Qualifiée pour la seconde fois consécutivement pour la phase finale de la Coupe du Monde, la sélection algérienne, sous la houlette de « coach Halilhodzic », tentera au Brésil de disputer les premiers huitièmes de finale de son histoire après les échecs de 1982, 1986 et 2010. Pour y parvenir, les Fennecs pourront compter comme à l’accoutumée sur l’indéfectible soutien de toute une nation, toujours aussi fière de son équipe nationale.
En 1962, alors que le Brésil est champion du monde pour la deuxième fois de son histoire, l’équipe d’Algérie, elle, n n’existe pas. Du moins, officiellement. Car officieusement, l’équipe du FLN (Front de libération nationale) a déjà fait son apparition depuis déjà 5 ans et l’année 1957. Et s’il elle ne peut participer à quelque compétition internationale que ce soit, cette équipe mythique jouera un rôle – du moins symbolique - important dans l’indépendance de son pays. En 1963, un an après la reconnaissance de l’indépendance de l’Algérie par la France, le plus vaste pays d’Afrique se dote enfin d’une équipe nationale de football. Une vraie. Mais les combattants du désert devront encore attendre 19 ans avant de disputer leur première Coupe du Monde. Après trois échecs consécutifs en phase de qualification, les Verts goutent enfin au bonheur en 1982.
La génération dorée
En Espagne, l’équipe des Rabah Madjer, Lakhdar Belloumi, Mustapha Dahleb ou autres Salah Assad commencent fort, très fort. Grâce à des réalisations des deux premiers cités, l’Algérie défait la RFA, alors championne d’Europe en titre (2-1). Pour la première fois dans l’histoire de la Coupe du Monde, une équipe africaine bat une équipe européenne. Après une défaite face à l’Autriche (2-0), les Algériens viennent à bout du Chili (3-2). Il ne reste alors plus qu’à espérer pour les Fennecs que le dernier match de poule opposant la RFA à l’Autriche tourne en faveur de ces derniers. Même si un match nul ou même une victoire allemande par plus de trois buts d’écart qualifierait également les coéquipiers de Belloumi pour le second tour. Mais suite à un arrangement tacite entre joueurs allemands et autrichiens qui débouchera sur une victoire 1-0 des premiers cités, les malheureux algériens sont renvoyés à la maison. Plus tard dans la compétition, au stade des demi-finales, la RFA de…Schumacher éliminera la France à l’issue d’une rencontre dramatique qui sera vécue côté français comme une injustice terrible. Pour la première fois depuis bien longtemps, France et Algérie s’étaient trouvé un ennemi commun. Quatre ans plus tard, les Fennecs sont de retour. Au Mexique, les hommes de Rabah Saâdane arrachent le match nul face à l’Irlande du Nord (1-1), puis disputent un match de feu face au Brésil des Junior ou autre Socrates, ne s’inclinant que par la plus petite des marges (1-0). Lors du dernier match des poules, l’Algérie concède en revanche une lourde défaite face à l’Espagne (3-0). Pour la deuxième fois en autant de participation, la sélection algérienne reste bloquée au stade des phases de poules. Mais contrairement à 1982, les Verts sont cette fois ci éliminé à la régulière.
Une longue période de disette
Championne d’Afrique à domicile en 1990, l’Algérie connait par la suite une longue période de disette durant laquelle elle échoue à 5 reprises à se qualifier pour le Mondial. En 2007, suite à la non qualification pour la CAN 2008, Rabah Saâdane est rappelé pour la cinquième fois à la tête de la sélection nationale. « Le sage » qualifie l’Algérie pour la troisième Coupe du Monde de son histoire, 24 après la dernière participation de l’équipe maghrébine à un Mondial. Dans le groupe C de l’Angleterre, des Etats-Unis et de la Slovénie, les Fennecs terminent à la dernière place sans avoir inscrit le moindre but.
Le 19 novembre dernier, alors que les Bleus se qualifiaient héroïquement pour le Mondial 2014 aux dépens de l’Ukraine au Stade de France (3-0), les Verts faisaient de même en écartant le Burkina Faso (1-0), vice-champion d'Afrique 2013, à Blida. Après un match aller perdu à Ouagadougou (3-2) à la 93ème minute sur un penalty litigieux, les Algériens arrivaient sur la pelouse du stade Mustapha Tchaker les crocs serrés. Devant 40 000 spectateurs chauffés à blanc, Bougherra inscrivait en bon capitaine le but de la victoire et envoyait l’Algérie au Brésil. Les « one, two, three viva l’Algérie » pouvaient désormais être entonnée à l’unisson par toute une nation.
Avant ce barrage à rebondissements, les Algériens avaient terminé en tête du groupe H des qualifications de la zone Afrique. Placés dans la poule du Mali, du Bénin et du Rwanda les hommes d’Halilhodzic ont parfaitement négociés leur affaire en terminant avec un bilan de 5 victoires en 6 matchs, avec pour seul accroc une défaite face au Mali (2-1).
Désormais 25ème nation au classement FIFA, l’Algérie du charismatique bosniaque Halilhodzic aura au Brésil pour objectif principal de ne pas revivre l’échec du mondial sud-africain, où les coéquipiers d’Antar Yahia avaient quitté la compétition sans inscrire le moindre but. Dans une poule homogène composée de la Belgique, favorite à la tête du groupe, de la Russie et de la Corée du Sud, les Algériens feront figure d’outsider pour une qualification pour les huitièmes de finale. Si tel résultat est atteint, les partenaires de Feghouli auront réussi leur compétition. De plus, c’est une page dans l’histoire de l’Algérie qui s’offrirait à eux. En effet, jamais en trois participations, les Verts n’ont dépassé les phases de poule. Même pas la grande équipe des Madjer ou autre Belloumi. Les hommes de « coach Vahid » savent désormais ce qu’il leur reste à accomplir…
Sur les 23 Algériens retenus par Vahid Halilhodzic pour disputer le Mondial au Brésil, ils sont 19 à évoluer en Europe. Surtout, ils sont dix éléments à ne pas encore avoir atteint la barre des dix sélections. Parmi eux, des jeunes pousses. Dont le virevoltant ailier gauche Riyad Mahrez (23 ans), qui vient de fêter sa première sélection avec les Verts face à l'Arménie (3-1), et a très largement contribué au retour en Premier League de Leicester City (trois buts, cinq passes en 19 apparitions). Mais également le milieu offensif Yacine Brahimi (24 ans), ancien du stade Rennais, qui sort d’une bonne saison avec Grenade. Sans oublier, Nabil Bentaleb (19 ans), plus jeune élément de cette équipe algérienne, qui a honoré sa première sélection avec les Fennecs début mars face à la Slovénie (2-0), et qui s'est installé dans l'équipe de Tottenham depuis la nomination de Tim Sherwood au poste d'entraîneur en décembre dernier. Mais au Brésil les jeunes seront bien encadrés, en témoigne la présence du capitaine Madjid Bougherra (31 ans, 61 sélections) et des « stars » de la sélection : Saphir Taïder (22 ans), titulaire à l'Inter de Milan, Sofiane Feghouli (24 ans), joueur du Valence CF, voir Faouzi Ghoulam (23 ans), arrivé à Naples cet hiver en provenance de Saint-Étienne.
La liste des 23 Algériens pour la Coupe du Monde 2014 :
Gardiens : Zemmamouche (USM Alger), Mbolhi (CSKA Sofia/BUL), Si Mohamed (CS Constantine).
Défenseurs : Medjani (Valenciennes/FRA), Mandi (Reims/FRA), Bougherra (Lekhwiya/QAT), Ghoulam (Naples/ITA), Halliche (Coimbra/POR), Belkalem (Watford/ANG), Cadamuro (Majorque/ESP), Mesbah (Livourne/ITA), Mostefa (Ajaccio/FRA).
Milieux : Feghouli (Valence/ESP), Taider (Inter Milan/ITA), Lacen (Getafe/ESP), Djabou (Club Africain), Brahimi (Grenade/ESP), Bentaleb (Tottenham/ANG), Yebda (Udinese/ITA), Mahrez (Leicester City/ANG).
Attaquants : Slimani (Sporting Portugal/POR), Soudani (Dinamo Zagreb/CRO), Ghilas (FC Porto/POR).
Vahid Halilhodzic n'est pas du genre à s'attacher à un onze type. L’ancien entraineur du PSG aime faire varier les plaisirs et son équipe avec. Difficile donc de savoir qui seront les heureux élus sur le terrain face à la Belgique le 17 juin prochain. Même si l’on devrait retrouver une bonne partie des titulaires lors du barrage victorieux face au Burkina Faso le 19 novembre dernier, à l‘exception de Kader, non sélectionné. Dans les buts, Zemamouche (USM Alger) et M'Bohli (CSKA Sofia) se disputent la place de n°1 alors qu’en défense la seule certitude est l’expérimenté capitaine Bougherra. Au sein de ce qui devrait vraisemblablement être un 4-2-3-1 (si ce n’est un 4-3-3), Taïder semble avoir une longueur d’avance au milieu de terrain tout comme Feghouli sur le flanc droit. En pointe, la concurrence est rude entre Slimani et Soudani, qui partagent tous deux la première place au classement des buteurs des Verts avec 10 réalisations chacun pour respectivement 21 et 19 apparitions sous les couleurs nationales. Enfin, une évidence : Vahid Halilhodzic ne manquera pas de choix dans le secteur offensif au Brésil. En plus des joueurs cités ci-dessus, le Bosnien pourra s’appuyer sur les habitués Yebda et Lacen, et les jeunes Brahimi et Mahrez qui tenteront de chambouler la hiérarchie. Alors que Bentaleb ainsi que Djabou brigueront pour leur part une place de titulaire.
Ci-dessus l’équipe alignée par Vahid Halilhodzic lors du barrage retour face au Burkina Faso (1-0), le 19 novembre dernier. ©DH.be
Entre les talentueux Brahimi, Mahrez et Bentaleb, le fameux Taïder et l’expérimenté Bougherra, pas facile de sortir une individualité de ce collectif algérien. Mais si un joueur devait se démarquer, ce serait sans doute Sofiane Feghouli. Né en France – comme 15 de ces coéquipiers – à Levallois-Perret, Feghouli choisit pourtant l’Algérie après avoir fait ses classes dans les différentes sélections d'âge des Bleus. Certainement joueur le plus populaire auprès des supporters verts et blancs, celui qui a fait ses débuts pros à Grenoble s’est désormais imposé comme un incontournable pour Halilhodzic. A 24 ans, il a également fait son trou au Valence CF depuis son arrivée en 2010. Avec désormais plus de 120 matchs de Liga dans les jambes et un très bon pied droit, le natif des Hauts de Seine sera très certainement l’homme clé des Fennecs au Brésil.
Après une victoire face à la Slovénie en mars (2-0) et deux succès face à l’Arménie (3-1) puis la Roumanie hier (2-1), les Fennecs vont prendre leur vol pour le Brésil. Le 17 juin, à 13 heures (heure brésilienne) l’Algérie débutera sa Coupe du Monde face à la Belgique d’Eden Hazard. Cinq jours plus tard, c’est la Corée du Sud qui se dressera sur la route des hommes d’Halilhodzic. Enfin, Les Verts disputeront leur dernier match de poule face à la Russie le 26 juin. Et si jamais les coéquipiers de Slimani décidaient de marquer l’histoire, vous aurez de nouveau rendez-vous avec eux le 30 juin. A moins qu’ils ne préfèrent le 1er juillet…
17 juin 2014 - Estádio Mineirão, Belo Horizonte - 13:00 Heure Locale – Algérie - Belgique.
22 juin 2014 - Estádio Beira-Rio, Porto Alegre - 16:00 Heure Locale – Algérie - République de Corée.
26 juin 2014 - Arena da Baixada, Curitiba - 17:00 Heure Locale – Algérie - Russie.
30 juin 2014 - Estádio Beira-Rio, Porto Alegre - 17:00 Heure Locale – 2H - 1G
1er juillet 2014 - Arena Fonte Nova, Salvador - 17:00 Heure Locale – 1H - 2G