1. Un entraîneur capable de faire franchir un cap à une équipe encore fragile.
Il n'est pas idiot, loin de là, de considérer Lucien Favre comme la meilleure pioche de l'été en France. En l'espace de 4 saisons, le Suisse a mené le Borussia Monchëngladbach d'un barrage victorieux pour le maintien à la phase de poules de la Ligue des Champions, après avoir installé le Hertha Berlin dans le Top 5 malgré l'un des budgets les moins élevés de Bundesliga.
Dès son arrivée, il a fait de son mieux pour que les joueurs adhèrent à sa vision du jeu, et la machine s'est mise en route après un été compliqué (2 nuls et 3 défaites en 5 matches amicaux). Il travaille "plusieurs schémas tactiques pendant la même séance d'entraînement", selon Younès Belhanda, afin d'être en mesure de se sortir d'une situation difficile en pleine rencontre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça paye : depuis le début de saison, le Gym a pris 6 points après avoir effectué ses changements (victoires contre Marseille et Lorient, nul contre Montpellier).
Tactiquement parlant, il possède ainsi une belle longueur d'avance sur ses collègues, d'autant qu'il joue le plus souvent en 3-5-2, un système très rare en Ligue 1, mais diablement efficace du côté de la Côte d'Azur.
2. Un effectif assez complet pour aligner deux équipes compétitives.
Du côté des gardiens, la hiérarchie est désormais claire : le jeune Cardinale (22 ans), au profil atypique (1,80 mètre, 85 kg) mais au talent indéniable, est titulaire indiscutable depuis le début de la saison. Là encore, Lucien Favre a flairé le bon coup (5 clean-sheets en 9 journées, et la meilleure défense du championnat).
Derrière lui, Mouez Hassen (21 ans) fait office de numéro 2, alors que l'expérimenté Simon Pouplin (31 ans, 133 matches de Ligue 1 à son actif) leur apporte un soutien sans faille et de nombreux et précieux conseils.
En défense, le 3-5-2 restant le système privilégié par Lucien Favre, trois joueurs se distinguent par leur temps de jeu conséquent : - le capitaine Paul Baysse, présent sur les terrains du début à la fin de la rencontre, et ce depuis la première journée, - - la pépite Malang Sarr, qui n'a connu le banc qu'un petit quart d'heure, - - l'excellent Dante, arrivé fin août et déjà aligné pendant l'intégralité des 6 dernières levées de Ligue 1.
En cas de blessure, les recours sont Gautier Lloris, frère de, et l'inépuisable Mathieu Bodmer (355 matches de Ligue 1), qui peut également jouer milieu défensif et milieu offensif.
Pour ce qui est des latéraux, dits "pistons" dans un système à 3 défenseurs centraux, Nice dispose de deux solutions de chaque côté : - à droite, Ricardo Pereira tient la corde, et ses statistiques offensives plaident en sa faveur (un but et deux passes décisives) ; il peut cependant compter sur un remplaçant de taille, Arnaud Souquet, l'une des révélations de Ligue 2 l'an dernier avec Dijon (27 matches disputés, 3 passes décisives), déjà international chez les jeunes à 24 reprises, et capable d'évoluer au milieu de terrain si besoin, - à gauche, le Brésilien Dalbert, déniché au Portugal cet été, fait office de titulaire indiscutable et n'a pas tardé à trouver ses marques dans le 11 de départ du Gym ; derrière lui, le jeune Olivier Boscagli (18 ans, déjà 16 sélections en équipe de France u19, peut aussi dépanner en défense centrale) attend patiemment son tour.
Dans l'entrejeu, Lucien Favre s'appuie sur un trio magistral depuis le début de la saison (3 buts et 5 passes décisives), composé de joueurs petits, techniques mais également capables de faire parler leur physique dans les duels : - Vincent Koziello (20 ans), titulaire indiscutable depuis la saison dernière, et véritable chef d'orchestre du Gym, - Jean-Michaël Séri (25 ans), qui s'est imposé en même temps que son partenaire, jusqu'à devenir comme la plaque tournante de son équipe, - Wylan Cyprien (21 ans, arrivé cet été de Lens), dernière pièce du puzzle, qui apporte plus de hargne à la récupération, sans en oublier ses tâches offensives.
Sur le banc de touche, le Gym compte un autre trio de grande qualité, composé de : Rémi Walter, milieu défensif d'avenir (21 ans) doté d'un formidable pied gauche ; Valentin Eysseric, milieu offensif qui compte déjà 3 saisons pleines avec l'OGCN ; et Arnaud Lusamba, jeune prodige arrivé cet été de Nancy (19 ans), capable d'évoluer comme relayeur et comme meneur de jeu.
Enfin, devant, les Niçois disposent de qualité et de quantité. L'inimitable Mario Balotelli est venu se relancer, un pari pour l'instant réussi (5 buts en 4 rencontres), entraînant dans son sillage le jeune Alassane Pléa (3 buts), déjà performant l'an dernier (6 buts et 4 passes décisives), mais qui est encore trop souvent blessé pour donner le meilleur de lui - même.
Le "supersub" de cette équipe, c'est Belhanda (un but et deux passes décisives), qui fait office de deuxième attaquant dans ce 3-5-2, et qui gagne progressivement sa place de titulaire au côté de Pléa ou de Balotelli suivant la forme physique de chacun.
Le jeune Anastasios Donis (20 ans), prêté par la Juventus de Turin, est également un recours de qualité, lui qui a permis à Nice d'arracher le nul à Montpellier en servant Belhanda sur un plateau.
3. Une formidable capacité à s'adapter au contexte et à l'adversaire.
Pour la reprise du championnat, début août, Nice doit affronter Rennes à domicile. Dante, Belhanda et Balotelli sont encore en discussions avec les dirigeants, alors qu'Eysseric et Pereira sont blessés. Lucien Favre se résigne donc à opter pour un 4-3-3, avec comme titulaires Souquet, Lusamba et Marcel (jeune de l'équipe réserve). Le Gym tient bon, se montre vaillant, et parvient même à l'emporter sur une tête de Malang Sarr.
Les semaines suivantes, Nice doit enchaîner un déplacement à Angers, puis la réception de Lille. Toujours en 4-3-3, sans leurs futures recrues, mais avec Eysseric et Pereira, les Aiglons obtiennent 4 points sur 6 possibles, en gagnant à Jean-Bouin grâce à Pléa (0-1), avant d'accrocher le LOSC avec un but de Koziello (1-1).
Vient ensuite le derby face à l'OM. Pour la première fois de la saison, Nice évoluera en 3-5-2. Malgré des difficultés d'adaptation à ce système, l'OGCN fait preuve de beaucoup de courage, et l'emporte même au terme d'un match fou (3-2). Balotelli, pour sa première apparition en France, s'offre un doublé, tandis que Cyprien marque le but de la victoire.
Privés de leur nouveau buteur pour le déplacement à Montpellier, Paul Baysse et ses partenaires peuvent cette fois compter sur Belhanda, qui, pour ses débuts, se montre lui aussi décisif en égalisant à 5 minutes de la fin.
Vient ensuite un autre derby, face à Monaco, qui se présente invaincu à l'Allianz-Riviera. Nice réalisera une véritable démonstration de force face au club de la Principauté, s'imposant facilement 4-0. Balotelli signera un nouveau doublé, Baysse et Pléa complèteront le score.
Une semaine plus tard, Koziello, Séri et Balotelli, entre blessures et fatigue, ne sont pas du voyage à Nancy, mais leurs partenaires se débrouilleront sans eux pour empocher 3 points loin de leurs bases (0-1), avec un nouveau but de Pléa.
La journée suivante voit Lorient venir sur la Côte d'Azur, et bousculer les hommes de Favre. Alors qu'il y a 1-1, le Suisse effectue deux changements, et fait passer son équipe du 3-5-2 au 4-4-2 à plat. Le résultat est immédiat, Balotelli inscrit le but de la victoire dans les dernières minutes.
Enfin, à l'occasion d'un nouveau choc face à Lyon, les Niçois l'emporteront sans trembler (2-0), en laissant Koziello et Pléa sur le banc jusqu'à 10 minutes de la fin.