Le match aller : il fallait s’accrocher
En effet, l’Islande « c’est pas le Brésil ». La Croatie non plus d’ailleurs. Logique donc de voir les deux équipes se quitter dos à dos sur le score nul et vierge de 0/0 après 90 minutes plutôt ennuyeuses. La Croatie a contrôlé le match de A à Z sans jamais se découvrir, l’Islande se contentant de contrer sans grande réussite, ne tirant qu’à deux reprises aux buts et ne cadrant qu’une fois. Tristounet mais compréhensible, n’étant pas aidé par l’expulsion logique de Skulason cinq petites minutes après le coup d’envoi du deuxième acte. Seule satisfaction : revoir Gudjonhsen sur un terrain, c’est plutôt cool.
Malgré une supériorité numérique pendant la moitié du match, les Croates n’ont donc pas réussi à prendre un avantage au tableau d’affichage qui les aurait mis dans d’excellentes dispositions pour le match retour à Zagreb. Vous me direz un 0/0 à l’extérieur, c’est pas si mal. «La Croatie était la meilleure des deux équipes et s'est créé plus d'occasions. Nous n’avons pas pris de buts c’est déjà ça » clame Kovać. Un discours « Fernandezque » (Jean hein, pas Luiz) qui résume bien l’état d’esprit de cette équipe avant le match, souhaitant en priorité ne pas prendre de but.
Néanmoins attention aux 0/0 au match aller : un but encaissé au retour et le rêve peut rapidement se transformer en cauchemar…Et ce scénario n’est pas envisageable côté Croates, eux qui restent sur un échec lors de la qualification au dernier championnat du monde.
2010 : un échec qui tombe mal
Si la Croatie a eu son apogée lors du mondial 1998 en France (finissant à une belle troisième place), elle ne s’était derrière pas qualifié à la surprise générale pour l’Euro 2000, étant éliminé par la modeste Yougoslavie ! Depuis, elle a participé à toutes les compétitions internationales…hormis le mondial Sud-Africain de 2010. En effet, les coéquipiers de Luka Modric n’avaient pas réussi à sortir des poules qualificatives, finissant troisième derrière l’Angleterre et l’Ukraine. Une élimination prématurée qui sonnera comme un coup de massue pour cette équipe en constante progression depuis l’échec de l’Euro 2000.
Éliminés en poule lors des mondiaux 2002 et 2006 et lors de l’Euro 2004, les Croates montrent de très belles choses en 2008 en sortant premiers de leur poule pourtant composée de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Autriche (pays organisateur). En quart de finale contre la Turquie, l’équipe entrainée à l’époque par Bilić ouvre le score à la 119ème minute d’un match qu’elle a nettement dominé, par l’intermédiaire de Klasnić. Malheureusement, la joie fut de courte durée et Senturk égalisa au bout du bout du temps additionnel, poussant le match aux tirs aux buts qui seront fatals aux Croates (3 TAB 1).
Maudits turcs hein…Luka Modrić et ses partenaires auront dès les barrages de l’Euro 2012 une occasion en or de se venger. Chance qu’ils ne laisseront d’ailleurs pas passer.
2012 : Une campagne et un Euro très encourageant
En finissant deuxième d’une poule F remportée par la Grèce avec un bon bilan de 7 victoires 1 nul et 2 défaites, les Croates doivent à nouveau passer par les barrages afin de se qualifier pour l’Euro 2012 Coïncidence : ils retrouvent leur vieil ennemi Turc, le couteau entre les dents avec une grande soif de revanche. Le résultat est sans appel. Galvanisés par l’esprit de revanche et désireux de ne pas rater à nouveau une compétition internationale, les Croates atomisent la Turquie à Istanbul (0/3) grâce à Olić, Mandzukić et Corluka, le tout en une mi-temps. La messe est dite, le match retour n’offrant que peu de suspense (0/0) : la vengeance est totale. Cette qualification permet à Kovać de participer à sa première compétition européenne, dans une poule très compliquée avec l’Irlande, l’Italie et les champions en titre, l’Espagne.
Après une victoire inaugurale contre l’Irlande (1/3), les Croates réalisent une très belle performance et accrochent l’Italie (1/1), s’offrant de réelles chances de qualification. Le troisième match contre l’Espagne est suffoquant. La Croatie joue bien, défend crânement sa chance et est en mesure d’éliminer les Espagnols…jusqu’à la 88ème minute et le coup de massue de Jesus Navas qui qualifie l’Espagne, et élimine les Croates. Car oui, au final c’est toujours les mêmes qui gagnent.
Qu’importe le résultat. La manière, l’engagement et le jeu proposé séduisent largement l’opinion. Une solide base sur laquelle s’appuyer pour entrevoir une possible belle performance lors du mondial brésilien.
La qualification : pourquoi y croire ?
Placés dans un groupe qualificatif pour le mondial Brésilien compliqué avec notamment la Serbie et la Belgique, les Croates vont obtenir la 2ème place derrière les intouchables belges. Le bilan est correct avec 5 victoires, 2 nuls et 3 défaites, malgré deux revers lors des deux derniers matchs à domicile contre l’Ecosse (0/1) et la Belgique (1/2). La Croatie a donc tout à prouver mardi devant son public afin d’effacer ces deux défaites et ne pas rater un nouveau mondial. Cela sera compliqué face à une équipe qui va venir pour défendre le plus longtemps possible, mais il existe fort heureusement plusieurs motifs d’espoir.
Dans le jeu, la Croatie est clairement supérieure à cette équipe Islandaise, et aurait pu prendre l’avantage au match aller si elle n’avait pas manqué de réalisme devant le but, et de précision sur la dernière passe (Perisić notamment). Le stade Maksimir de Zagreb sera comble, et les 35 123 supporters donneront comme à leur habitude de la voie pour soutenir leur nation. Les Islandais risquent de souffrir, surtout défensivement avec la suspension de Skulason, expulsé au match aller. Surtout qu’en face, la Croatie possède une arme que beaucoup sous-estime : Mario Mandžukić.
« L’autre » Super Mario
Que ce soit au Bayern, ou en équipe nationale, Mario Mandžukić est un joueur clé, très souvent mis dans l’ombre. Est-ce son caractère plutôt réservé, sa grande taille ou son type de jeu qui ne fait pas « bander » ? Peu importe, il reste l’une des armes les plus affutées en Europe, notamment depuis l’an dernier.
En 24 apparitions lors du dernier exercice de Bundesliga (22 titularisations) il marque à 15 reprises. Ajoutez à cela 4 buts en coupes nationales (6 matchs) et 3 buts en Ligue des Champions (8 matchs) et cela porte son total à 22 buts en 36 matchs. Pas mal pour l’homme venu de Wolsburg pour être le remplaçant de Mario Gomez. Depuis l’arrivée de Guardiola, Mandžukić est néanmoins controversé. On se souvient notamment de son regard dévastateur vers le banc après son but contre Pilzen en Ligue des Champions, peu après son entrée en jeu. L’attaquant Croate reproche à l’entraineur son manque de confiance, malgré un rendement énorme cette saison. 11 matchs en tant que titulaire toutes compétitions confondues pour 10 buts : que demande le peuple ?
En sélection, Mandžukić ne possède pas un bilan à la CR7 mais reste indispensable (40 matchs 11 buts). Lors de l’Euro 2012, il marque 3 des 4 buts de sa sélection et se fait connaitre du grand public. Durant les éliminatoires il influe beaucoup sur les phases offensives de son équipe, son placement dos au jeu et sa qualité de remise permettant aux ailiers d’avoir beaucoup d’espace. Auteur de 3 buts en 11 matchs, il est notamment décisif contre la Serbie, rival géographique historique et principal adversaire pour la troisième place en marquant au match aller (2/0) et surtout à Belgrade (1/1).
L’attaquant Croate aura donc un rôle plus qu’important à jouer lors de ce match retour, son équipe devant impérativement marquer pour se qualifier. Entouré de joueurs d’expériences comme Modrić, Rakitić et Perisić capables de lui donner de bons ballons, nul doute qu’il aura des occasions pour aider son pays à se rendre au Brésil.
Les Croates ont un bon coup à jouer mais ne devront pas sous-estimer le petit poucet de la compétition, capable de coup de tonnerre en matchs de poule (4/4 en Suisse, 1/1 en Norvège, victoire 1/2 en Slovénie). Néanmoins, devant leur public, les Croates voudront se racheter de leur échec de 2010, et ne surtout pas rater une participation à un deuxième mondial consécutif. L’expérience est nettement de leur côté, mais cela suffira-t-il face à l’insouciance Islandaise ? Réponse ce mardi lors du coup de sifflet final, aux alentours de 22h40…