Deux des grandes nations favorites pour le titre de champion d’Europe dans deux mois et demi se sont affrontées dans un match amical de prestige à Udine. L’Espagne, double tenante du titre et toujours en recherche de repères après une Coupe du monde totalement ratée au Brésil, comptait bien profiter de cette opposition pour évaluer son niveau de forme actuel. Car la nation ibère menée par Vicente Del Bosque sera particulièrement attendue en France, elle qui va tenter de décrocher une troisième consécration européenne consécutive, ce qui serait une performance absolument inédite dans l’histoire du football.
De son côté la Squadra Azzurra dispose d’un groupe en reconstruction avec à sa tête le charismatique technicien italien Antonio Conte, d’ores et déjà certain de quitter son poste de sélectionneur à l’issue de l’Euro 2016. Pressenti dans les plus grandes écuries européennes dès la saison prochaine (notamment à Chelsea), l’ancien entraîneur de la Juventus a été contraint de palier les absences préjudiciables de nombreux joueurs cadres dont Verratti, Chiellini, Marchisio ou encore Barzagli.
Une Italie séduisante et généreuse bouscule la Roja
Après un premier quart d’heure poussif de la Squadra Azzurra marqué par quelques signes de fébrilité de la part des joueurs, le système de jeu en 3-4-3 pour le moins innovant d’Antonio Conte a progressivement fait son effet sur la pelouse du club italien de l’Udinese. Parfaitement organisée, la formation italienne a su contenir correctement les quelques offensives laborieusement créées par la Roja. La discipline défensive des Locaux, additionnée à une aisance tactique parfois impressionnante, a permis aux joueurs d’Antonio Conte de maîtriser leur adversaire avec une facilité parfois déconcertante. Porté par un Thiago Motta sérieux dans son rôle de sentinelle devant la défense, le milieu de terrain azzurri s’est imposé dans l’entrejeu face à celui des Espagnols, orphelin d’Andrès Iniesta et de Sergio Busquets…
L’animation offensive des Italiens était également très intéressante. Omniprésent, Antonio Candreva a longtemps malmené la défense espagnole. Un centre fort de l’attaquant de la Lazio Rome dévié du pied par Sergio Ramos aurait même pu être à l’origine d’un but contre son camp du capitaine espagnol (7'). Incisifs offensivement, les Azzurri ont également démontré toute la créativité dont ils pouvaient faire preuve, comme sur l’action collective ayant abouti à l’ouverture du score de Lorenzo Insigne. Entré en jeu quelques minutes plus tôt en remplacement d’Eder, le jeune attaquant du SSC Napoli s’étendait sur une passe en profondeur d’Emanuele Giaccherini pour dévier le ballon de la pointe du pied et surprendre De Gea (68').
De Gea envoie un message fort à son sélectionneur
Le jeune portier de Manchester United, cantonné au rôle de doublure en sélection nationale, a réalisé une très grande prestation face à une équipe de la Squadra Azzurra offensivement inspirée. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que celui-ci a vraisemblablement marqué des points à quelques semaines du coup d’envoi du championnat d’Europe. De quoi semer le doute dans l’esprit de Vicente Del Bosque, jusque-là intransigeant sur le fait de placer Iker Casillas comme titulaire indiscutable de la Roja ? Peut-être. Car en multipliant les arrêts de classe, comme sur les tentatives successives d’Eder (40e), Insigne (59e) ou encore Florenzi (63e), David De Gea a incontestablement maintenu à flots une équipe d’Espagne en grande méforme et dépassée dans bien des domaines. Trop peu épaulé par sa défense, l’ancien gardien de l’Atlético Madrid va malgré tout être contraint de céder sur le but de Lorenzo Insigne (68').
Sur un coup du sort, l’Espagne va toutefois parvenir à sauver les apparences en arrachant l’égalisation sur un but plein d’opportunisme d’Aritz Aduriz. Appelé en équipe nationale pour récompenser son incroyable saison avec l’Athletic Bilbao (27 buts en 42 matchs), l’avant-centre de 35 ans a marqué son premier but en sélection pour sa deuxième apparition sous le maillot de la Roja (70'). Un but cependant entaché d’une position de hors-jeu de Morato au départ de l’action…
Cette affiche alléchante, remake de la dernière finale du championnat d’Europe remportée sèchement par l’Espagne en 2012 (victoire 4-0), n’a peut-être pas tenu toutes ses promesses mais elle a au moins le mérite d’avoir apporté quelques enseignements sur deux nations pressenties pour soulever le trophée « Henri-Delaunay » le 10 juillet prochain au Stade de France.