Pourquoi diantre placer une finale de Coupe de France le vendredi soir ? En début de semaine, seules 50.000 places avaient trouvé preneurs. En comparaison, la finale de la Coupe de la Ligue avait mobilisé les supporters, et le Stade de France n’avait pas eu de difficulté à se remplir. La remarque que les gens vont faire, évidemment, sera celle-ci : avec Saint-Etienne en finale, le stade ne pouvait être que plein. Et les Rennais savent être présents dans les moments importants pour leur équipe, pour le reste de la saison, ça reste à prouver. Certes, mais Bordeaux est un des clubs les plus populaires du pays, et Evian donne l’occasion à une région longtemps en marge du football français de vibrer. Le gros souci, c’est donc la date, le vendredi soir.
La thèse du complot de la Ligue
Pour comprendre cette décision absurde de disputer une finale au Stade de France, soit à plus de 550 km de Bordeaux et d’Annecy, un vendredi soir, on est obligé d’émettre des hypothèses, la mienne vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire pas grand-chose. On est la veille de la finale du Top 14 entre Castres et Toulon, dans le même stade. Logique que le foot soit avant le rugby, ces armoires à glace défigureront l’écrin vert de l’enceinte dionysienne. Pourquoi le même weekend ? On arrive à ma supposition. La Ligue a construit le calendrier de Ligue 1 avec un seul match en semaine cette saison, contre deux l’an dernier. Mettre un calendrier avec deux matchs en semaine sur la saison permet de terminer une semaine plus tôt, et alors la finale aurait pu se jouer la semaine dernière, alors que le SDF était libre. Complot de Frédéric Thiriez, qui veut affaiblir la Coupe de France, produit de la FFF, au profit de son bébé Coupe de la Ligue, disputée mi-avril et en pleine visibilité dans la saison en cours ? Je dis ça, je ne dis rien…
Une finale pas très sexy
L’autre inconnue, c’est le nombre de téléspectateurs ce soir sur France 2. On pourrait jurer que si Roland-Garros joue les prolongations, la finale pourrait commencer avec un audimat très faible. Pourquoi ? Parce qu’au-delà d’évoquer les tables des restaurants (« plutôt Bordeaux, Rosé ou Blanc ? Sinon on a de l’Evian »), cette finale ne parle pas à grand monde. Dans la tête des gens, Bordeaux reste une équipe ennuyeuse, molle, qui peinera à concurrencer NCIS ou Les Experts. Evian ? C’est une équipe qui se sauve en fin de saison, qui a osé embaucher dans un passé récent Pablo Correa. Pour être très clair, en dehors des deux régions concernées, beaucoup se moquent de cette finale.
Il existe pourtant de bonnes raisons de la regarder : avec Evian, il y a des buts : 99 sur cette saison de Ligue 1 (marqués et encaissés), soit plus que Paris et Marseille, et autant que Lyon. La demi-finale contre Lorient a certes montré les bourdes de la défense bretonne, mais aussi une qualité de jeu intéressante. Quant à Bordeaux, ça reste un club avec une histoire récente plutôt brillante (rappel : c’est le champion d’il y a quatre ans) et qui peut fournir de très gros matchs.
La Sécurité Routière a fait son choix
Pour l’avant-match dimanche dernier, Bordeaux a battu Evian 2-1 dans un match à la qualité de jeu faible. Difficile de leur en vouloir : pour ce dernier match du championnat, les deux équipes n’avaient plus rien à jouer, et avaient sans doute déjà la tête au match qui se jouera ce soir. Bordeaux, 7e du championnat, part favori, mais a eu jusqu’ici un parcours de Coupe hyper favorable : Châteauroux, Moulins, Raon-l’Etape, Lens, Troyes. A chaque fois, une victoire avec un but d’écart, sauf contre Raon-l’Etape où il a fallu aller jusqu’aux tirs au but. Pour retourner en Europa League la saison prochaine, Bordeaux n’a plus le choix.
Evian, de son côté, a scalpé des écuries plus prestigieuses, en fin de parcours seulement : Amiens AC (aux tirs au but), Vertou, Le Havre, Paris (tab) et Lorient, avec un joli carton contre ces derniers, 4-0. Le 16e du championnat a là l’occasion de jouer le match le plus important de son histoire, lui qui jouait sa première saison en National quand son adversaire du soir soulevait Hexagoal.
Ce soir, Francis Gillot et Pascal Dupraz auront à leur disposition la quasi-totalité de leur effectif. Govou et Koné sont absents côté savoyard, N’Guémo et Rolan côté bordelais. Le coup d’envoi sera donné à 21h. En tout cas, le Ministère de l’Intérieur aimerait bien que, pour une fois, ce soit l’Evian qui dépasse le Bordeaux dans l’après-match…