Présentée comme un outsider du dernier mondial au Brésil, on n’a plus à présenter l’équipe nationale de Belgique, surnommée aussi Diables Rouges, dont la majorité des joueurs évoluent dans les plus grands clubs européens. Quatrième du classement FIFA, cette jeune génération est promise à un bel avenir avec l’espoir d’un premier titre. Dans le viseur, il y a l’Euro 2016 après un mondial correct mais qui a montré les limites d’une équipe qui manque encore expérience et qui s’est peut-être vue trop belle. Mais cette belle équipe ne pourra pas écrire une belle page de l’histoire du football belge si l’Union Belge ne règle pas ses problèmes internes qui ne cessent d’éclater dans la presse belge depuis quelques mois, donnant une impression de gestion catastrophique mais aussi d’une guerre des egos.
Tout a commencé en partie au mondial brésilien avec un accueil des supporters catastrophique dans des conditions déplorables. Pas d’électricité, seulement deux douches pour les hommes et deux douches pour les femmes, deux toilettes, un sol dégoûtant, pas d’écran géant…tout ça pour 2500 personnes. On frôlait pour l’insalubrité alors que certains supporters avaient déboursés plusieurs milliers d’euros (ndlr : 1150 euros pour dix nuits). L’Union Belge a porté la responsabilité de ce désastre sur la société néerlandaise, chargée du dossier. L’association Test-Achat a porté l’affaire devant la justice pour obtenir des dédommagements. L’Union Belge a proposé 50 euros par nuit de camping, un ticket pour le match Belgique-Chypre et la priorité pour acheter des tickets pour l'Euro 2016, le tout assortie d’une clause de confidentialité interdisant aux supporters d’en parler aux médias ou de poursuivre toute action en justice. On comprend qu’elle n’a pas envie de ternir son image par ce fiasco et qu’elle cherche à faire taire les supporters. La communication entre la Fédération et les supporters n’a pas toujours été au beau fixe, loin de là comme par exemple sur la priorité d’achat de billets pour les clubs de supporters officiels.
Peu après le mondial, le budget a été remis en cause avec des dépenses inutiles et coûteuses, des chiffres qui sont sortis ces derniers mois dans la presse belge et qui ont été confirmés. La situation est telle que le solde est à peine positif de 600.000 euros alors que l’équipe belge a fait un bon parcours lors des éliminatoires et qu’elle a fini quart de finaliste. Grâce aux médias belges, on peut donner quelques chiffres. L’Union belge avait reçu 1 million de subsides pour préparer l’Euro2020. 134.000 euros ont servi à organiser un voyage d’études durant le Mondial pour des personnalités politiques bruxelloises. De même la Fédération avait dépensé 300000 euros pour les chambres d’hôtel des femmes des joueurs lors du mondial. Elles n’étaient pas venus finalement mais la réservation n’avait pas pour autant été annulée. On a aussi une dépense de 1580000 euros pour I-cros, la firme de technologie informatique qui a digitalisé l’Union belge à la demande de Bob Madou, le Business Director de l’UB. Les feuilles de match digitalisées et la nouvelle application Belgium Football en sont deux exemples. Le coût total s’élèvera à 3,82 millions alors qu’il n’existe même pas de contrat. Les exemples continuent ainsi. La situation est tellement explosive qu’une réunion d’urgence des membres de l’exécutif de l’UB a lieu le 9 septembre. Son président François De Keersmaecker met les choses au point notamment sur les accusations internes et les fuites dans la presse. Le lendemain devait avoir lieu une réunion du Conseil d'Administration, au cours de laquelle, Steven Martens, le directeur général de l'Union belge, devait justifier les dépenses réalisées durant la Coupe du monde au Brésil. Dernièrement de nouvelles révélations dans la presse évoquent des dépenses douteuses, épinglées dans un audit interne des comptes de la fédération, notamment sur l’utilisation de cartes de crédit et de cartes essence à des fins privées.
Même l’entraîneur Marc Wilmots, qui fait pourtant l’unanimité au sein de l’UB, n’échappe pas aux critiques. Il a prolongé son contrat pour quatre ans en juin dernier avec pour condition la signature de tous les membres du staff qu’il tient à conserver. Il a négocié un salaire de 1 million d’euros par an. Certains choix tactiques ont déplu. Le sélectionneur serait trop sûr de lui et de son groupe et ne se remettrait pas assez en question. Il faut souligner d’ailleurs que la Belgique n’a jamais été véritablement confrontée à de très fortes équipes en match de préparation (ndlr : Colombie, Japon, Côte d’Ivoire, Luxembourg, Suède et Tunisie) ce qui pourrait fausser son image de très bonne équipe en devenir surtout si on considère que face à des équipes de son niveau, elle a perdu ou fait match nul. Mais ce n’est sans doute pas ce qui a le plus choqué. Début février, Marc Wilmots a demandé d'avoir l'avion des Diables Rouges qui leur avait permis de rallier le Brésil l'été dernier. Plus spacieux, il permettra aux joueurs de disposer de trois sièges au lieu de deux, afin de voyager plus confortablement. Le sélectionneur estime que le temps de récupération entre le match en Israël (28 mars) et contre Chypre (31/03) n'est pas suffisant et veut donc les meilleures conditions pour son équipe. Le coût supplémentaire est estimé à 100.000 euros. Cette demande a été qualifiée de caprice. Elle a été acceptée à 6 voix contre 2 par le comité exécutif. Seuls Johan Timmermans et Jospeh Allijns ont voté contre. D’ailleurs Johan Timmermans n’a pas apprécié et l’a fait savoir : « Marc Wilmots devrait se souvenir qu'il est un employé de l'Union belge, au lieu d'essayer d'imposer ses vues. Je n'ai pas apprécié son passage arrogant devant le CA vendredi où il est venu nous expliquer comment il fallait voter à sa demande. J'ai voté contre avec Joseph Allijns, et je ne regrette pas. Hélas, nous étions les seuls. » Ambiance… !
Dernier événement en date : la démission du directeur général Steve Martens qui a parlé de divergences au sein de la Fédération, tout en vantant son bilan. L’Union Belge n’a pas souhaité commenté ce nouveau départ. On peut cependant constater que si les Diables Rouges ont une génération, comptant de nombreux talents, et qu’ils bénéficient d’un véritable engouement, ils peinent à confirmer tout le bien que l’on dit d’eux dans le monde sportif. Les nombreuses polémiques et affaires qui entourent l’Union Belge n’y sont sans doute pas étrangères car chaque équipe a besoin d’une institution saine et solide pour pouvoir se développer et s’épanouir. L’UB sait certainement bien profiter de l’image que donne l’équipe belge pour son marketing mais elle devrait également songer à des résultats sportifs durables et qui progressent !