Si la Roumanie est à l'Euro, c'est pour beaucoup, grâce à sa présence dans le groupe de qualifications le plus faible de cette édition. Car elle était accompagnée des équipes suivantes :
- la Grèce, lamentable tête de série, suite à son parcours en Coupe du Monde l'an passé,
- la Finlande, toujours aussi discrète,
- l'Irlande du Nord, une formation sans véritables individualités capables de se distinguer,
- la Hongrie, bien loin des années Puskas,
- les Iles Féroé, un ensemble valeureux d'amateurs généralement impuissant.
Il est clair que cela facilite la tâche, d'autant qu'avec ce nouveau format à 24 équipes, les trois premières places pouvaient être qualificatives. Pourtant, l'on reproche à cette formation d'avoir "garé le bus", oubliant ostensiblement de faire le jeu, et se contentant de rares contres meurtriers. Certes, la Roumanie s'est contentée de marquer 11 fois en 10 rencontres. Et alors ? Le Pays de Galles aussi, et cela n'empêche pas les observateurs de s'extasier devant les prouesses des coéquipiers de Gareth Bale. Bien sûr, terminer derrière la Belgique est plus glorifiant que de talonner l'Irlande du Nord. Mais si cette recette fonctionne, tant mieux pour les Roumains !
Car le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont su pousser cette stratégie jusqu'à ses limites, ne perdant pas une seule fois, et présentant la meilleure défense des éliminatoires, avec 2 petites unités encaissées ! Félicitations à Balazs Dzsudzsak, animateur de la sélection hongroise, et à Joel Pohjanpalo, buteur de l'équipe de Finlande, qui auront été les seuls à percer la muraille des Carpates.
Le fait est que cette sélection est en mesure de gâcher la fête, le 10 juin prochain, au Stade de France. Il faudrait, cela va de soi, un véritable récital défensif de la part des joueurs d'Anghel Iordanescu, qui a déjà mené cette équipe en quarts du Mondial, en 1994, au détriment de l'Argentine, balayée en huitièmes. Mais avoir une défense imperméable, c'est une évidence pour ces Tricolores d'Europe de l'Est, qui ne peuvent pour le moment compter sur une nouvelle génération trop fébrile.
Il est d'ailleurs temps de présenter les cinq éléments sur lesquels l'ancienne gloire du Steaua Bucarest s'est appuyé :
- gardien : Ciprian Tatarusanu, qui vit actuellement sa deuxième saison à la Fiorentina, après cinq ans fructueux au Steaua Bucarest (deux Championnats, une Coupe, et une Supercoupe de Roumanie),
- défenseur central : Vlad Chiriches, joueur de Naples depuis cet été, après une expérience à Tottenham, qui est lui aussi passé par le Steaua Bucarest le temps d'une saison (un Championnat et une Supercoupe de Roumanie),
- latéral gauche : Razvan Rat, capitaine de cette formation, évoluant au Rayo Vallecano, après avoir été un pilier du Shakhtar Donetsk (300 matches en 10 ans, récompensés par 7 Championnats, 4 Coupes et 3 Supercoupes d'Ukraine), et joué un an à West Ham,
- meneur de jeu : Constantin Budescu, nouvel animateur offensif de la sélection, qui compte, à 26 ans, plus de 300 matches en pro, pour environ 115 buts, avec le Petrolul Ploiesti, puis l'Astra Giurgiu,
- attaquant de pointe : Claudiu Keserü, revenu au Steaua Bucarest après 11 ans, 250 matches, et 75 buts en France (Nantes, Libourne-Saint-Seurin, Tours, Angers, Bastia), puis parti au Qatar, avant de s'installer au Ludogorets Razgrad, quadruple champion en titre de Bulgarie.
Portée par tout un peuple, s'appuyant sur une grande majorité d'éléments passés par le Steaua Bucarest, et basée sur un collectif indivisible, composé de véritables guerriers, cette équipe a donc les moyens nécessaires pour créer la surprise à l'occasion du match d'ouverture, ou, dans une moindre mesure, pour franchir le premier tour de cet Euro, qui s'annonce terriblement excitant.