Des impôts, partout des impôts. Dans un France en crise, la population frôle l’overdose face aux prélèvements obligatoires qu’elle doit à son cher et tendre état. Dans une dimension nullement comparable, le monde du football doit lui aussi faire face à l’augmentation du taux d’imposition sur les salaires et comme toutes contrariétés reliant football et argent se muent rapidement en polémiques, la taxe dite des 75% n’échappe pas à la règle. Au moment où le monde professionnel menace de faire la grève, le temps des éclaircissements semble venu.

Vous avez dit taxe ?
Taxe ? 75% ?  De quoi parle-t-on ? Qui dit explications, dit définition. La taxe des 75% correspond à un prélèvement à hauteur de 75% du salaire pour les personnes percevant un revenu annuel d’un million d’euros ou plus. Comme vous avez eu votre bac les doigts dans le tarin, vous savez qu’une personne touchant 1M en fin d’année verrait alors l’état lui prendre 750 000€. Et c’est là que vous vous trompez, il s’agit de  75% de ce qui est au dessus du million annuel, quelqu’un touchant 1 010 000€ se verra donc prendre 7 500€ Une réforme qui faisait office de tête d’affiche de la campagne d’un F.Hollande président et qui devrait sévir une première fois sur les rémunérations de 2013 et 2014. Face à la nouvelle, les concernés réagissent. Qu’ils deviennent subitement russes, qu’ils acceptent sans renicher ou qu’ils menacent. Parmi ces derniers, comptons les footballeurs qui menacent de faire grève si le gouvernement ne s’offre pas le luxe d’ajouter un amendement épargnant les bonshommes habitués à se déplacer à 11, balle au pied. Si rien ne va dans le sens des footeux, le monde professionnel du foot français s’exposerait alors à deux hypothèses.
La première consisterait à voir les stars fortunées du championnat déménager, raisons fiscales obligent. Une issue qui conduirait directement à l’enterrement du monde du ballon rond, alors prêt à retrouver ses heures les plus sombres qu’il n’avait plus connu depuis le rayonnement des sirènes "pétro-dollarisées" prêtes à chanter pour entrainer les plus grands dans ses filets, poke Zlatan.
La deuxième obligerait le PSG et consorts à compenser de manière à ce que leurs bijoux n’y voient que du feu et continuent de faire des étincelles sous les feux de la rampe. Une solution inaccessible aux clubs peu fourni en ressources financières. Cependant, lorsque les chiffres se dévoilent, l’addition paraît moins salée que ce qu’on était en mesure de penser. Si Paris et ses liasses figurent, sans surprise, en haut du podium avec un total de 20M d’euros supplémentaires à débourser. Les poursuivants sont loin derrière. Marseille prend la seconde place avec 8M d’euros, une somme certes nettement inférieure mais qui n’arrangerait pas les finances convalescentes du club phocéen. L’OL et le LOSC suivent avec 5M d’euros annuels puis Bordeaux (4 millions), Rennes (2 millions), Saint-Etienne (1,5 million) et Nice et Toulouse bouclent ce classement avec 1 millions annuels. Les autres clubs de l’élite sont épargnés. Rappelons que Monaco et ses millions russes ne sont pas touchés par la législation française.
Dernièrement, les footeux français se sont débrouillé par trouver une autre issue, et voilà que la grève pointe le bout de son nez.

«Le combat du football continue»
Face à l’adoption de la taxe qui fait faire des cheveux blancs aux clubs français, toujours mieux que les crêtes décolorées me direz-vous, le monde professionnel français menace de faire grève les 25, 26 et 27 octobre. Une perceptive qui n’a rien d’idéale pour un football français à l’image si écornée. Deux raisons notables font de cette grève une issue à éviter à tout prix. La première est d’ordre financier. Les clubs de Ligue 1 et plus généralement la fédération, sont liés, contractuellement, à Canal + et BeIN Sport concernant la diffusion des rencontres. En ne jouant pas ces matchs comme initialement prévu, les clubs ne respecteraient alors pas le contrat, s’exposant à des complications contractuelles avec les chaines cryptées. De plus, ils se priveraient des recettes découlant des ventes de billets, non négligeable pour la majorité des pensionnaires de l’élite. La deuxième raison serait davantage liée à l’image du foot hexagonal qui a si souvent souffert ces derniers temps. Si le fantôme de Knysna venait à ressurgir, l’opinion publique aurait certainement d’énorme difficultés à pardonner aux artistes du ballon rond un nouvel écart caractériel. Dans une France en crise frappée par le chômage, difficile d’accepter que des millionnaires se muent en grévistes pour protester contre une taxe destinée à être en partie reversée aux plus démunis.
Éviter cette grève serait l’occasion de montrer que jouer à la babale n’est pas incompatible avec la réflexion.