Souvent dans le sport, on aime bien parlé de joueurs qui traversent les générations et le temps, de vieux briscards. Bien souvent ce sont des gars qui ont derrière une carrière d’une grosse quinzaine d’années, voire la vingtaine, ce qui est déjà phénoménal. Traverser deux décennies au plus haut niveau est un exploit dans n’importe quel sport, même dans le hockey sur glace. En revanche, lorsque l’on se rapproche des trois décennies, qui plus est en maintenant un niveau de performance très élevé, là ça devient tout simplement hors du commun. Et bien, Jaromir Jagr va pour au moins une saison de plus nous faire profiter de sa légende Jeanne Calmantaise, en disputant à 45 ans une nouvelle saison de NHL, 27 années après la première.

L’âge compensé par le talent et l’intelligence

Cela faisait de nombreuses semaines que le doute était encore présent. Non prolongé par les Panters, Jaromir Jagr s’est retrouvé agent libre cet été, sans avoir d'approches concrètes de l’une des 31 franchises de la ligue jusqu'à récemment. Au vu de son âge très avancé pour un sportif de ce niveau (45 ans), rien de surprenant. En revanche, si l’on se penche sur ses performances, il y en a sans doute beaucoup au sein de la ligue qui aimeraient seulement se rapprocher de son niveau. S’il est tout à fait logique que sa vitesse de patinage se soit affaiblie, tout comme son endurance, le phénomène tchèque n’en reste pas moins l’un des joueurs les plus léchés à avoir foulé les glaces mondiales sur ces trente dernières années.

Son intelligence de jeu n’est plus à démontrée, et lorsque l’on combine cela à son exceptionnelle technique, ça en fait encore aujourd’hui un joueur extrêmement dangereux. La saison dernière, le trio qu’il formait avec Barkov et Huberdeau était le plus performant au sein de sa franchise, et ce n’est pas un hasard s’il a terminé la saison avec 16 buts et 30 assistances, le tout en ayant pris part aux 82 rencontres de saison régulière. Jaromir en a encore sous le patin, et même s’il n’est plus capable de franchir la barre des 100 points comme il le faisait allègrement à la fin des années 1990, il a encore les moyens pour rendre de (très) gros services à une bonne franchise.

Un exemple à suivre les yeux fermés

Ces dernières heures, le quadragénaire avait relancé les rumeurs en postant sur Twitter une photo originale accompagnée du message suivant : « Regardez, je viens juste de dire à mon chat qu’il y a une chance que je joue en NHL cette année ».

Un petit post comique comme le vétéran aime en faire. Son agent avait également fait part de discussions avec trois équipes. Des discussions abouties puisque dans la journée, plusieurs sources se sont rejoints pour annoncer sa signature à Calgary pour un an, à hauteur de 1 millions de $. La confirmation officielle de la part des Flames devrait intervenir dans les prochaines heures.

Jagr va ainsi débuter là sa 24e saison au sein de l’élite du hockey, 27 ans après sa première. Déjà entré par la grande porte de l’histoire de la NHL en devenant notamment le deuxième meilleur scoreur de tous les temps derrière l’intouchable Wayne Gretzky, il va avoir la possibilité cette saison de devenir le numéro un dans une catégorie là encore exceptionnelle. S’il dispute un minimum de 57 matchs, il deviendra le joueur ayant disputé le plus de rencontres de NHL. Il dépasserait ainsi un autre mythe, Gordie Howe, alias « Mr. Hockey », et auteur de 1767 rencontres. Le symbole serait encore plus fort alors que cette nouvelle saison se passe exactement 100 ans après la toute première.

Gordie Howe
Gordie Howe

Pour les jeunes générations de fans, avoir la chance de le voir évoluer encore aujourd’hui est une chance formidable, et c’est sans aucun doute possible le meilleur exemple possible pour tous les gamins qui s’adonnent à ce sport. Alors qu’il aura 46 ans en février prochain, le mythe tchèque va ainsi débuter sa 29e année professionnelle (première saison en 1988 avec le HC Kladno en République Tchèque). Même s’il a déjà connu la joie de remporter tous les titres et récompenses possibles, d’être déjà entré dans l’histoire de la plus grande ligue du monde à de nombreux niveaux, ce gars n’a pas envie de laisser sa crosse au placard. Jaromir Jagr aime le hockey, le hockey l’aime, et tous les fans l’aiment aussi. Cette saison encore, on sera nombreux à regarder un match de Calgary uniquement pour voir le doyen faire la leçon aux jeunes, pour le voir jouer tout simplement, et vivre un peu plus son histoire légendaire. En attendant l’été prochain pour voir si la légende continuera un peu plus

Père et fils

A Calgary, Jaromir Jagr va retrouver un nom avec lequel il partage un évènement en commun, le nom Tkachuk. En effet, Matthew perce depuis la saison passée avec la franchise de Calgary (48 points pour sa saison rookie), mais ce n’est pas avec le jeune joueur qu’il y a ce petit détail amusant. C’est avec son père, Keith. Lors de la Draft 1990 où Jaromir Jagr a été repêché en 5e position par les Penguins, Keith Tkachuk était sélectionné le soir-même par les Jets, en 19e position. Vingt-sept ans après, il va donc jouer avec le fiston d’un gars de sa génération, la 1972. Ca met sans doute un petit coup de vieux, mais le clin d’oeil est là encore bien sympa.

Matt et Keith Tkachuk
Matt et Keith Tkachuk