En 1979, le monde du football doit s'habituer à vivre sans Johan Cruyff, mais cela ne dure pas longtemps. Le Néerlandais perd tout son argent après avoir été mal conseillé, et se retrouve dans une situation délicate. Afin de remédier au problème, il décide de rechausser les crampons du côté de l'Eldorado de l'époque : les Etats-Unis.

L'aventure américaine et un passage au rival

Il s'engage alors avec les Aztecs de Los Angeles, et évolue contre d'autres légendes venues monnayer leurs services en fin de carrière, à l'image de Gerd Müller, George Best ou Johan Neeskens. Il reste une année avec la franchise de la côte Ouest avant de rejoindre les Diplomats de Washington, qu'il quitte rapidement à cause des problèmes financiers du club.

Sur les pelouses américaines, le Cruyff trentenaire s'amuse et continue d'imprimer sa patte un peu partout. S'il avait déjà l'âme du coach à l'Ajax et à Barcelone, il commence à le devenir petit à petit en reprenant constamment ses entraîneurs américains pour mettre en place ses systèmes à lui. Après ce passage américain, il est à deux doigts de signer avec le modeste Dumbarton en D2 écossaise, mais c'est finalement Levante qui récupère la légende. Si le stade se garni par sa simple présence, le Hollandais ne laisse pas un grande trace dans l'histoire du club, et il revient donc aux Pays-Bas, dans son Ajax, à 34 ans.

Il reste un an et demi avant de voir son contrat na pas être prolongé. A 36 ans, et avec des restes géniaux, il prend sa revanche en remportant le titre l'année suivante avec l'ennemi numéro un de l'Ajax : le Feyenoord. Difficilement accepté par les fans du club de Rotterdam, il est considéré comme un traître par les Ajacides. Malgré tout, il mettra tout le monde d'accord sur les terrains avant de se retirer définitivement à 37 ans.

Football Cruyff de Barcelone

Après un an de break, il revient sur le devant de la scène en prenant place sur le banc de l'Ajax Amsterdam en 1985. Avec le club néerlandais, il révèle au grand jours des futurs joueurs d'exception (Rijkaard, Van Basten, Koeman), et permet au club de regagner sur la scène européenne (Coupe des vainqueurs de coupe 1987). Mais c'est à partir de 1988 que sa légende va se renforcer.

Il revient à Barcelone, dix ans après son départ, à un moment où le Real Madrid écrase la concurrence en Espagne, emmené par Butragueno et sa fameuse « quinta del buitre ». Les premières années, Cruyff remporte quelques coupes, sans toutefois parvenir à stopper l'hégémonie madrilène. Mais Cruyff est venu en Catalogne avec des idées pleins la tête qu'il s'applique à mettre en place. Le 4-3-3 devient le modèle de référence pour l'équipe première, mais aussi pour toutes les équipes de jeunes. Un jeu offensif est prôné, et les résultats vont arriver. S'il passe tout près de la mort en 1991 suite à une crise cardiaque, causée notamment par une consommation excessive de tabac, l'année suivante va devenir une référence.

Après avoir repris le contrôle de la Liga la saison précédente, le Barça réédite la performance. Sur le plan européen, c'est la même chose. Le Barça réalise un parcours parfait et remporte son premier titre de champion d'Europe en battant la Sampdoria en finale, grâce à un coup franc surpuissant de Ronald Koeman. Koeman, ancien poulain de Cruyff à l'Ajax. Dans cette équipe, on retrouve également son leader offensif, Michael Laudrup, accompagné par exubérant Stoickhov. Au milieu de terrain, c'est un gamin de 21 ans qui gère le tempo de l'équipe et ébloui par tout le monde par son intelligence de jeu. Il s'agit d'un certain Pep Guardiola. Cette équipe remporte la Liga les deux années qui suivent, mais ne parvient pas à retrouver une victoire en coupe d'Europe, malgré une finale en 1994. En 1996, Cruyff arrête sa carrière d'entraîneur en laissant une trace indélébile dans le football moderne.

Le plus grand de tous les temps

Depuis le passage de Johan Cruyff, le FC Barcelone est devenu une référence en matière de football. Une équipe reconnue pour produire un jeu offensif, agréable et léché. A la base de ce style, c'est le Néerlandais qui a imposé cette philosophie, désormais imprégnée par toutes les personnes qui passent un jour par la Masia, ou même par les joueurs recrutés en équipe première. Aujourd'hui encore, son héritage est visible partout. Par le biais du Barça évidemment, mais aussi par celui de tous ses anciens joueurs devenus coachs et qu'il a fortement influencé. En premier lieu, il y a donc Josep Guardiola, mais aussi Andoni Zubizaretta et Txiki Begueristain, deux anciens directeurs sportifs du club. Sur les bancs de touche, ils sont également nombreux. Que ce soit Danny Blind (Pays-Bas), Michael Laudrup (Swansea), Ernesto Valverde (Bilbao), Ronald Koeman (Southampton) ou encore Frank Rijkaard (ex-Barcelone), tous ont été influencés par le maître hollandais.

Dans les années 1970, c'est toute une génération qui est conquise par Cruyff. Son style effronté le fait passer au statut d'icône. Après la Coupe du Monde 1974, le prénom Johan revient à la mode en France durant quelques années et toute la génération française dorée des années 80 a grandi avec le Hollandais. Michel Platini l'idolâtre et d'autres joueurs au gabarit léger rayonnent sur le monde du football à l'image de Tigana et Giresse. A l'image de Michael Jordan qui a popularisé le numéro 23 mondialement, Johan Cruyff a fait pareil avec le numéro 14, dans des proportions moindres. Il est l'un des premiers à ne pas choisir un numéro entre le 1 et le 11 lorsque la règle concernant les numéros de maillot s'élargit. Ce numéro sera celui de toute une génération.

Encore aujourd'hui, toute personne s'intéressant au football a déjà entendu le nom de Cruyff. Si pour ce qu'il a fait sur le terrain, il est souvent placé en deuxième ou troisième position derrière Pelé et Maradona, ce qu'il a fait en tant qu'entraîneur fait de lui le plus grand de tous les temps. Si Pelé et Maradona ont été des joueurs d'exception, ils n'ont pas le même héritage que Cruyff. Le Néerlandais s'est inspiré grandement du football total de Rinus Michels pour créer son propre football, avant de le transmettre à ceux qui ont été à ses côtés. Avec en premier lieu Guardiola, la présence de Cruyff est encore forte. S'il ne sera plus jamais là pour donner son avis sur le football, le football ne l'oubliera pas. Ni aujourd'hui, ni demain. Johan Cruyff est éternel.

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About the author
Maxime Cazenave
Etudiant en Information et Communication à Bordeaux, Correspondant local pour Sud Ouest, et rédacteur pour le Daily Dunk, Hockey Archives et Vavel France. Une seule passion et religion : Cheick Diabaté