Même si la victoire de l'équipe de France face à la Roja est à relativiser au vu de l'incapacité des hommes de Del Bosque à concrétiser leur domination technique, la performance des Bleus, dans la continuité de la Coupe du Monde, a de quoi donner confiance et sérénité. Si lors des deux derniers matches du Mondial au Brésil, l'équipe de France n'avait pas su se lâcher offensivement et se libérer des contraintes tactiques imposées par le 4-3-3 de Deschamps, face à l'Espagne les coéquipiers de Pogba ont su produire de belles phases de jeu offensives, à l'image du but refusé à Benzema ou de celui de Remy. Analyse.

L'entame réussie des Bleus

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Alors que l'incertitude régnait autour de la manière dont les espagnols allaient rentrer dans le match au lendemain d'une Coupe du Monde ratée et lourde de conséquences, les hommes de Didier Deschamps ont décidé de se concentrer sur le plan de jeu typique, avec à la clé un 4-2-3-1 parfaitement compacte au cours des 20 premières minutes de jeu. En 4-4-2 à la Simeone en phases défensives, les Bleus ont alors réussi à contenir les attaques espagnoles. Sur les ailes, Sissoko et Griezzman ont fait les efforts nécessaires pour se replacer à hauteur de Matuidi et Pogba, les déchargeant alors de la couverture latérale qui aurait déséquilibré leur duo de récupérateur - relayeur tandis que Varane et Sakho ont maitrisé un Diego Costa esseulé à la pointe de l'attaque espagnole. Bien en place défensivement, la France s'est même payé le luxe de contester la possession du ballon aux hommes de Del Bosque, avec un pressing efficace exercé à mi-hauteur et une récupération de balle assez haute. Une domination qui s'est cependant estompée au cours de la première période, les Bleus reculant et offrant des solutions de débordement aux coéquipiers de Cesc.

Les limites tactiques du 4-2-3-1

Jusque-là imperméable défensivement, le 4-2-3-1 de Deschamps va alors montrer ses failles face à la réaction des espagnols et à la baisse de régime des français. Le système tricolore s'est en effet montré déstabilisé par les assauts de la Roja sur sa gauche et va souffrir face aux montées incessantes de Carvajal dans son couloir. Très libre dans son couloir gauche, Antoine Griezzman s'est moins bien acquitté de sa tâche défensive que Moussa Sissoko sur son aile et a libéré l'espace au latéral du Real Madrid qui est alors venu créer le surnombre dans la zone de Patrice Evra. Un surnombre qui s'est accentué par l'impuissance de Blaise Matuidi, chargé de boucher l'axe avec Paul Pogba. A défaut de pouvoir trouver des espaces au centre du terrain et trancher le bloc français dans la verticalité, les espagnols ont alors insisté sur notre côté gauche, sans pouvoir cependant faire la différence. Comme à la Coupe du Monde, le manque de vitesse dans les enchaînements et de provocation dans le jeu espagnol auront été préjudiciables à la concrétisation de leur domination technique et territoriale. Ainsi, malgré les limites tactiques et l'absence de couverture sur la gauche, les français auront tenu tête à l'Espagne au cours d'une première période disputée, rythmée et engagée.

La réaction de Deschamps

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Bousculés par la Roja et incapables de conserver le ballon après 20 premières minutes de qualité, les Bleus ont alors changé de profil en cours de seconde période, au gré des entrées de Loïc Remy, Lucas Digne, Yohan Cabaye, Morgan Schneiderlin ou Rémy Cabella. La France est alors repassée progressivement en 4-3-3, se calquant sur le système tactique espagnol pour mieux le repousser. En phases offensives, l'entrée de Remy a permis à l'attaque française de garder de la densité dans la surface adverse malgré les déplacements de Benzema tandis que la mobilité de Digne dans le couloir gauche a réussi à contrer les montées de Carvajal. Plus solides défensivement, les hommes de Deschamps se sont alors montrés plus audacieux offensivement, à coup d'attaques au sol, rythmées et dans les petits espaces. Alors que le but refusé à Benzema est venu prouver la vitesse de frappe des français en contre, le but accordé à Remy a démontré leur efficacité sur attaques placées et rapides. Côté espagnol, seule l'entrée de David Silva aura bousculé la morosité du 4-3-3 de Del Bosque. Seul joueur à apporter du mouvement et à prendre des risques, le Citizen aura gêné le bloc français, sans pour autant trouver la solution. A part ça, les hommes de Del Bosque auront affiché les mêmes lacunes qu'au cours de la Coupe du Monde. Surtout après l'ouverture du score française...

Il n'est jamais évident de se remettre d'une telle déception. Il semble ainsi que les hommes de Del Bosque ont encore à digérer le Mondial raté au Brésil. C'est pour cela qu'il faut relativiser leur défaite et la performance de la France. Cependant la capacité de Didier Deschamps a avoir raison même quand il a tort et les phases de jeu françaises ont de quoi nous rassurer.