionnelles et il culminait seulement à 1m74. La différence, c'est au niveau de la technique qu'il la faisait. Alors que les relances propres sont inconnues pour la plupart des défenseurs, Pancho a la capacité d'être un premier relanceur. Son déficit physique est donc compensé par sa technique supérieure à l'époque pour un défenseur. C'est avec ces qualités-là qu'il va être la tour de contrôle d'une équipe qu'il mène à trois titres de champion de France et deux victoires en Coupe de France dans les années 1950.
Il va aussi être le capitaine de la grande équipe qui le 4 février 1960 s'offre le grand Real Madrid de Gento, Santamaria et Puskas sur le score de 3-2, avec un triplé de Vic Nurenberg, en quarts de finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions. Un Match que vous pouvez revoir avec Just Fontaine lui-même pou les commentaires. Malheureusement, les Aiglons prendront un sévère 4-0 au retour, à cause du retour du grand Alfredo Di Stefano, mais aussi d'un arbitrage hasardeux. Quelques semaines plus tard, le Real remporte sa cinquième C1 à la suite en écrasant Francfort.
Durant cette glorieuse décennie, il a aussi la chance d'évoluer aux côtés de joueurs exceptionnelles à l'image du buteur luxembourgeois Nurenberg, mais aussi Hector de Bourcoing, Jacques Foix, Joseph Ujlaki, Antoine Bonifaci ou encore l'immortel Just Fontaine pour ne citer qu'eux. Cette équipe exceptionnelle enflamme un Stade du Ray bondé chaque semaine pour voir le spectacle proposé par leur équipe.
Dans l'histoire du FC Nantes
En 1961, à 35 ans, Pancho quitte le club azuréen après dix années fastes pour aller terminer sa carrière à l'échelon inférieur avec le FC Nantes. Sous le maillot rouge et blanc, il aura disputé la bagatelle de 356 rencontres pour 3 buts, mais il a surtout été le capitaine emblématique du club entre 1955 et 1961. Il dispute donc ensuite deux saisons avec les Canaris, le temps pour lui de participer à la première montée en Ligue 1 de l'histoire du club, aux côtés notamment d'un certain Jean-Claude Suaudeau, alors âgé de 24 ans, et sous les ordres du légendaire José Arribas. Il est alors temps pour lui de prendre sa retraite à 37 ans après une grosse carrière de joueur. Mais l'histoire ne se finit pas là.
Une belle carrière de coach
Ce grand passionné de football va poursuivre sa grande carrière en prenant place sur le banc, en commençant évidemment par son OGCN. Lorsqu'il retrouve le club en 1964, ce dernier vient de chuter en Division 2. Pas un souci pour Pancho qui n'a besoin que d'une saison pour ramener le club dans l'élite, et s'offrir un titre de champion. Les trois saisons suivantes, il fait progresser le club petit à petit en terminant 10e, 6e puis 2e, échouant derrière un Saint-Etienne intouchable. La saison suivante se passera moins bien et à mi-saison, il quitte le club en le laissant au bord de la zone rouge. A la fin du championnat, l'OGCN retombera en Division 2.
Après un break de trois ans et demi, il signe finalement son retour à Bourges en Division 2, en 1972. Il réussi à maintenir le club en D2 et revient ensuite en Division 1 sur le banc d'Angers. Il obtient une 4e place historique pour le club dès sa première saison avant de devoir le quitter la saison suivante à cause de résultats décevants au bout de quelques semaines. Plus tard, ce sera la même avec Rouen. La première saison, il fait monter le club en D1 avant de partir la saison suivante au bout de 9 rencontres alors que le club se traîne à une 20e place qu'il gardera jusqu'en fin de saison. Pendant cette période rouennaise, il entraînera un certain Jorge Trezeguet, dont la femme mettra au monde en 1977 un futur champion du monde, un certain David Trezeguet...
En 1981, il signe une dernière saison avec Blois en Division 2 mais cela se termine par une relégation. Ce sera sa dernière pige en France. Sa carrière semble être terminée mais en 1986, il fait un dernier baroud d'honneur en reprenant la Côte d'Ivoire pour la Coupe d'Afrique des Nations. Ce sera un succès total puisqu'il parvient à amener les Ivoiriens à la 3e place, une première depuis 1968 pour des Eléphants qui n'étaient pas encore devenues références sur le continent à l'époque.
L'OGC Nice dans le sang
Depuis, il a fait parti de l'équipe dirigeante de l'OGC Nice et a décidé de rester vivre en Côte d'Azur, gardant une proximité avec celui qui est devenu son club. Régulièrement, il assistait au match des Aiglons, aux entraînements, et donnait son avis sur certains joueurs, notamment ses jeunes compatriotes argentins. Lorsque le projet du nouveau stade est sorti, son nom fut l'un des premiers cités pour le naming des tribunes même si cela ne s'est pas fait au final.
Un nom qui restera gravé à l'éternité dans l'histoire niçoise, mais aussi du championnat de France, qui a reçu des hommages nombreux depuis l'annonce de son décès, dont celui de Claude Puel, actuel entraîneur des Niçois, après le match face à Troyes : « Je dédie cette victoire ce soir à Pancho Gonzales, qui était un fervent supporter et venait souvent nous voir aux entraînements, et avec qui on discutait beaucoup du passé, de la période où il a amené l'OGC Nice très haut. C'était quelqu'un toujours jovial et de bonne humeur. Il y a donc beaucoup de tristesse à le voir partir aujourd'hui. Il aura marqué le club, et aura été un grand joueur et supporter pour toutes les générations qui sont passées par la suite parce qu'il est resté très fidèle dans son amour pour l'OGC Nice. »
C'est donc un monument qui s'en est allé, mais comme tous les grands monuments, sa grandeur traversera le temps.