De tous les huitièmes de finale, Argentine - Suisse apparaît comme le plus serré, entre une Albiceleste très moyenne lors des phases de poule et une Nati qui semble capable de la contrer, porté par Shaqiri qui reste sur un triplé face au Honduras. Dans cette opposition de style, la tactique pourrait alors se révéler décisive pour faire la différence. Ainsi, à quelle type d'opposition allons-nous assister ?

La Suisse avec un bloc bas

Ce qui semble ressortir d'entrée de cette affiche, c'est que les coéquipiers d'Inler vont défendre bas pour contenir les individualités argentines. On attend la Suisse dans un 4-2-3-1 classique mais positionné très bas sur le terrain, avec deux joueurs au pressing, la pointe Drmic et le meneur Xhaka s'associant pour gêner la relance du duo Mascherano - Gago au coeur du jeu et avec derrière deux lignes bien distinctes, Mehmedi et Shaqiri se replaçant à hauteur d'Inler et Behrami pour fermer les ailes et empêcher de potentielles montées de Rojo et Zabaleta. Les hommes Ottmar Hitzfeld ne devraient pas se jeter à l'abordage et attendre que l'Argentine vienne se heurter à leur système défensif rigoureux et bien en place. En l'absence de réel 10 côté argentin, Inler et Behrami auront alors beaucoup de liberté et la possibilité de venir couvrir sur les côtés et éviter les rentrées dans l'axe de Lavezzi et surtout Messi. L'Argentine est prévenue, elle devra faire le jeu face à un bloc regroupé.

Un passing game tranchant

Ainsi, il semble évident que c'est l'Albiceleste qui aura la possession de balle dans ce match, et pas sûr que ce soit un avantage pour les coéquipiers de Messi qui ont un énorme déficit de création depuis le début de ce Mondial. Contre l'Iran, face à une défense très basse et solidaire, l'Argentine s'est montrée incapable de mettre du rythme et de faire la différence dans la verticalité. C'est là l'une des clés du match : l'efficacité des Argentins sur le plan de la créativité. Sans Aguero, c'est Higuain qui occupera le rôle de pointe. Lavezzi sera quant à lui à gauche avec Messi très libre mais dans une position initiale d'ailier droit. Di Maria évoluera lui dans le même rôle qu'au Real, dans un milieu à trois où il aura la tâche de venir créer le déséquilibre de derrière. Higuain devra certainement servir de point d'appui aux percées de Messi et Lavezzi de l'intérieur vers l'extérieur tandis que Di Maria pourra venir prendre la place de Lavezzi dans le couloir gauche en phase offensive. Pour faire la différence, il faut que toutes les individualités argentines aient la liberté de se déplacer et rentrer dans l'axe. Mais il faudra également que les arrières latéraux puissent monter de derrière pour écarter le bloc suisse et déborder sur les ailes. Sans réel organisateur au coeur du jeu, il faudra faire la différence par le nombre et la percussion dans les 30 derniers mètres.

Le soucis de l'équilibre

Mais le principal souci pour Alejandro Sabella sera de trouver la formule pour préserver son équipe de la vitesse des attaquants suisses en contre. La sélection argentine devra faire les efforts de replacements mais également se montrer rigoureuse sur le plan de la couverture. Mascherano et Gago auront alors un rôle majeur, d'une part pour gêner la relance d'Inler et Behrami qui risquent d'avoir pas mal d'espaces dans une position reculée tandis que les arrières latéraux devront faire attention à chacunes de leurs montées. Il est fort à parier que Rojo et Zabaleta alterneront au cours du match entre couverture et volonté de participer au jeu. Si l'un monte, l'autre devra assurer l'équilibre côté opposé en restant à hauteur de ses défenseurs centraux pour garder trois vraies individualités derrière pour occuper toute la largeur du terrain et ainsi se préserver d'éventuels contres suisses. Les attaquants auront certainement un rôle à remplir dans cette volonté de rester solide malgré la volonté de faire le jeu. Di Maria devra fermer l'aile à Lichtsteiner à la manière d'un Matuidi pour permettre à Lavezzi d'avoir des espaces sur le côté gauche tandis qu'Higuain côté opposé aura le même rôle face à Ricardo Rodriguez puisque Messi ne participera vraissemblablement à l'effort défensif, à moins que ce ne soit Gago qui occupera ce rôle, auquel cas Mascherano aura la charge de contenir à lui tout seul le coeur du jeu, risquant alors le déséquilibre. Ainsi, la principale difficulté pour l'Argentine sera de ne pas laisser trop d'espaces dans son dos tout en se montrant audacieuse offensivement. Pour cela, l'implication défensive des attaquants sera primordiale.

Il ressort d'ores et déjà que l'Argentine, si elle veut s'imposer, devra faire preuve de cohésion. Plus on avance dans la compétition, plus c'est la force collective qui fait la différence. Face à une équipe Suisse qui va lui laisser le jeu, l'Albiceleste devra faire preuve de patience et de sang froid, mais aussi d'inspiration.