L'arène de la Beaujoire était pleine à craquer, ce soir, pour voir les Coqs défier les Lions indomptables. 37 000 personnes qui ont laissé leur maillot jaune du FCNA chez eux pour arborer du bleu. Un engouement ressenti dès la Marseillaise entonnée de pleine voix par un stade qui a vu le nourrisson Deschamps faire ses premiers pas de pro sur un pré, idem pour la nouvelle coqueluche de West Ham, Dimitri Payet.
La dernière victoire des Bleus face au Cameroun remontait à la finale de Coupe des Confédérations en 2003, après prolongations. Un but de Titi à la 98e minute qui ne restera pas dans les annales, la compétition restant marquée par la mort accidentelle de Marc-Vivien Foé sur la pelouse de Gerland contre la Colombie. Une opposition bien différente que celle de ce soir, qui avait tout d'un amical. Pour Hugo Broos, le sélectionneur belge du Cameroun, le match important se jouera contre la Mauritanie vendredi (éliminatoires CAN). Malgré tout, ses joueurs ont livré un match correct et les cadres ont eu du temps de jeu, contrairement à ce qui était attendu. Les hommes de Didier Deschamps, eux, se devaient de faire forte impression à onze jours du début de leur Euro.
Sympa ce match... de la 85' à la 92'
"Allô Didier ? Dis-moi, tu as dit à tes joueurs que l'Euro commençait la semaine prochaine ? Non, comme ça." Les Bleus n'ont pas convaincu à l'approche d'une compétition qu'ils sont censés débuter comme favoris. Long au démarrage, lent au cours du match, il aura fallu attendre les dix dernières minutes de jeu pour enfin prendre du plaisir à regarder ce match. Avant cela, le spectacle se jouait plus sur la tête de Paul Pogba et sa nouvelle coiffure (un pogboom blond, what else ?) ou dans les tribunes quand le public nantais avait encore le moral de lancer quelques holas. L'entrée de Sissoko à la place de Pogba à l'heure de jeu a permis de replacer Dimitri Payet dans l'axe, poste dans lequel il se trouve être beaucoup plus à l'aise que sur le côté. C'est ce dernier qui offrira le plus beau coup de patte de la soirée (91'), un coup franc strass et paillettes du réunionnais, pourtant excentré aux 20 mètres sur la droite, qui bat l'excellent Ondoa après que le cuir n'ait légèrement heurté le poteau. En pleine réussite sur ces derniers coup-francs avec les Bleus ou West Ham, Payet a permis aux Bleus d'empocher une victoire bien médiocre.
Koscielny-Rami: non merci !
Bon, la défense, on en parle ? Adil Rami se devait de réussir ce match pour faire taire tous ceux qui ne comprennent pas sa sélection à l'Euro et il leur a complètement donné raison. Un fiasco pour le pilier de Séville qui s'est fait devancé dans les airs toute la rencontre. Une seule fois il aura pris le dessus du cochi sur corner (83')... pour finir en touche. Rami a ramé toute la rencontre, et ce dès le début en étant fautif sur l'ouverture du score bien loin de Vincent Aboubakar (22') mais il s'est trouvé une excuse "J'ai conscience d'avoir fait quelques erreurs mais je ne connais pas le groupe", un peu facile ça mon gaillard non ? A ses côtés, Laurent Koscielny n'aura pas fait du propre non plus. Une belle glissade qui permet à Choupo-Moting d'égaliser à 2-2 (87'). En revanche, pas de carton rouge ni de CSC pour le stoppeur des Gunners, peut-être s'en satisfera-t-il, moins sûr pour DD. Il va falloir trouver une solution derrière mais surtout mettre le réveil.
Super Coman
A droite, à gauche, au physique, en vitesse, l'ailier du Bayern Munich a été le plus dangereux ce soir. Du moins le temps de ses 77 minutes de jeu. C'est sur une de ces accélérations qu'il a fait la différence sur le côté gauche avant de délivrer un centre à mi-hauteur pour le parisien Blaise Matuidi. Le milieu défensif reprenait de volée pour ouvrir le score (21'). Outre ses différences balle au pied, l'homme à la tresse a également obtenu de nombreuses fautes, un sens de la provocation qui devrait faire tourner plus d'une tête à l'Euro. Malgré son peu d'expérience sous le maillot national, Kingsley, qui fêtait ce soir sa première sélection, semble tout avoir de son côté pour réussir, à commencer par le soutien du peuple bleu,blanc,rouge.
Que faire de Giroud ?
Les matchs s'enchainent et se ressemblent pour le BG en slip. Une alternance de bon et de moins bon mais surtout peu de ballons à jouer. Buteur de l'intérieur du gauche, Olivier Giroud peut remercier Pogboom qui lui sert une délicieuse galette sur le pied (41'). Son réalisme n'est toutefois pas à négliger jusqu'à ce qu'il rate un nouveau face à face devant Ondoa (55') ne sachant profiter d'une belle boulette de l'ex lillois Aurélien Chedjou. Le plus inquiétant est de voir que Yohann Cabaye s'est créé autant d'occasions que Gigi en entrant à la 77'. Boitillant après un coup reçu dès les premières minutes, Hatem Ben Arfa avait déjà réservé l'avion pour rejoindre le groupe. Le doute demeure donc à la pointe des Bleus. Dédé est dans la dech'. Martial et Griezmann pourraient aussi être performants en numéro 9. Dilemme.
Des camerounais solides et réalistes
L'homme du match se trouve peut-être chez les Lions Indomptables en la personne de Fabrice Ondoa. Le gardien de 20 ans, formé au FC Barcelone, s'est largement mis en valeur détournant un face à face devant Giroud (55'), une frappe enroulée direction lulu de Paul Pogba (61') ou encore deux tentatives franches de Yo Cabaye (86', 91'). Le goal évoluant à Tarragone a terminé la saison de Liga Segunda en deuxième position et devrait retrouver l'élite l'an prochain. Le succésseur de Joseph-Antoine Bell est à surveiller.
Dominateurs en première période, la sélection d'Hugo Broos et non Hugo Boss (ni Mario Bros, on y avait pensé aussi) s'est peu à peu éteinte. Cependant, elle détient de bons joueurs offensifs, réalistes (3 tirs cadrés, 2 buts) à l'image de Sulli, Aboubakar, Choupo Moting ou Djetei. Ce dernier, un des seuls à évoluer au pays (US Douala), fut le passeur décisif pour Choupo sur le but égalisateur (2-2, 87'). Une célébration de but en imitant le poulet contre les coqs dans l'antre des canaris, un brin taquin.